Bruno Le Maire menace les industriels : "C'est du bon spectacle", mais "personne n'y croit", juge Michel-Edouard Leclerc
Le ministre a brandi la menace du "Name and shame" et de la taxation fiscale à l'égard des industriels qui ne joueraient pas le jeu de la baisse des prix. Le président du groupe Leclerc relativise l'effet de ces leviers, appelant plutôt le ministre à modifier un cadre légal qui empêche pour l'heure les distributeurs de renégocier les prix convenus en mars dernier.
Michel-Edouard Leclerc, le 20 mars 2019, à Champagné ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER )
"C'est du bon spectacle". Invité de l'interview matinale de franceinfo mercredi 28 juin, Michel-Edouard Leclerc a relativisé l'impact du discours offensif de Bruno Le Maire à l'égard des industriels, dont certains rechignent à renégocier leurs prix issus des accords de mars dernier.
Le 9 juin dernier, le ministre a promis que des centaines de produits alimentaires verront leur prix baisser dès le mois de juillet, les plus grands industriels de l'agroalimentaire s'étant engagés auprès de Bercy à "faire un effort" en proposant notamment des promotions. Le gouvernement tente de mettre la pression la pression sur les industriels de l'agroalimentaire qui rechignent à renégocier avec les supermarchés les contrats conclus pour 2023, afin de faire baisser rapidement les prix dans les rayons. "Certaines grandes multinationales industrielles jouent la montre", avait ainsi déploré début juin Bruno Le Maire. Le ministre avait alors menacé de nommer les groupes qui ne joueraient pas le jeu de la négociation des prix "avant la fin du mois de juin", évoquant aussi l'hypothèse d'une taxe sur les marges excessives de ces entreprises".
"Le ministre a beau dire "Name and shame", taxation fiscale... personne n'y croit !"
"Tout le monde peut mettre en scène des petites opérations de promo pour septembre, mais c'est du marketing! Dans la réalité, les industriels n'ont pas intérêt à bouger et les distributeurs n'ont pas le droit!" , juge pour sa part Michel-Edouard Leclerc, qui tempère l'impact des menaces du ministre de l'Economie.
"C'est du bon spectacle, parce que ça nous donne une caution pour aller chercher des prix. Mais la loi interdit normalement d'aller renégocier entre deux périodes. Donc si Bruno Le Maire veut qu'on casse la baraque, qu'on aille chercher des prix bas, il faut qu'il modifie une partie de la loi", a t-il estimé, à l'antenne de franceinfo .
"On est à un stade où il faut que les pouvoirs publics prennent un disposition juridique qui autorisent la renégociation des accords de début mars. S'il n'y a pas ça, on n'est pas dans la légalité pour renégocier. Le ministre a beau dire "Name and shame", taxation fiscale... personne n'y croit !", a t-il encore lancé.
Début juin, le ministre de l'Economie avait rappelé que les 75 plus gros industriels (Coca-Cola, L'Oréal, Mondelez, Nestlé, Unilever...) s'étaient engagés mi-mai à rouvrir des négociations avec les distributeurs. L'objectif est de répercuter la baisse de certains prix de gros, alors que les précédentes négociations s'étaient achevées le 1er mars avec une hausse moyenne de 9% des prix payés par les enseignes aux industriels.
Source: Boursorama