Un couple de motards percuté à Nice par une conductrice sans permis, elle ne donne pas suite mais s'affiche au volant sur les réseaux

June 28, 2023
329 views

18 mai 2023, à Nice. 14h viennent de sonner sur la traverse de la digue des Français. Au guidon de la petite KTM Duke d'Amira, Aurélien roule en direction de l'A8 avec sa petite amie en passagère.

Arrivée au niveau de l'intersection du pont de la 202, une voiture tourne subitement sur sa gauche, dans un bruit effroyable de tôle froissée. Le motard klaxonne et freine de toutes ses forces, pourtant la voiture ne ralentit pas sa course.

"Elle nous a fauchés au niveau de la roue arrière" explique Aurélien, "on est tombés au sol tous les deux. Ma jambe était coincée sous la moto et j'ai glissé avec mon véhicule pour terminer ma course dans une barrière un peu plus loin sur la droite". Le bruit est sourd, la douleur immédiate. Aurélien vient de subir une double fracture ouverte de la cheville.

"Je l'ai senti de suite" raconte le Niçois de 27 ans, "beaucoup de sang coulait partout, la seule chose que j'avais en tête c'était de savoir si ma copine était encore en vie. Elle pleurait, allongée par terre, et je sentais bien que j'étais incapable de bouger!"

"Il s'en est vraiment fallu de peu!"

Fort heureusement, Amira, 20 ans, s'en est mieux sortie. "Elle a pris la voiture dans la jambe, mais elle a eu beaucoup de chance. Elle s'en sort avec de belles contusions, quelques hématomes et un gros œdème sous le pied, mais rien de plus. Il s'en est vraiment fallu de peu!" précise le motard.

Extirpant péniblement son téléphone de sa poche, le jeune homme appelle les pompiers. Lui-même. Par chance, les soldats du feu étaient à la sortie des Moulins et se sont rendus sur place en quatre minutes montre en main.

Levant les yeux du bitume en direction de la moto, Aurélien constate les dégâts et la violence du choc. "Elle est complètement détruite, le réservoir par terre, le guidon à nu, elle est passée comme sur une râpe à fromage!"

Le malandrin ne s'arrêtant pas face à la détresse des gens, et alors que le jeune couple est "au sol en train de souffrir, quelqu'un en a profité pour voler le téléphone d'Amira qui était fixé sur un support au guidon de la moto" ajoute le motard, sidéré.

L'accident a eu lieu sur la traverse de la digue des Français, à Nice DR.

"On se retrouve ensuite tous les deux dans le camion de pompiers" retrace Aurélien, "à attendre un quart d'heure avant que la conductrice responsable de l'accident ne tende un post-it à Amira, du bout des doigts". Sur le bout de papier, le prénom est faux, mais le nom de famille et le numéro de téléphone sont corrects. Peut mieux faire.

"Je me retrouve à l'hôpital, à Pasteur 2. La police, qui ne s'est pas déplacée sur les lieux de l'accident, vient aux urgences voir ma conjointe en lui demandant pourquoi sa moto est à l'abandon, sur le bas côté, avec les clés dessus" relate le motard de 27 ans.

Le téléphone retrouvé

Direction le poste de police pour Amira, qui dépose plainte pour le vol de son téléphone. Par le concours des caméras de surveillance et de la géolocalisation du portable, le parcours de l'appareil est retracé, et les hommes de la Bac sont allés le récupérer.

"Imaginez un peu si on n'avait pas eu d'autre téléphone" s'agace Aurélien, "on aurait été incapables d'appeler les secours! En plus de commettre un vol, cette personne a joué avec nos vies!"

La partie adverse du constat manque à l'appel

Vient ensuite le temps de prendre contact, par message, avec l'automobiliste responsable de l'accident. "Ma copine propose un constat amiable resté sans réponses. La dame dit qu'elle est très occupée et qu'elle n'a pas le temps", explique Aurélien.

D'excuses en reports, la conductrice joue la montre. "À ce jour, elle n'a jamais renvoyé sa partie du constat, quelqu'un d'honnête n'aurait pas agi de cette façon!", s'agace le motard.

Après avoir passé cinq jours à l'hôpital, Aurélien rentre chez lui et, faute de réponse véritable de la conductrice, le couple décide d'aller déposer plainte.

Pas de permis de conduire

Au poste de police, les recherches commencent. "Khadija", le faux prénom donné par la conductrice n'est pas relié au véhicule incriminé. Mais une certaine Ouda, avec le même nom de famille, ressort. Laquelle est défavorablement connue des forces de l'ordre.

Si Ouda est bien propriétaire du véhicule, son permis de conduire, en revanche, lui a été retiré pour solde nul. Les images éloquentes de vidéosurveillance, déjà récupérées pour retrouver le téléphone d'Amira sont saisies pour le mener à bien de l'enquête.

Sur Instagram, la responsable de l'accident ne manque pas de cynisme, alors qu'elle amène sa voiture se faire réparer au garage suite au choc DR.

Informaticien de métier, Aurélien a épluché les réseaux sociaux ... pour finir par tomber sur le profil Instagram de la conductrice. Force est de constater que d'avoir failli tuer un couple de motard sans être titulaire du permis de conduire ne l'a pas refroidie.

"En story, elle se filme chez le garagiste et raconte qu'elle a fait réparer sa voiture et que ça lui coûte cher, elle se filme même au volant!" s'insurge le motard. Une conductrice qui, visiblement, ne manque pas de cynisme.

"Sans permis, elle n'avait rien à faire sur la route. Elle fait une faute et c'est à nous de payer alors que la conductrice continue de faire sa vie tranquillement et de faire ses stories", soulève le jeune homme de 27 ans.

Et d'ajouter: "On sait qui c'est, la police a les images des caméras, je ne comprends pas pourquoi ça prend autant de temps. Si elle renverse encore quelqu'un on fait quoi? On savait mais on a laissé faire?"

Le jeune couple dans le rouge

Frais d'avocats, perte de salaire due à l’arrêt maladie de trois mois reconductibles d'Aurélien, les chiffres s'envolent. La moto complètement détruite, et l'assurance "qui dit être en recherche de partie adverse, ma copine ne peut plus se déplacer pour travailler", explique l'informaticien, attristé.

"On a perdu les billets d'avions de nos vacances, j'ai dû sortir la petite épargne que j'avais de côté, s'il m'arrive quoi que ce soit de plus je ne pourrais pas y faire face. Elle a un vrai sentiment d'impunité, elle pense que c'est derrière elle" s'inquiète le motard.

Six semaines de plâtre, six autres, minimum, de rééducation en kinésithérapie, "trois mois sans pouvoir marcher ni être sûr de récupérer 100% de mes capacités. Je commençais à progresser en force athlétique et mes espoirs de compétition sont désormais réduits à néant" se désespère Aurélien.

Une chose est sûre, depuis le 18 mai, la conductrice "n'a jamais demandé de nouvelles, et ne s'est même pas excusée".

Source: Var-matin