Unifrance va changer de tête, une menace pour l’exception culturelle ?

June 28, 2023
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S’il prend la direction d’Unifrance, organisme chargé de la promotion du cinéma français à l’étranger, l’ex-pdg de TF1 risque de pratiquer des coupes claires dans l’économie du secteur. On l’a déjà vu à l’œuvre.

Gilles Pélisson, ex-pdg de TF1, paraît très bien placé pour prendre la direction de l’organisme public. Photo Thomas Gogny / Divergence

Par Guillemette Odicino Partage

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Il n’aura pas fallu longtemps pour que le discours de Justine Triet lors de la remise de sa Palme d’or au festival de Cannes (« La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française »), aussi soutenu par les uns que décrié par les autres, trouve son illustration. Le contexte ? L’élection, ce vendredi 7 juillet, du nouveau président d’Unifrance. Serge Toubiana cède la place après trois mandats consécutifs de deux ans. Sont en lice pour la présidence de cet organisme en charge de la promotion du cinéma et de l’audiovisuel français à l’international : Frédérique Bredin, ex-présidente du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), Anne Durupty, ancienne numéro 2 d’Arte, Marie Masmonteil, productrice indépendante (Tous au Larzac, Party Girl, Le Procès de Viviane Amsalem, Reprise en main…), et Gilles Pélisson, ancien pdg de TF1, qui semble le mieux placé. Et même avoir le soutien décomplexé de Dominique Boutonnat, actuel patron du CNC, tutelle d’Unifrance. Une préférence qui peut inquiéter le milieu du cinéma, puisque Gilles Pélisson n’a eu de cesse, dans son ancien poste, de vouloir couper les financements de la création audiovisuelle française… Un paradoxe, donc, s’il s’agit de diriger Unifrance, lieu de toute la diversité du cinéma et de l’audiovisuel tricolore.

Il semblerait, de plus, qu’une certaine fraction du cinéma pourrait céder aux sirènes de ce candidat qui leur promet, via son carnet d’adresses, certes conséquent, de trouver des sponsors susceptibles de relayer le désengagement des pouvoirs publics. Est-ce cela qui séduit Boutonnat, alors que les trois autres postulantes – et plus particulièrement Marie Masmonteil, en deuxième position dans les intentions de vote – n’ont cessé d’œuvrer pour que l’État ne démérite pas ? Ce combat ultra symbolique pour le cinéma français pourrait se résumer ainsi : le 7 juillet, la frange anti-Justine Triet va-t-elle l’emporter sur l’exception culturelle ?

Source: Télérama.fr