Zero Waste France et Foodwatch s'attaquent aux paquets trop vides
Paquets de lardons, sachets de noisettes ou de raviolis, certains emballages sont souvent à moitié vides, voire plus. C’est pourquoi Zero Waste France et Foodwatch mettent en demeure cinq grandes marques pour la vente de ces produits en suremballage et dénoncent le gaspillage de matière, en particulier plastique.
Zero Waste France et Foodwatch mettent en demeure les marques Côte d’Or, Herta, Rana, Krema et Daco Bello pour le suremballage de leurs produits.//PHOTO : Natura Sciences / Chiara Hagenlocher
Ce mardi 27 juin, Zero Waste France et Foodwatch entament une nouvelle action contre le suremballage alimentaire. Les deux associations, avec l’aide de leurs avocats, mettent en demeure cinq marques de l’industrie agro-alimentaire. Au travers de cinq produits ciblés, les organismes appellent les entreprises à cesser la pratique du suremballage.
Les deux organisations mettent en demeure les marques Côte d’Or, Herta, Rana, Krema et Daco Bello. Elles leur reprochent de ne pas se conformer à l’article R. 543-44 du Code de l’environnement qui indique que les industriels doivent limiter la masse et le volume des emballages “au minimum nécessaire”. Or, les deux associations assurent que les articles des marques ciblées contiennent “entre 44% et 68% de vide”.
« Le vide c’est de l’emballage et l’emballage c’est du déchet »
Dans leur communiqué, Foodwatch et Zero Waste France déplorent le problème du suremballage alimentaire. “Un chiffre exact est difficile à déterminer, explique Alice Elfassi, responsable des affaires juridiques de Zero Waste France, mais nous savons qu’il existe énormément de marques dont les produits sont en suremballage”.
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Cette mise en demeure des deux associations intervient dans un contexte de manque de recyclage des emballages alimentaires. Selon les données de l’ADEME, l’agence de la Transition écologique, plus de 5,27 millions de tonnes d’emballages ménagers, tous matériaux confondus, ont été mis sur le marché en 2021. Si 72,3% de l’ensemble de ces déchets ont été recyclés, ce chiffre n’est pas aussi élevé pour le plastique. Cette même année, 1,19 million de tonnes d’emballages ménagers étaient en plastique. Or, selon les chiffres de l’ADEME et des deux associations, seuls 30% de ces déchets plastiques ont été recyclés.
Le suremballage, déjà interdit par la loi
Le suremballage est pourtant proscrit par le Code de l’environnement depuis 2017. Maître Alexandre Faro, avocat de Zero Waste France, souligne que, selon la loi, “l’emballage doit être conçu et fabriqué de manière à limiter son volume et sa masse au minimum nécessaire pour assurer un niveau suffisant de sécurité, d’hygiène et d’acceptabilité, d’après le code de l’environnement. Ces pratiques abusives contreviennent donc à la réglementation”. Pour Zero Waste France, Foodwatch et leur avocats, “il est clair que [cette loi] a pour vocation d’interdire le suremballage injustifié”.
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En mettant en demeure ces cinq marques, les deux associations espèrent réussir à muscler leur action. “Nous avons déjà dénoncé cette situation à maintes reprises : face à l’inaction des marques, c’est sur la voie de la justice que nous nous orientons désormais” expliquent Alice Elfassi et Audrey Morice, chargée de campagnes chez Foodwatch.
Un problème généralisé
Au travers de signalements des consommateurs reçus tout au long de l’année, Foodwatch et Zero Waste France ont sélectionné cinq produits suremballés. Selon elles, la quantité de vide de l’ensemble de ces emballages pourrait être réduite.
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L’action menée par les deux organisations s’inscrit sur deux axes. Le premier est écologique, le suremballage entraînant une surconsommation de plastique et, par conséquent, une surproduction de déchets. Le second axe est celui de la défense des consommateurs. Un produit suremballé est plus attirant en rayon et laisse penser qu’il contient davantage de produit, explique Maître François Lafforgue, avocat de Foodwatch. “Les pratiques des industriels qui portent atteinte à l’environnement et induisent les consommateurs en erreur sur ce qu’ils achètent doivent cesser” rappelle-t-il.
Trente jours pour s’engager contre le suremballage
À la réception des lettres mises en demeure, les marques auront alors trente jours pour retirer les emballages incriminés des rayons et s’engager “à ne plus commercialiser de produits ‘pleins de vide’ ”. Trente jours, cela peut paraître court comme délai pour s’adapter. Cependant, il faut rappeler que le suremballage est prescrit par le code de l’environnement depuis 2017. “Ici, nous parlons donc en réalité de trente jours plus six ans » rappelle Maître Alexandre Faro.
Par cette action, les deux organisations espèrent recevoir une réponse favorable de la part des marques. Si celles-ci ne répondent pas au problème dans la limite des 30 jours, les deux associations comptent porter l’affaire devant les tribunaux. “Le but n’est pas d’aller au pénal, s’il le faut, nous irons au civil. Nous cherchons à faire en sorte que les marques changent leur méthodes. Nous ne souhaitons pas forcément la sanction pénale” déclare Alice Elfassi.
Source: Natura Sciences