Le pape François rencontre des réfugiés dans une Hongrie qui en compte très peu
Le pape François, dans l’église Sainte-Elisabeth de Hongrie, où il a rencontré des pauvres et des réfugiés, lors de sa visite à Budapest, le 29 avril 2023. VINCENZO PINTO / AFP
L’humidité et le froid semblent régner sans partage sur ce 41e voyage apostolique du pape François en Hongrie. Devant l’église Sainte-Elisabeth, édifice néogothique du XIXe siècle trônant près du centre-ville de Budapest, ils sont pourtant un millier à attendre l’arrivée du chef de l’Eglise catholique. Six cents personnes ont pris place à l’intérieur. En ce samedi
29 avril, deuxième jour de la visite entamée la veille, Jorge Bergoglio doit prononcer un discours devant une assemblée composée de personnes défavorisées et surtout de réfugiés.
Thème cher au pape, qui ne cesse de répéter qu’il faut le faire dans les meilleures conditions possibles, l’accueil des réfugiés apparaît pendant ce voyage comme une espèce d’éléphant dans la pièce. François, nul ne l’ignore, a toujours été opposé à la façon qu’a eue Viktor Orban, le premier ministre hongrois, de considérer la question. Et surtout de la gérer. Défenseur d’une Europe blanche et chrétienne, Viktor Orban a refusé de jouer le jeu communautaire de l’accueil et de la répartition des migrants. Alimentant ainsi, entre autres raisons, une ambiance particulièrement froide entre la Hongrie et le Saint-Siège, perçu à Budapest comme beaucoup trop enclin à défendre les réfugiés.
Seulement voilà, entre-temps la Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, et François et Viktor Orban se sont retrouvés à défendre la même position sur la guerre. Vendredi, le jésuite argentin a d’ailleurs rappelé ces points d’accord, ce que la presse locale n’a pas manqué de relever. S’il a aussi parlé de la crise des réfugiés et a appelé le premier ministre hongrois à mieux les recevoir, il était encore très attendu sur ce dernier sujet samedi matin.
L’immigration choisie de la Hongrie d’Orban
Comment concilier cette nouvelle amitié, construite sur une vision commune de la guerre russo-ukrainienne et manifestée samedi par une longue poignée de main, avec la cause des réfugiés si chère au pape ? Un moment de rencontre et un discours ont donc été prévus à cet effet. Mais dans cette église, la réalité de la situation hongroise, où très peu de réfugiés sont autorisés à rester dans le pays, a pris le dessus sur la volonté du pape de montrer que le sujet peut être abordé sereinement en Hongrie.
A l’intérieur de Sainte-Elisabeth, où les rangées de bancs étaient pleines à craquer, seules deux étaient occupées par des réfugiés non ukrainiens. Allégorie, s’il en fallait une, de la situation en Hongrie. Car si le pays, qui partage une frontière avec l’Ukraine, accepte d’accorder une protection temporaire à ses voisins qui fuient la guerre déclenchée par les Russes, sa générosité ne s’étend pas toujours aux autres.
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Source: Le Monde