"J'attends depuis 3h et je ne suis même pas sûr de pouvoir passer la porte": les Azuréens excédés par les conditions de déclaration de leurs biens immobiliers
À 10h, devant le centre des impôts de Cadei, à Nice, le soleil a déjà étendu sa chape de plomb. Là, une file d'usagers s'étend à perte de vue, péniblement. Une dame s'abrite sous un parapluie, un couple de retraités s'adosse contre un mur dans une allée, une dame âgée se sert de sa déclaration comme d'un éventail. La chaleur est prégnante, presque suffocante, l'attente interminable.
En 2023, même si la taxe d’habitation sur la résidence principale est supprimée pour l’ensemble des ménages, elle reste applicable sur les résidences secondaires et les locaux vacants. Afin de bien identifier les locaux qui doivent être imposés à ce titre, une nouvelle obligation déclarative a été mise en place, depuis le 1er janvier 2023. Pour chacun des locaux lui appartenant, chaque propriétaire doit indiquer d’ici le 31 juillet à quel titre il l’occupe.
Trop peu de personnel pour faire face à l'affluence
À l'intérieur du centre, deux guichets absorbent la foule à grand-peine. Mais la rue reste pleine, sans discontinuer. "Je suis là depuis 8h, certains sont même arrivés à 7h30 alors que ça ouvre à 8h30. Ça fait trois fois que je viens. La première, on m'a claqué la porte sur les pieds et on m'a dit "c'est midi", une autre fois on m'a dit "prenez rendez-vous", et on ne peut pas quand on n'arrive pas à avoir de code en ligne. Je suis obligée de venir, et de revenir, encore. J’espère que je pourrai rentrer cette fois-ci mais ce n'est même pas sûr!", tempête Geneviève.
"Deux heures de queue et je suis loin d'être au bout, 3h la dernière fois, on est tous dans la même galère mais on n'est même pas sûr de pouvoir passer la porte! Je n'ai pas bien réfléchi, j'aurais du partir et revenir demain à 7h, on est en plein soleil et on ne sait pas où s'asseoir!" souffle Gianna, éprouvée par la chaleur étouffante.
Un site internet qui n'est pas à la portée de tous
"On a tenté de faire par internet, impossible, alors j'ai préféré venir sur place. Je ne suis pas fort en informatique, ça c'est vrai, mais quand même, pour cocher des cases ça devrait être plus simple!" lance un retraité.
"Prendre rendez-vous, ce n'est pas la peine, j'ai fait la demande 15 fois, sans succès! Au téléphone, aucun numéro proposé dans les formulaires ne répond, c'est le silence complet. La corde, à force de tirer dessus, ça va péter!", peste une Niçoise excédée.
Un peu plus loin, accoudé sur un muret, Michel est plus philosophe: "Que voulez-vous y faire, il faut simplement attendre et prendre son mal en patience. On reçoit un courrier de relance, on ne sait pas d'où il arrive, c'est étonnant. Quand j'essaie d'aller sur internet, impossible, il faut avoir un petit sésame, une case qu'il faut cocher mais encore faut-il la trouver!"
Et d'ajouter: "Hier je suis venu, après avoir galéré un moment pour réussir à me garer, j'arrive sur place et je vois que le mardi c'est sur rendez-vous uniquement. Vous venez le lendemain matin, pas de stationnement non plus, alors vous tournez et au fur et à mesure vous voyez la queue qui s'allonge. On entend les uns qui parlent de leurs problèmes d'argent, celui qui a du fric, celui qui n'en a pas, cette queue c'est la société française qui attend!"
Les agents au bout du rouleau
"Depuis 8 ans que je travaille ici, il y a des queues que je n'ai jamais vues, des parkings bondés avec des gens qui se crient dessus pour se garer, c'est incroyable! Si les agents tenaient celui qui a fait coïncider la campagne GMBI avec la campagne déclarative d'impôt sur le revenu, je pense qu’ils lui expliqueraient leur façon de voir! Mes collègues sont à bout, ils n'en peuvent plus!", lance une source antiboise du syndicat de la CGT.
"On a voulu transformer le contribuable en un agent du fisc pour économiser du personnel", explique une source interne. "L'administration centrale a fait une relance à énormément de contribuables au sujet de la gestion des biens immobiliers pour des personnes qui n'avaient pas déclaré ou déclaré avec des dates qui se chevauchent et ça fait un afflux énorme d'usagers dans nos services. Un mois de délai supplémentaire a été donné lundi, sauf que les gens ont reçu un courrier de relance donnant la date du 30 juin avec une amende de 150 euros à la clé en cas de retard!", précise une représentante niçoise du syndicat Solidaires.
Un flux tel, que les agents ne peuvent répondre immédiatement aux milliers de mails et de coups de téléphone, donnant par conséquent l'impression qu'il n'y a personne au bout du fil.
Source: Nice matin