Cloud : l'autorité de la concurrence s'inquiète du quasi-monopole d'Amazon, Microsoft et Google

June 29, 2023
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Les 3 géants américains "auraient capté 80% de la croissance des dépenses en infrastructures et applications du cloud public" en France.

( AFP / JUSTIN TALLIS )

L'autorité de la concurrence a estimé jeudi 29 juin que les géants américains Amazon, Microsoft et Google "sont en mesure de pouvoir entraver le développement de la concurrence" sur le marché du cloud.

En 2021, les trois entreprises "auraient capté 80% de la croissance des dépenses en infrastructures et applications du cloud public" en France, c'est-à-dire l'ensemble des services informatiques utilisables à distance par les entreprises, a indiqué le président de l'institution, Benoît Coeuré, lors d'une conférence de presse.

"Il y a une crainte que cette concentration puisse se renforcer", car "la taille critique" et les investissements en matériel, en bande passante et en stockage sont élevés pour entrer sur le marché, a-t-il relevé. Il est ainsi peu probable qu'un nouvel acteur puisse gagner rapidement de nouvelles parts de marché.

L'autorité s'était auto-saisie en janvier 2022 de l'étude de ce marché "structurant" pour les entreprises françaises. "C'est quasiment la première chose que j'ai faite en arrivant ici", a dit Benoît Cœuré.

27 milliards d'euros en 2025

Le marché français du cloud progresse en moyenne de 14% par an environ et "pourrait atteindre 27 milliards d'euros en 2025 ", a-t-il précisé. L'une des défaillances du marché provient de la difficulté pour une entreprise de changer de fournisseur.

Le problème est d'autant plus important en France que les TPE et les PME sont très en retard sur l'adoption du cloud par rapport à leurs voisines européennes. Les fournisseurs de cloud tentent de les attirer avec des crédits d'achats, puis entravent leur départ avec des frais de migration, véritables barrières tarifaires qui sont aujourd'hui visées par le projet de loi sur la régulation du numérique.

Les entreprises ont également du mal à évaluer et comparer le coût des services proposés , a expliqué Henri Piffaut, vice-président de l'Autorité de la concurrence.

L'institution souhaite désormais débuter une phase de dialogue avec le secteur et d'autres autorités sur la base de cet avis, avec une conférence au mois d'octobre. "Par ailleurs, le rapporteur général et les services d'instruction décideront s'il y a lieu ou non d'engager des enquêtes, qui pourront donner lieu à des actions contentieuses", a prévenu Benoît Cœuré.

Source: Boursorama