Émeutes à Brest : à Pontanézen, les débordements " étaient écrits " [Vidéo]

June 29, 2023
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« Pourquoi voulez-vous que les mecs qui dealent pour payer le loyer s’amusent à cramer l’endroit où ils vivent ? ». Happée à la volette, cette sentence d’un inconnu qui ne souhaite ni se présenter ni engager plus avant la discussion reste le sujet principal des échanges aux premières heures du matin, dans un quartier où l’odeur du feu tarde à se dissiper.

Il y en avait une quinzaine, d’assaillants. Je n’en ai pas reconnu un

Mais qui sont ceux qui ont fait flamber la nuit et les bâtiments ? Marcel, un sexagénaire vivant rue du 8-Mai-1945, pense aussi que ce sont des personnes extérieures au quartier qui ont craqué les allumettes. « Bien sûr, il y a eu les pétards de l’Aïd, mais c’est après que les feux ont démarré ». Lui était aux premières loges lors de l’assaut mené contre la mairie, vers 4 h. Et c’est lui qui a appelé les policiers : « Il y en avait une quinzaine, d’assaillants. Je n’en ai pas reconnu un ». Maëla, une jeune maman promenant son chien, a aussi tout vu cette nuit. « Des jeunes, mais il y en avait qui avaient 25-26 ans, je dirais ». Elle les compte à une grosse cinquantaine. « Ma seule certitude, c’est qu’ils étaient tous en noir ». Elle fait comme un pont avec cet autre homme, qui ne veut pas être reconnu et qui certifie pour sa part « que ceux qui ont fait ça, c’est les bêtes de course de là-haut », sourit-il presque en montrant les dernières tours bordant le fond du quartier. « Faut les voir », continue-t-il mi-goguenard, mi-agacé, « ils sont tous les jours le long de la route de Gouesnou à faire les cons sur leurs motos ».

À lire sur le sujet Trois choses à savoir sur les émeutes à Brest dans le quartier de Pontanézen « C’est parce qu’ils s’emmerdent » Mais qu’importe qui, finalement. « C’était écrit, tout ça », soupire Marcel, alors que l’autre génération, celle de Maëla, indique « que, tout ça, c’était passé sur Snapchat dans la journée. Après, faut peut-être un peu les comprendre. Si un flic est tué, c’est l’émotion générale. Là, pour Nahel… ». Pas de surprise non plus, mais plein d’amertume chez Mourad, la quasi-cinquantaine, qui est « né dans ce quartier » et qui désigne une jeunesse désœuvrée comme coupable potentielle. « Je veux bien que le meurtre du jeune homme de Paris soit révoltant, mais enfin, il y a d’autres façons de se rebeller, non ? On peut marcher, protester, discuter, mais faire comme ça, non. C’est parce qu’ils s’emmerdent. Je ne suis pas d’accord, c’est dommage qu’à la première frustration, les choses se déroulent de la sorte ». En ligne de mire, ce quartier de Pontanézen qui mérite une tout autre image, à les croire. À lire sur le sujet Kerbio Europe en partie détruit par les flammes, des voitures incendiées et la mairie de quartier touchée Une image à défendre

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Source: Le Télégramme