La voiture électrique va coûter une fortune aux constructeurs, sans garantie de retour

June 30, 2023
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Une étude du cabinet d'AlixPartner estime à plus de 600 milliards de dollars, les investissements des constructeurs pour la voiture électrique dans les années à venir. Toutefois sans garantie de retour à moyen, voire long terme.

Vous vous posez peut-être déjà la question : quand pourra-t-on enfin avoir des voitures électriques abordables sans devoir faire appel aux Etats et à l'argent public ? La réponse, personne ne l'a. Volkswagen et Renault prévoient pourtant bien des voitures électriques à 25 000, voire 20 000 €. Mais ces engins auront de petites batteries, et n'offriront finalement rien de très révolutionnaire en comparaison des modèles actuels. La contrainte est toujours la même : une batterie de capacité moyenne ou élevée coûte cher. Le prix du kWh de batterie aurait atteint des sommets ces derniers temps selon nos informations, tutoyant les 200 $.

Ainsi, pour n'avoir qu'un seul véhicule dans le foyer et opter pour l'électrique, il faut mettre la main à la poche... ou attendre encore quelques années une hypothétique rupture technologique. Laquelle viendra peut-être des batteries solides, ou de tout autre forme de chimie. Mais en attendant, les clients casquent, ou restent à l'hybride ou au thermique. Et les constructeurs, eux, dépensent sans compter et sans visibilité réelle sur les retombées financières.

Pour la Cour des Comptes, l'Europe n'est pas capable de produire assez de batteries

Investir des milliards, sans certitude

Les marques chinoises sont plus agressives et prennent plus de risques que les occidentaux, qui sont trop attentistes et misent peut-être trop sur les marges, et pas assez sur les volumes © Nio

Selon l'étude d'AlixPartners, les investissements des constructeurs automobiles du monde entier pour la voiture électrique atteindront 616 milliards de dollars entre 2023 et 2027, contre 330 milliards de dollars entre 2021 et 2025. Autrement dit : les investissements sont exponentiels dans les cinq années à venir. Des sommes évidemment inconnues dans l'ère d'avant Covid, et même d'avant dieselgate, point de rupture du diesel et du thermique en Europe. Depuis, Bruxelles s'est mis en marche pour ne plus reproduire l'erreur et entame la chasse aux brûleurs de carburant, potentiellement bannis des concessions dès 2035.

"Les effets d'échelle demeureront hors de portée de la plupart des constructeurs ces prochaines années, le nombre de voitures fabriquées par type de plateforme restant en deçà de ce qu'ils connaissent dans le thermique jusqu'en 2030", précise AlixPartners. Le doute subsiste même sur la capacité de l'industrie automobile non chinoise à parvenir à rentabiliser tout ça à très long terme. Dit autrement : il pourrait y avoir de la casse après 2030 chez certaines marques qui pourraient carrément disparaître.

"Les entreprises automobiles chinoises sont en passe de devenir la force motrice de l'industrie automobile mondiale dans les années à venir", rajoute AlixPartners. L'ogre chinois a faim, et son appétit est sans limite. Mais le temps presse pour les marques occidentales si elles veulent éviter l'envahissement et surtout rentabiliser des investissements énormes. Pour AlixPartners, la politique agressive des Chinois tranche avec l'attitude "trop prudente" des Européens, Américains ou Japonais.

Source: L'Automobile Magazine