"Dans les Alpes-Maritimes, des bandes de voyous s'équipent pour passer à l'action", prévient David Lisnard
David Lisnard, président de l'Association des maires de France, et maire de Cannes, a accordé une interview à Nice-Matin. Il est très inquiet de la situation. C'est un euphémisme.
"Nous sommes dans une phase de dégradation. Des dizaines de mairies ont brûlé cette nuit. Le calme doit revenir, le gouvernement doit assumer sa mission d'ordre public par tous les moyens possibles et adaptés localement. Il doit utiliser tous les moyens constitutionnels et opérationnels dont il dispose. Y compris militaires dans certains cas et pour certains sites."
Pour le président de l'Association des maires de France, "l'ordre précède la justice". Il rappelle que l'Hexagone est un état de Droit. "On ne peut regarder passivement brûler nos mairies et piller nos magasins."
"Il faut anticiper le pire"
David Lisnard se dit très inquiet pour les Alpes-Maritimes. "On sait très bien que dans notre département il y a des voyous qui sont en train de s'organiser, de s'équiper. J'espère que mes inquiétudes ne se traduiront pas dans les faits, mais il faut anticiper le pire. Nous recevons des signaux, qui ne sont pas des signaux faibles, mais des indications de terrain, qui laissent à penser que des bandes de voyous s'équipent de mortiers et d'autres équipements pour passer à l'action. Passeront-ils à l'acte, ce n'est pas sûr. Mais qu'ils soient en train de s'équiper c'est une certitude."
Le niveau de mobilisation est-il suffisant? "Ce n'est jamais suffisant. Nous, localement, nous appelons les socio professionnels, les commerçants pour qu'ils baissent le rideau. Que pouvons nous faire? Si 500 ou 1.000 mecs débarquent, la police municipale peut cramer, la mairie aussi. Donc il faut se mobiliser. C'est là que l'Etat, qui a le monopole de l'ordre du public et du renseignement, doit utiliser des moyens qui ne sont pas utilisés."
Mettre la France sous cloche? Ce n'est pas ce que souhaite le président de l'Association des maires de France. "Mais il peut y avoir des couvre-feux ou des états d'urgence déclinés localement. On a su le faire face à une maladie, on doit être en mesure de le faire là. J'ai vu une prison attaquée de longues minutes sans qu'il y ait un policier, c'est délirant. C'est là qu'on peut utiliser les moyens militaires. Je ne veux pas être caricaturé sur l'emploi de la force militaire, je dis simplement que certains sites peuvent être protégés par l'armée."
Source: Nice matin