Mort de Nahel : l'inquiétude et la tension sont palpables après une nuit de violences urbaines dans les quartiers de Limoges
Cette nuit du jeudi 29 au vendredi 30 juin a ébranlé les habitants des quartiers de Limoges. Peu de personnes ont trouvé le sommeil et ce vendredi matin, tous essaient tant bien que mal de continuer leurs activités quotidiennes.
En se croisant, ils n'ont qu'un sujet à la bouche : les émeutes de la veille. "Je n'ai pas beaucoup dormi. C'est la honte. On veut vivre et puis c'est tout. C'est devenu invivable", concède une riveraine installée dans le quartier depuis 27 ans.
Les policiers déménagent
"C'était la guerre", lâche une habitante de La Bastide au guichet de la Poste entre la pharmacie et le commissariat de police de quartier qui a été incendié. Les policiers s'affairent. Tout le matériel est transporté au commissariat central de peur de se faire piller. "Ils vont revenir c'est sûr", confie l'un des seize policiers permanents.
Munis de cocktails molotov, une bande de jeunes s'est attaquée au commissariat vers minuit. "Ils se sont attaqués au rideau de fer. Heureusement, le premier sas a sauvé le matériel qui se trouvait derrière. Il y a juste eu de la suie", explique un policier.
Un chauffeur roué de coups
Dans le quartier du Val de l'Aurence, la violence est montée d'un cran selon une habitante de la rue Armand Dutreix. "Je n'ai jamais vu ça, pourtant on a habité en région parisienne. Avant, ils ne traversaient pas le boulevard, qu'on surnomme le Rio Grande avec mon mari. Là, ils ont même bloqué l'accès à la nationale 141", relate la sexagénaire. Accoudée à sa fenêtre, elle a "contemplé" la scène de chaos et la venue de l'hélicoptère.
Pour faire barrage, les émeutiers ont été jusqu'à voler un bus dans un dépôt à Couzeix et l'ont incendié. Malgré les flammes, un chauffeur poids lourd a fait face. Ce dernier est descendu de sa cabine et a été roué de coups. Son camion a fini incendié. Face à ces faits d'une intensité rare, le maire de Limoges, Emile Roger Lombertie a demandé ce vendredi matin le renfort de 80 policiers supplémentaires.
On était pris en étau
"Quand on a vu comment la situation dégénérait, on a décidé d'aller garer notre camping-car, stationné devant chez nous, rue Meissonier comme les policiers nous ont demandé. De leur côté, ils ont réussi à bloquer les jeunes qui étaient cagoulés. Je suis vite rentrée de peur d'être ciblée", se remémore-t-elle encore sous le choc ce vendredi matin.
Selon elle, l'affrontement a duré plus de deux heures à partir de minuit. Désemparée, elle pense même à s'installer dans sa seconde maison située dans un autre quartier de Limoges pour accueillir ses petits-enfants pour le week-end en toute sécurité : "On ne sait plus quoi faire. Mon mari, lui, il veut absolument rester à la maison."
"La limite a été franchie"
Juste à côté, le magasin de matériels de plongée Sub2O installé depuis le mois de février dans ses nouveaux locaux à l'angle de la rue Armand Dutreix et le boulevard de La Borie a été vandalisé. Après avoir brisé la vitrine et forcé la serrure de la porte d'entrée, le magasin a été entièrement retourné.
"Ils ont volé du matériel et le fonds de caisse, mais ils étaient surtout là pour casser, indique le gérant. On va prendre des dispositions et barricader le magasin. La limite a été franchie."
Au coeur de la Zup de l'Aurence, un habitant se dit "fataliste". "Quand je suis parti travailler avant 8 heures ce matin, il y en avait partout. Une carcasse de bus, du verre, etc... C'est un peu partout en France, et malheureusement, Limoges n'est pas épargnée."
Qu'en dit la préfecture de la Haute-Vienne ? Ce vendredi matin, la préfecture de la Haute-Vienne n'a pas souhaité s'exprimer sur les dispositifs à venir et le bilan des dégradations de la nuit dernière. La préfète a toutefois rappelé, dans un communiqué, qu'elle "condamne fermement ces agissements inacceptables" et "appelle une nouvelle fois au calme".
Nouvelle nuit de violences urbaines dans plusieurs quartiers de Limoges
Emilie Montalban et Thibaut Dailler
Source: lepopulaire.fr