Champions Cup : face à La Rochelle, Exeter porte les derniers espoirs d’un rugby anglais en crise
Exeter est venu à bout de l’équipe sud-africaine des Stormers (42-17) le 8 avril pour rejoindre le dernier carré de la Champions Cup. ANDREW BOYERS / ACTION IMAGES VIA REUTERS
Le parcours du Stade rochelais en Champions Cup a des allures de petit championnat d’Angleterre. Après avoir fait tomber Gloucester en huitièmes de finale, puis les Saracens au tour suivant, les Maritimes affrontent Exeter, dimanche 30 avril (coup d’envoi 16 heures) au stade Matmut Atlantique de Bordeaux, pour une place en finale de la prestigieuse compétition européenne de rugby à XV. Une rencontre au sommet entre les Français, tenants du titre, et les Chiefs, sacrés en 2020… mais aussi le dernier espoir pour l’Ovalie anglaise après une saison morose.
Dominateurs au début des années 2000 – et sans concurrent lors de la dynastie des Saracens, champions en 2016, 2017 et 2019 –, les clubs de Premiership, la première division anglaise, peinent désormais à exister sur la scène continentale. Si Exeter est le dernier rescapé en Champions Cup, la situation est encore pire en Challenge Cup, la « petite » Coupe d’Europe, où aucune formation n’a réussi à se glisser dans le dernier carré.
Derrière la bérézina sportive se cache une réalité économique. Club historique de la Premiership, les Wasps ont été placés en redressement judiciaire fin 2022 en raison de dettes impayées, puis relégués en deuxième division. Pour les mêmes raisons, les Worcester Warriors, eux, ont été placés en liquidation et suspendus pour le reste de la saison 2022-2023. Pourquoi un tel effondrement ? « Le rugby professionnel n’est pas rentable, il ne garantit pas un retour sur investissement, explique Pierre Rondeau, économiste du sport. Les dettes sont habituellement couvertes par l’actionnariat. »
Or, conséquence directe du Brexit et de la pandémie de Covid-19 outre-Manche, les actionnaires sont de moins en moins enclins à mettre les comptes à l’équilibre. « Les clubs anglais ont moins été aidés par l’Etat que les Français durant la crise sanitaire, développe le professeur à la Sports Management School. Ce sont souvent des entreprises locales qui jouent le rôle d’actionnaire dans le Top 14 [la première division hexagonale]. Ils restent pour l’image que cela leur procure sur la région. Ce n’est pas le cas en Angleterre, et le désintérêt des entreprises peut être plus rapide. Surtout quand elles sont elles-mêmes dans une situation économique compliquée. »
La Premiership n’attire plus
En début de saison, le Daily Mail dressait l’étendue des dégâts : plus de 500 millions de livres (560 millions d’euros) de dette cumulée entre toutes les équipes en Premiership. Et l’hécatombe n’est peut-être pas terminée. En décembre, The Daily Telegraph révélait que deux autres formations de la division d’élite étaient en grande difficulté financière, à savoir les London Irish et les Harlequins. « Ça fait peur, d’autant que tout est allé très vite pour les Wasps et Worcester entre les premiers bruits de couloir et les décisions judiciaires », s’inquiète Nicolas Sestaret, ancien ailier d’Exeter (2008-2014), et aujourd’hui membre de l’encadrement du club.
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Source: Le Monde