Emeutes à Lyon : retour sur les évènements les plus graves de ces dernières nuits

July 03, 2023
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Des policiers visés par des tirs

Vendredi soir, nuit la plus violente dans l’agglomération lyonnaise, policiers et gendarmes étaient en alerte après une salve de tirs dans le 9e arrondissement de Lyon, à La Duchère. En pleine rue, un homme armé d’une arme longue, vraisemblablement une Kalashnikov, a tiré de nombreux coups de feu en l’air sans faire de blessé. Le RAID et la BRI avaient été envoyés de toute urgence dans le secteur proche de l’école des Bleuets mais aucun suspect n’aurait été interpellé, du moins pour le moment.

Puis dans la même soirée, cette fois de l’autre côté de l’agglomération à Vaulx-en-Velin, ce que les autorités craignait s’est produit : ce sont des agents de police qui ont été touchés par de nouveaux tirs dans la rue des Frères-Bertrand. Il était alors environ 1h30 du matin, le tireur installé à l’arrière d’un scooter a utilisé un fusil à grenailles alors qu’une soixantaine d’émeutiers équipés de mortiers d’artifice s’en prenaient aux forces de l’ordre. Quatre policiers du groupe de sécurité de proximité (GSP) ont été blessés, dont l'un au visage, et transportés à l’hôpital. Au moins l’un d’eux devait subir une intervention chirurgicale. D’autres agents auraient aussi été atteints par les projectiles, sans être blessés.

Le parquet de Lyon avait annoncé avoir ouvert une enquête du chef de violences volontaires avec arme sur des personnes dépositaires de l’autorité publique et de participation à un groupement en vue de commettre des violences. Des investigations confiées à la DIPJ de Lyon.

Des dizaines de pillages

Vendredi soir, la police lyonnaise a été totalement dépassée face au nombre d’émeutiers déterminés à saccager et réaliser des vols. En Presqu’île, notamment, les pillages ont été légion. Au total, ce sont une quarantaine de commerces qui ont été saccagés et vidés comme les enseignes Monoprix Cordeliers, JD Sports, Pandora, Kiko Milano, Histoire d’Or, Lacoste ou encore Micromania et Nicolas rue Victor Hugo.

Des pillages aussi dans le 7e arrondissement durant cette nuit, comme avenue Jean-Jaurès contre un magasin de motos ou un vendeur de vélos. Des attaques aussi à Villeurbanne où un magasin LDLC a été dévalisé, ainsi qu’un opticien, avant que la police n’intervienne. Aucun bilan officiel n’a toutefois été publié par les autorités.

Face à l’ampleur des dégâts, des renforts de le police technique et scientifique ont été mobilisés. Les investigations se poursuivent, notamment grâce aux relevés d’empreintes et aux images de vidéo-surveillance.

Des commissariats attaqués au cocktail molotov

Dès la nuit de jeudi à vendredi, les émeutiers ont pris pour cible plusieurs sites de la police lyonnaise, dont certains en plein centre-ville. Ce fut le cas du côté du commissariat du 3/6, visé par des tirs de mortiers et des cocktails Molotov et des mortiers d’artifice. Peu après, ce sont les locaux de la Sûreté Départementale, rue Bataille dans le 8e arrondissement, qui a subi le même sort. Au moins 7 engins incendiaires ont été projetés contre la façade, la porte d’entrée a été fortement endommagée mais les flammes ne se sont pas propagées dans l’enceinte. Là-encore, la BRI a été dépêchée sur place.

Dans le même temps, c’est le poste de la police municipale de Vaulx-en-Velin qui était pris d’assaut. Ce sont encore des cocktails Molotov qui ont été lancé contre le bâtiment. Les fonctionnaires ont éteint le foyer qui menaçait le poste avec les moyens du bord, y compris avec des bouteilles d’eau jetées à la hâte sur les flammes. Aucun blessé ne serait à déplorer.

A Vénissieux et Rillieux-la-Pape également, des tentatives de mise à feu des commissariats ont été à déplorer vendredi soir. Dans la seconde commune citée, un agent au moins a été blessé. Alors que les tirs de mortiers résonnaient dans l’agglomération, un poste de dépôt de plainte de la Croix-Rousse, dans le 4e arrondissement de Lyon, a aussi été saccagé et mis à feu. Les casseurs ont réussi à voler du matériel aux agents.

La désolation autour des bâtiments publics pris pour cible

Vendredi toujours, les mairies de Givors, Brignais et Grigny ont été attaquées avec de nouveau des tentatives d’incendies criminels. La préfecture du Rhône expliquait que les services d'urgence étaient "arrivés systématiquement à temps pour empêcher des dégradations graves de bâtiments ciblés", aucun blessé grave n’est à déplorer malgré la détermination des assaillants.

Pire, dans le 8e arrondissement, le bureau de poste de la place André Latarjet, dans le quartier de Mermoz, a été attaqué à l’aide de puissants engins explosifs, vraisemblablement pour tenter d'ouvrir un distributeur automatique de billets. Des détonations entendues dans de nombreux quartiers de la capitale des Gaules. Le DAB n’a pas résisté aux détonations, mais on ne sait toujours pas si ce dernier était chargé de billets.

Le bureau de poste de la rue Jacques-Prevert, à Rillieux-la-Pape, a aussi été pillé. Tout comme celui de Mermoz, il reste fermé jusqu’à nouvel ordre.

Des tentatives d’intrusion ont aussi été signalées dans d’autres bâtiments publics, comme au lycée Charlie Chaplin à Décines, dans un centre social du 5e arrondissement de Lyon, ou encore à l’école Paul Langevin de Vénissieux.

Pour rappel, un immeuble du boulevard Honoré de Balzac avait aussi été incendié dans la nuit de mercredi à jeudi, faisant quatre blessés dont un grave.

Vers un retour au calme

Après plusieurs nuits où la violence s’est exercée de façon inédite dans Lyon, mais aussi plusieurs autres villes en France, les soirées de samedi et dimanche étaient beaucoup plus tranquilles avec peu de heurts à déplorer. Selon plusieurs témoins, il s’agit notamment de résultat de l’expression d’un ras-le-bol d’habitants des quartiers touchés, et peut-être de consignes passés à des trafiquants de drogues dans certaines zones. Une démarche pour que les consommateurs puissent revenir se fournir dans les points de deal, notamment de l’est lyonnais où de nombreuses caméras de vidéosurveillance qui gênaient les transactions ont été détruites.

J.D.

Source: Lyon Mag