Les débats du Tour : Philipsen a-t-il un rival ? Van Aert va-t-il gagner une étape ? Jusqu'où Yates sera-t-il en jaune ?

July 04, 2023
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Van Aert va-t-il gagner une seule étape ?

Julien Chesnais

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Hormis son premier Tour abandonné sur chute en 2019, Van Aert a toujours fini la grand-messe juilletiste avec non pas un succès d’étape, mais deux, a minima. J’ai donc beaucoup de mal à l’imaginer terminer bredouille l’édition 2023. Déjà, et c'est l'essentiel, la forme est là. On ne termine pas 11e, 2e et 5e des trois premières étapes sans avoir la bonne patte. Certes, Vingegaard est la priorité n°1 (2 et 3) de Jumbo-Visma. Mais l’impératif du général n’avait pas empêché, ces trois dernières années, WVA d’aller cueillir les bouquets ici-et-là.

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Il ne me semble pas que la situation soit à ce point changée, cette année, pour empêcher l’homme de Herentals d’aller satisfaire son appétit quand l'opportunité se présentera. Le couac de la 2e étape, qui a sans doute fait claquer quelques portes dimanche soir (vivement la saison prochaine sur Netflix), me fait penser que Jumbo-Visma saura laisser à Van Aert l’attention nécessaire pour aller chercher une étape au moment opportun, et si possible au plus vite. Voir Van Aert disputer le sprint massif, ce lundi, va dans ce sens puisqu'on lui a laissé la liberté de prendre le risque de se frotter aux autres sprinteurs, ce qui n'était pas couru d'avance.

Chez Jumbo, tout le monde serait content, et soulagé, de voir Van Aert enfin lever les bras, qui plus est si Vingegaard lui lance un relais décisif, chose qu’il n’a pas fait dans la dernière ligne droite de Saint-Sébastien. Pourquoi pas dès mercredi à Laruns ? Les deux hommes y gagneraient. De la paix sociale pour Vingegaard, qui a déjà sacrément affaire, niveau rivalité, avec le seul Pogacar, pour s’encombrer d’une tension interne tout à fait dispensable. Et une étape, donc, pour WVA.

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Laurent Vergne

Neuf étapes entre 2019 et 2022. Dont six lors des deux dernières éditions. Wout van Aert est, avec Tadej Pogacar, le glouton du Tour de France. Mais la star flamande aborde peut-être sa Grande Boucle la plus compliquée. Il reste évidemment beaucoup de temps. Son talent est immense et sa polyvalence au moins aussi importante. Il serait donc étonnant qu’il ne trouve pas le moyen de mettre au moins une fois dans le mille, sur un terrain ou sur un autre. Mais pour la première fois depuis quatre ans, l’hypothèse d’un zéro pointé ne me semble pas totalement impossible.

Même s’il n’y a eu que trois petites étapes, elles donnent une première indication. Sur les sprints massifs, que WVA n’est d’ailleurs pas supposé disputer avec une assiduité totale sur ce Tour, il lui sera difficile de s’imposer, surtout si Philipsen est aussi fort. Et ce week-end, au Pays basque, où il avait tout pour être dominateur, il est resté à quai... en partie en raison du cafouillage stratégique de la Jumbo-Visma.

C’est sans doute son plus grand handicap : Van Aert risque de se retrouver prisonnier de sa position de super-équipier de Jonas Vingegaard, au sein d’une formation peut-être moins forte que l’an dernier. Il peut toujours tenter de jouer sur plusieurs tableaux (un coup pour lui, un coup pour l’équipe) mais c’est un défi d’une autre ampleur cette année.

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Philipsen aura-t-il un rival sur ce Tour ?

Laurent Vergne

Avant ce Tour, je voyais Jasper Philipsen au-dessus du lot parmi les sprinteurs sur ce Tour. Ce n’est pas cette première arrivée massive qui est de nature à laisser penser le contraire. Le Belge a dominé assez tranquillement ses adversaires à Bayonne. La vérité d’un jour n’est pas toujours celle du lendemain sur la Grande Boucle, mais l’ex-Jasper Disaster démarre l’édition 2023 comme il avait fini celle de 2022 : en trombe.

Qui pour le titiller durablement sur les prochains sprints ? Peut-être un Fabio Jakobsen, le plus capable de le menacer, même s’il paraît un cran en-dessous. Je n’irais pas jusqu’à dire que Philipsen alignera victoire sur victoire comme un Cavendish de la grande époque, mais je serais extrêmement surpris que la flèche de chez Alpecin ne finisse pas ce Tour 2023 avec le plus grand nombre de victoires. Dès mardi, il faudra être sacrément fort ou inventif sur le circuit de Nogaro pour le priver d’un doublé en l’espace de 24 heures.

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Julien Chesnais

Oui. Si la récurrence du duel Pogacar - Vingegaard paraît à peu près certaine au fil des trois semaines, j’ai du mal à imaginer un cavalier seul de Philipsen lors de chaque arrivée massive. Non pas qu’il n’en soit pas capable. Il était pour beaucoup le favori de cette 3e étape et sa victoire était donc le scénario le plus prévisible. Mais la discipline du sprint est à ce point aléatoire que la vérité du jour égale rarement la suivante (sauf peut-être pour le Cavendish des grandes années). Philipsen a gagné avec un vélo d’avance ce lundi, mais on ne sait pas ce que Wout Van Aert, coincé par son compatriote contre les balustrades, avait vraiment dans les jambes.

Même chose pour Fabio Jakobsen. La flèche de Soudal-Quick Step s’est fait enfermer dans la boîte à 400 mètres de la ligne et n’a pas pu déployer sa pleine puissance. Difficile donc d’établir un véritable rapport de force à l’issue de ce premier sprint. L’arrivée sur le circuit automobile de Nogaro, dès mardi, nous apportera un précieux complément d’information. Et si Van Aert et Jakobsen sont cette fois dominés à la régulière, je changerais volontiers mon fusil d’épaule.

Jusqu’où Adam Yates va-t-il garder le maillot jaune ?

Laurent Vergne

Sauf catastrophe, Adam Yates endossera mardi soir son quatrième maillot jaune. Quoi qu’il arrive, il n’aura pas perdu son temps sur la Grande Boucle. Quatre maillots jaunes et une étape, certains tueraient pour un tel bilan en fin de Tour. Alors, stop ou encore, au-delà de la 4e étape ? Son problème, c’est évidemment la faiblesse extrême de la marge qui est la sienne : six secondes sur Tadej Pogacar et son frère Simon, 16 sur Van Aert, 17 sur Vingegaard. Avec les bonifications, tout ça peut partir en fumée sur une simple accélération dans les Pyrénées.

Pour Laruns mercredi, je suis plutôt très confiant. Reste Cauterets, précédé du Tourmalet. Mais il ne me semble pas invraisemblable de voir Yates tenir sur cette arrivée. Autant je demande à voir si, sur la seconde moitié du Tour, il tiendra la distance, autant je l’imagine capable de tenir sur le premier massif montagneux. Encore une fois, les écarts sont si ténus que beaucoup de scénarios sont possibles, y compris celui de la prise de pouvoir d’un baroudeur à la faveur d’une échappée. Mais parmi ces diverses options, on ne peut pas écarter celle d’un Adam Yates caracolant en jaune jusqu’au départ de Saint-Léonard-de-Noblat, dimanche, en direction du Puy-de-Dôme.

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Julien Chesnais

Comme Laurent, je suis assez confiant sur le fait que Yates restera en jaune à l’issue de la première étape pyrénéenne, mercredi soir. Vingegaard est pour lui un parfait allié de circonstance. Car si j’imagine facilement le Danois et Pogacar s’isoler dans Marie-Blanque, après une pique ou deux du Slovène, je ne vois pas pourquoi le vainqueur sortant du Tour changerait sa stratégie des deux premières étapes, à savoir coller aux basques de son rival puis lui refuser tout relais une fois la descente engagée. Les coureurs du deuxième étage, dont fait partie Adam Yates, pourront faire la jonction d’ici Laruns, où je m’attends donc à un statu quo. Reste la 6e étape, celle de Cauterets-Cambasque.

Malgré leur difficulté, l’Aspin et le Tourmalet me semblent trop loin de l’arrivée pour pouvoir tenir un rôle décisif. La bataille devrait se résumer au périmètre de la montée finale. Celle-ci, moyennemment difficile, ne devrait pas créer de gros écarts - attention tout de même à cette portion de trois bornes à près de 10% avant la flamme rouge. Mais les positions demeurent très serrées au général. Yates n’a que 6" de marge sur Pogacar. Avec le jeu des bonifs, si ce dernier remporte cette 6e étape, Yates est condamné à faire 2e, et dans la même seconde, pour pouvoir conserver sa tunique. Cela voudrait dire qu’il finisse devant Vingegaard. Je demande à voir. Je vois donc bien la passation de pouvoir s’exercer entre Yates et Pogacar dès jeudi soir.

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Source: Eurosport FR