L’éruption du volcan Tonga a provoqué un mégatsunami
L’analyse du mégatsunami provoqué par l’éruption Tonga révèle des vagues de 40 m de haut. Une éruption record – la plus puissante depuis celle du Krakatoa en 1883.
Mathilde Fontez, rédactrice en chef au magazine Epsiloon, nous reparle aujourd'hui de la terrible éruption du volcan Tonga, qui a secoué les Îles Tonga le 15 janvier 2022, et qui a provoqué un mégatsunami.
franceinfo : Les scientifiques ont analysé le tsunami que cette gigantesque éruption a provoqué, il y a plus d'un an ?
Mathilde Fontez : Oui, rappelez-vous, il y a un peu plus d’un an : un volcan sous-marin est brutalement entré en éruption dans l’archipel des îles Tonga, dans le Pacifique. Une éruption record – la plus puissante depuis celle du Krakatoa en 1883. Elle a été entendue jusqu’en Alaska, à plus de 8000 km du volcan. Elle a provoqué un séisme de magnitude 5,8 sur l’échelle de Richter ; son panache est monté à 58 kilomètres d’altitude – au-delà de la stratosphère ; l’onde de choc a fait plusieurs fois le tour de la Terre.
Bref, les spécialistes de la géophysique se sont tout de suite mis à étudier ce phénomène hors-norme. Et là, une équipe de l’université de Miami vient de produire l’analyse du tsunami associé à l’éruption.
Image du satellite Maxar du 18 janvier 2022, 3 jours après l'éruption majeure du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai de l'archipel des Tonga dans le Pacifique, et la ville de Tongatapu recouverte de cendres. (MAXAR / DIGITAL GLOBE / GETTY IMAGES)
Il y a eu un tsunami mondial ?
Oui, et ça les chercheurs l’avaient mesuré aussitôt : Il y a d’abord eu une première vague de 1m20 de haut, qui a frappé la capitale des Tonga 20 minutes après l’explosion. Puis une vague de quelques dizaines de centimètres a traversé le Pacifique à la vitesse du son – elle a été détectée jusqu’en Méditerranée.
Mais il manquait l’analyse du tsunami local, dans le lagon de l’archipel des Tonga. C’est ce que viennent de faire ces chercheurs : ils ont récupéré toutes les données satellites prises avant et après l’éruption, les images de drones, les photos, les observations de terrain. Ils ont étudié 118 sites sur 10 îles des Tonga. Et ils ont pu reconstituer le tsunami dans une simulation.
Ce qu’ils voient, c’est que sur le côté nord de Hunga Tonga, les vagues ont atteint 85 mètres de haut, une minute après l’explosion. 65 mètres sur le côté sud. 20 minutes après l’explosion, ils recensent des vagues de 45 mètres de haut, sur tout le littoral de l’ile de Tofua, à 90 kilomètres au nord. Bref, des données qui place le phénomène dans la catégorie des mégatsunamis. Là encore, l’éruption Tonga s’avère totalement hors-norme.
Vue aérienne du volcan Hunga Tonga le 20 août 2018. (YVES GLADU / GAMMA-RAPHO VIA GETTY IMAGES)
Ce mégatsunami est lié à la puissance record de l’explosion ?
Oui, mais pas seulement. Les chercheurs pointent aussi la géographie des lieux. Ce tsunami a gagné en puissance parce que les ondes de choc ont été piégées dans le lagon : une zone peu profonde. Ce que découvrent les chercheurs, c’est que ce type de zone est à double tranchant : cette faible profondeur a d’abord atténué les vagues, mais elle les a aussi piégées pendant plus d’une heure, et finalement amplifiées – les ondes se sont accumulées.
C’est la première fois que l’on voit ce phénomène. Et cela devrait amener à réévaluer le risque de tsunamis dans certaines zones que l’on croyait protégées.
Source: franceinfo