Les gènes étonnants du chien de traîneau Balto
Une statue du chien Balto dans Central Park, à New York. ANTOINE BOUREAU / PHOTONONSTOP
Il y a bientôt cent ans, en 1925, le chien Balto sauvait la communauté de Nome, en Alaska, d’une épidémie de diphtérie. Ce chien de traîneau, qui doit son nom à l’explorateur norvégien Samuel Balto, avait participé à l’équipée sur un millier de kilomètres ayant permis de livrer le précieux sérum antidiphtérique dans cette bourgade coupée du monde par un blizzard et des températures extrêmes.
Entré dans la légende pour avoir parcouru les dernières dizaines de kilomètres de cette incroyable course de relais de mushers, ce husky, dont l’histoire a été portée à l’écran, dispose même d’une statue dans Central Park, à New York.
Empaillé après sa mort, en 1933, Balto est exposé au Musée d’histoire naturelle de Cleveland (Ohio, Etats-Unis). De quoi permettre des prélèvements pour reconstituer son génome… Des chercheurs américains ont ainsi analysé la génétique du célèbre chien en la comparant avec le génome de plus de 680 chiens modernes, représentant 135 races, selon l’étude parue dans la revue Science jeudi 27 avril.
Résultat : la science contrarie la légende. Non, Balto n’était pas à moitié loup, comme il est d’ailleurs présenté dans le film d’animation d’Universal Pictures sorti en 1995. L’analyse n’a discerné aucun ancêtre loup. Balto a des ancêtres communs avec les actuels chiens de traîneau d’Alaska et du Groenland et, dans une moindre mesure, avec les huskys de Sibérie.
Plus diversifié génétiquement
Le héros présente moins de variants rares possiblement délétères que les races modernes et semble plus diversifié génétiquement. Ce qui le rendait plus robuste. « Balto avait des variants dans des gènes liés à des traits comme le poids, la coordination, la formation des articulations, l’épaisseur de la peau, ce qui est logique pour un chien élevé pour évoluer dans un tel environnement », a souligné Katherine Moon, de l’université de Californie, à Santa Cruz, autrice principale de l’étude.
« C’est un beau travail, avec des analyses rigoureuses qui parviennent à faire parler les données génétiques, à avoir une photographie, en exprimant le phénotype de l’animal », observe Christophe Hitte, ingénieur de recherche au CNRS, à l’Institut de génétique et développement de Rennes, qui n’a pas participé à l’étude.
Lire aussi l’archive de 1996 : Article réservé à nos abonnés BALTO, CHIEN-LOUP, HÉROS DES NEIGES Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections
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Les chercheurs sont parvenus à reconstituer son apparence physique. Il ressort que Balto avait les yeux bleus et un pelage noir et feu, avec un petit peu de blanc sur le bout des pattes, soit un pelage plus sombre que les huskys d’aujourd’hui. « Ces données ont été confrontées avec des témoignages, photographies, ce qui permet de valider les découvertes génétiques », commente Christophe Hitte, spécialiste de la génétique canine.
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Source: Le Monde