Alors que les combats ont deja fait au moins 528 morts, Antonio Guterres estime que le pays " s'effondre "
Au Soudan, la situation ne s’améliore pas. Les combats acharnés pour le contrôle du pouvoir sont entrés samedi dans leur troisième semaine, avec des raids aériens et des tirs nourris à Khartoum en violation d’une nouvelle trêve. Celle-ci, sous médiation internationale, doit durer jusqu’à ce dimanche minuit.
Le pays est plongé dans le chaos depuis le déclenchement le 15 avril des affrontements entre le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti », à la tête des redoutées paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Les combats ont fait au moins 528 morts et 4.599 blessés, selon le ministère de la Santé, un bilan encore très sous-estimé tant les corps qui jonchent les rues sont inaccessibles et donc impossible à recenser.
La majorité des hôpitaux hors service
Alors qu’environ 70 % des hôpitaux dans les zones de combats sont hors service, selon le syndicat des médecins, le secrétaire général de l’ONU a déploré, via la chaîne Al-Arabiya, que « la guerre pour le pouvoir se poursuive alors que le pays s’effondre ». Dans le pays, « nous voyons des tribus qui essaient désormais de s’armer », a alerté Antonio Guterres.
Vendredi, les généraux en guerre se sont écharpés par médias interposés. Sur la chaîne Al-Hurra, Burhane a qualifié les FSR de « milice cherchant à détruire le Soudan » avec l’aide de « mercenaires venus du Tchad, de Centrafrique et du Niger ». « Hemedti » a lui parlé sur la BBC de son rival comme d’un « traître » qui n’est « pas digne de confiance ».
Salva Kiir, le président du Soudan du Sud – médiateur historique au Soudan – les a appelés samedi à « un dialogue face à face constructif et concret ». Il les a aussi exhortés à « ne pas tenter de renforcer des positions » alors que de nombreux observateurs estiment qu’aucune trêve n’a tenu parce que les deux belligérants ne veulent pas laisser une chance à l’autre d’avancer ou de se ménager des renforts.
L’ONU s’inquiète du risque de famine
La trêve, même précaire, permet aux couloirs d’évacuation de rester ouverts. Un convoi organisé par les Etats-Unis a ainsi permis l’évacuation de ressortissants américains et d’autres pays vers Port-Soudan. Parti de là, un nouveau bateau transportant environ 1.900 évacués est arrivé en Arabie saoudite qui a accueilli jusqu’ici près de 5.000 ressortissants saoudiens et étrangers. Le Royaume-Uni a pour sa part indiqué samedi avoir évacué depuis mardi 1.888 personnes à bord de 21 appareils de la Royal Air Force depuis la base aérienne Wadi Saeedna, au nord de Khartoum.
Selon les Nations Unies, 75.000 personnes ont été déplacées par les combats, particulièrement violents notamment au Darfour. L’ONU estime que des millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la faim alors qu’un tiers des 45 millions de Soudanais en souffraient déjà, dans le pays, l’un des plus pauvres au monde.
Source: 20 Minutes