Les débats du Tour de France 2023 après la 4e étape : Van der Poel meilleur poisson-pilote du monde ?

July 04, 2023
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Van der Poel est-il le meilleur poisson-pilote du monde ?

Simon Farvacque

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Répondre oui est ô combien tentant, après la démonstration de ce mardi à Nogaro ... et je vais céder à la tentation. Avec une réserve, cependant. Mathieu van der Poel est le poisson-pilote parfait pour Jasper Philipsen - lauréat des 3e et 4e étapes du Tour de France -, notamment grâce à la complicité qui les unit. Il n'est pas forcément le lanceur le plus conventionnel. Celui qui sera un jour payé (uniquement) pour cela, étant susceptible de faire gagner n'importe quel coureur très rapide. Suivez mon regard… oui, c'est bien à Michael Morkov qu'il mène.

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Mathieu van der Poel est plus que ça. C'est pourquoi voir en lui le "meilleur poisson-pilote du monde" peut sembler à la fois réducteur et, pourtant, difficilement réfutable. D'autant plus qu'en l'espace de deux jours, "MVDP" a su contribuer aux succès de Philipsen de deux manières très différentes : dans un format assez classique, en pénultième étage de la fusée, ou dans le chaos, en héros qui rétablit la situation . Il commence tout juste à maîtriser ce rôle spécifique et on se demande déjà s'il n'en est pas devenu la référence. Rien que cela est bluffant.

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Jean-Baptiste Duluc

Simon a raison, Mathieu van der Poel n’est pas qu’un poisson-pilote et ça se ressent dans sa manière de lancer. Mais c’est justement pour ça qu’il est, à mon sens, le meilleur poisson-pilote du monde. Parce qu’il est plus que ça. Parce que c’est un coureur qui est trop fort pour être réduit à ce rôle-là et qui est logiquement monstrueux quand il s’y colle. Surtout, le Néerlandais a une science de la course très précieuse dans le dernier kilomètre.On l’a encore vu à Nogaro, il a remonté et replacé Philipsen au meilleur moment possible, par le meilleur chemin possible. Le Belge a d’ailleurs remporté la plupart des succès de la saison grâce au travail de "MVDP".

Leur association est certes assez unique (tous deux instinctifs) mais, si Philipsen est devenu cette année - alors que Van der Poel le lance depuis le début de la saison - le meilleur sprinteur du monde, ce n’est pas un hasard. Michael Morkov lance toujours Fabio Jakobsen et Danny van Poppel lance toujours Sam Bennett. Tous deux sont censés être plus rodés avec leur sprinteur que Van der Poel avec Philipsen. Mais le duo de 2023, c’est bien celui d’Alpecin-Deceuninck. Même si Van der Poel est bien plus qu’un simple poisson-pilote, il n’en reste pas moins le meilleur du monde lorsqu’il se sacrifie pour Philipsen.

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Jean-Baptiste Duluc

Instinctivement, j’ai beaucoup de mal à croire qu’un coureur français va finir dans le top 5 de ce Tour de France. J’aimerais espérer que Romain Bardet en soit capable mais je peine à l’imaginer tenir trois semaines à son meilleur niveau. Il sera dans le top 10 mais où ? Je ne l’imagine pas mieux que l’an dernier (7e, puis 6e après déclassement de Nairo Quintana). Et David Gaudu ne m’a pas rassuré ces dernières semaines. A la pédale, je miserais donc plus sur le coureur de la DSM-Firmenich.

Mais je ne serais pas surpris que le meilleur Français le soit grâce à une ou plusieurs échappées. Sur un Tour qui me semble plus ouvert que jamais dans la course au top 5, je verrais bien un coureur remonter en deuxième semaine grâce à des échappées avant de tenir en troisième semaine. Et, à ce jeu-là, deux Tricolores me semblent parfaits : Guillaume Martin (Cofidis) et Thibaut Pinot (Groupama-FDJ). Et si ça paraît un peu fou, j’ai envie de croire au Franc-Comtois, qui rééditera sa performance du Giro.

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Simon Farvacque

Je pense que cela va se jouer entre Romain Bardet et David Gaudu. Le premier nommé m'inspire plus confiance, par sa remarquable régularité dans l'exercice. Le leader de DSM-Firmenich est déjà monté deux fois sur le podium du Tour de France (en 2016 et 2017), s'invitant six fois dans le Top 10. Mais l'argument du passé et de l'expérience serait bien léger, sans son Tour de Suisse convaincant (5e). Bardet dans le Top 5, j'y crois.

David Gaudu (Groupama-FDJ), lui, a eu beau rassurer ses fans lors des "France" puis dans le Pays basque, après un Dauphiné préoccupant, je reste sceptique sur sa capacité à rééditer sa performance de l'an passé (4e). Il n'a pas dégagé une grande impression lors des deux premières étapes et j'ai du mal à l'imaginer transformé, entre juin et juillet. Ajoutez à cela la pression que l'absence d'Arnaud Démare fait peser sur ses épaules et je le vois craquer, dans des proportions raisonnables.

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Simon Farvacque

Mercredi, les grimpeurs-baroudeurs peuvent espérer briller. Pour les candidats à la victoire finale, je pense qu'il ne sera pas encore l'heure de se découvrir. Tadej Pogacar, le plus remuant d'entre eux, doit en avoir marre de voir Jonas Vingegaard sur son porte-bagages, lui refuser des relais. Le Slovène pourrait ainsi attendre jeudi, et une arrivée au sommet, pour s'éviter des tergiversations avant de plonger dans une descente, comme il en a vécu samedi et dimanche.

C'est donc plutôt vers l'étape de Cauterets-Cambasque et ses cinq derniers kilomètres abrupts (voir profil ci-dessous) que je me tourne, pour du spectacle entre les ténors. L'ultime ascension (16 km à 5,4% de pente moyenne) est d'abord roulante mais elle réserve donc le meilleur pour la fin. Avec l'Aspin et le Tourmalet pour instiller de la fatigue dans les mollets, plus tôt dans l'étape, les premiers écarts importants pourraient être constatés.

Jean-Baptiste Duluc

Paradoxalement, même si je m’attends à plus d’écarts sur la montée de Cauterets-Cambasque (6e étape), j’imagine et j’espère plus de spectacle à l’occasion de la 5e étape. Le tracé est presque exactement le même que celui de 2020, lorsque Tadej Pogacar avait signé sa première victoire sur le Tour, après avoir attaqué dans le col de Marie-Blanque. Alors pourquoi ne pas rêver d’un scénario similaire ?

L’ascension du col du Soudet auparavant, et ses 15,2km à 7,2%, est encore plus difficile qu’il ne l’était il y a trois ans, lorsqu’il avait été gravi par son versant du col de la Hourcère (11,8km à 8,3%). De quoi user encore plus les organismes et favoriser les envies d’attaque dans Marie-Blanque. Alors, oui, l’étape du lendemain pourrait brider les velléités d’offensives, mais, dans le cyclisme moderne, ces stéréotypes sont de moins en moins valables. Surtout quand on a Tadej Pogacar au départ…

Le profil de la 5e étape : La montagne est déjà là !

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Source: Eurosport FR