MISE À JOUR. Débats sur l'autonomie à l'Assemblée de Corse : la droite et l'Exécutif inconciliables ?
Du côté de la droite notamment, qui a fait part des craintes que l'autonomie ne crée des velléités d'indépendance. Il faut dire que la formulation employée un peu plus tôt par Gilles Simeoni ne fermait pas la porte à une évolution ultérieure du statut de la Corse : "Toute l'autonomie, rien que l'autonomie, à ce stade". La nuance n'a pas échappé à Valérie Bozzi. "Nous refusons un schéma à la Nouvelle-Calédonie. La Corse doit rester arrimée à la métropole", a-t-elle signifié.
Les conseillers territoriaux étudient ce mardi 4 juillet le rapport sur l'autonomie présenté par Gilles Simeoni à Ajaccio . À ce stade, et alors que la session vient d'être suspendue, peu après 14 heures, après plus de quatre heures de débat, les prises de parole semblent exclure l'éventualité d'aboutir à un texte consensuel.
Si des convergences apparaissent possibles avec d'autres groupes nationalistes, les positions de la droite et de l'Exécutif semblent à ce stade difficilement compatibles.
Un Soffiu novu s'oppose aussi à l'attribution d'un pouvoir législatif à la Collectivité de Corse. "Nous n'avons pas à être d'accord sur le fait que vous puissiez légiférer sur l'éducation", a encore déclaré Jean-Matin Mondoloni. "Vous voulez mettre par terre le Code de l'urbanisme, le Code du travail ?", a embrayé Valérie Bozzi. Son groupe plaide pour que la Corse ait la possibilité d'adapter les lois et règlements aux spécificités du territoire. "Vous voulez prendre le risque de faire une réforme constitutionnelle pour mettre en place un carcan juridique ? Vous voulez prendre ce risque au nom de la crainte et du dogmatisme ?", a interpellé Jean-Félix Acquaviva (Fà populu inseme, majorité territoriale).
Reste que pour la droite, le bilan des compétences déjà exercées par la Collectivité de Corse ne plaide guère pour l'attribution de prérogatives supplémentaires. "Vous êtes au pouvoir depuis 2015. Il y a eu peu d'avancées concrètes sur l'eau, les déchets, les infrastructures", juge Valérie Bozzi.
Le groupe Un soffiu Novu doit présenter sa propre copie. "Ce texte, nous souhaitons qu'il soit mis au vote au terme de cette séquence", a indiqué Jean-Martin Mondoloni. Une déclaration qui écarte à pour l'instant la possibilité d'un texte commun.
"D'entrée, nous mettons des entraves"
De son côté, la conseillère non-inscrite Josepha Giacometti a insisté sur les lignes rouges évoquées par Emmanuel Macron et que consacre selon elle le document présenté par l'Exécutif, notamment concernant le statut de résident. "D'entrée, nous mettons des entraves", a-t-elle regretté. Comme annoncé par Corsica Libera ce matin, la conseillère présentera également ses propres propositions.
"Pourquoi cette journée devrait nécessairement aboutir à ce que les quatre composantes nationalistes soient d'accord ?", a interrogé de son côté Jean-Christophe Angelini, chef de file du groupe autonomiste Avanzemu, qui évoquait toutefois "le socle commun" auquel il serait selon lui souhaitable de parvenir. Non sans insister sur la latitude et les compétences renforcées dont devraient, estime-t-il, bénéficier les communes et intercommunalités.
Dans une métaphore applaudie, Paul Quastana (Core in fronte) insistait lui sur la nécessité de parvenir à un consensus entre nationalistes. "Il faut que ce soit comme au casino, que lorsqu'on tire sur la manette, les quatre signes soient alignés". Au vu des débats de ce matin, difficile de dire que le coup sera gagnant.
Source: Corse Matin