Découverte de "l'Atlantide du nord" en mer de Wadden

July 04, 2023
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Cependant, cette tempête n’est pas la seule responsable du funeste destin de la cité de Rungholt et des habitants des côtes qui bordaient la mer du Nord à cette époque. Une suite de décisions d'urbanisme a sans doute amplifié la gravité des conséquences de la catastrophe naturelle. Un temps long, au cours duquel les habitants auraient été les artisans de leur propre perte. Pour exemple, les digues, essentielles pour contenir les eaux dans cette région aux sols particulièrement humides, ne s'élevaient que jusqu’à environ 2,5 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Il y a par ailleurs eu un processus naturel d’enfoncement des sols. « Les couches les plus profondes sont assez meubles, donc la totalité de la terre s’est simplement effondrée ». Cependant, Hanna Hadler insiste sur le fait que « la totalité de la zone était exploitée par l’Homme ». Elle ajoute que les « habitants creusaient profondément pour leurs activités agricoles ». Les activités humaines ont fragilisé tout un équilibre géophysique.

Il ne s’agissait pas d’une cité médiévale qui ressemble à ce à quoi on pourrait s’attendre. Il y avait de nombreuses petites collines artificielles « typiques de cette région côtière », explique Hanna Hadler. « Il faut imaginer que tout était plus ou moins humide. Les cultivateurs, pour se protéger des inondations quotidiennes, […] devaient se réfugier sur ces élévations. On retrouve des structures similaires aux Pays Bas et en Belgique où les habitant érigeaient des rangées de petits monts ». En drainant et en creusant les sols pour l’agriculture, mais également en détériorant son substrat, avec notamment la coupe des tourbières, qui servaient alors en partie à se chauffer, les habitants de cette région ont exposé leurs villages, leurs bétails et leurs terres, les rendant plus vulnérables aux inondations déjà fréquentes.

Une succession de tempêtes a progressivement grignoté les côtes, fragilisant ou détruisant les digues, et permettant également à l’eau de creuser de larges cours dans les vasières, ce qui a augmenté le processus d’érosion de la côte, avec l’effet de marée. En retirant la terre de la surface, laquelle se trouvait déjà pratiquement au niveau de la mer, les paysans ont offert à l’eau un passage pour s’infiltrer beaucoup plus rapidement. « Je ne sais pas s’ils l’ignoraient ou s’ils choisissaient de l’ignorer », s’interroge la géographe, « mais pour pouvoir utiliser cette terre, ils ont dû pomper la zone. Et le sol s’enfonçait de plus en plus en plus, à mesure que le niveau de la mer montait ». Les habitants ont créé une sorte de cuvette dans laquelle l’eau s’est brusquement engouffrée lors de la tempête, sans qu’ils puissent faire quoi que ce soit.

Source: National Geographic France