Guerre en Ukraine: regain de tensions autour de la centrale nucléaire de Zaporijia

July 05, 2023
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Par Guillaume Ptak

Publié le 4 juil. 2023 à 16:17

La Russie se préparerait-elle à détruire la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée depuis les premiers jours de l'invasion de l'Ukraine ? C'est ce qu'affirme le gouvernement de Volodymyr Zelensky depuis plusieurs mois.

Selon le GUR, les renseignements militaires ukrainiens, la Russie aurait commencé à évacuer ses soldats de la centrale, la plus grande d'Europe, et aurait donné l'ordre à plusieurs employés de quitter les lieux avant le 5 juillet.

Guerre de communication

« Il existe une menace sérieuse car la Russie est techniquement prête à provoquer une explosion localisée à la centrale, ce qui pourrait conduire à une fuite radioactive », a affirmé samedi le président ukrainien lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez .

Depuis sa capture par les Russes au début du mois de mars 2022, la centrale nucléaire de Zaporijia et ses six réacteurs VVER de 1.000 mégawatts chacun sont le théâtre d'une guerre de communication entre l'Ukraine et la Russie, chaque pays accusant l'autre de préparer une attaque contre la centrale.

Refroidissement des réacteurs

Le sujet est devenu encore plus pressant avec la destruction, dans la nuit du 5 au 6 juin dernier, du barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka , dans le Sud du pays, dont dépendait la centrale de Zaporijia pour le refroidissement de ses réacteurs.

Malgré les dénégations de Moscou, une récente enquête du «New York Times» démontre que les forces russes sont probablement responsables de la destruction du barrage, contrôlé par la Russie depuis le début de l'invasion.

«Aucune trace visible»

Selon les autorités ukrainiennes, l'armée russe aurait miné quatre des six réacteurs de la centrale de Zaporijia, ainsi que l'un des bassins de refroidissement. La Russie dément et accuse au contraire les Ukrainiens de vouloir détruire les installations de la centrale.

Dans un communiqué publié le 30 juin, le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a déclaré que ses experts n'avaient jusqu'à présent trouvé « aucune trace visible » de la présence de mines ou d'explosifs lors de leur visite le 15 juin dernier, ajoutant cependant que les inspecteurs « avaient encore besoin d'un accès supplémentaire » pour effectuer d'autres vérifications sur le site.

Exercices de grande ampleur

Les autorités ukrainiennes ont commencé à se préparer à un éventuel accident, en organisant des exercices de grande ampleur dans les régions de Zaporijia, Kherson, Mykolaïv et Dnipro qui mobilisent police, services d'urgences et fonctionnaires locaux.

Hormis la destruction intentionnelle d'un ou plusieurs réacteurs, l'alimentation électrique de la centrale constitue également un sujet d'inquiétude : en octobre dernier, la centrale avait ainsi été totalement coupée du réseau électrique ukrainien, le refroidissement de ses réacteurs étant assuré uniquement par des générateurs diesel.

Une seule ligne électrique

Selon l'IAEA, la centrale serait actuellement tributaire d'une seule ligne électrique pour refroidir ses réacteurs et assurer d'autres fonctions de sûreté essentielles, alors qu'elle en disposait de quatre avant le début de l'invasion. « Bien que la reconnexion de la ligne électrique de secours soit positive, la situation de l'alimentation électrique externe de la centrale reste très vulnérable , » estime ainsi Rafael Grossi.

Les alliés de l'Ukraine semblent prendre le risque très au sérieux : une résolution bipartisane déposée au Sénat américain par le Républicain Lindsey Graham et le Démocrate Richard Blumenthal propose que l'utilisation d'armes nucléaires tactiques par la Russie ou l'un de ses alliés, ou bien la « destruction d'une installation nucléaire » entraînant la contamination radioactive d'un pays membre de l'Otan, soient considérées comme une attaque contre l'Alliance. Elle justifierait ainsi le recours à l'article 5, celui de l'obligation de défense mutuelle.

Source: Les Échos