Cyclisme. Tour de Bretagne : pourquoi la 6e étape a viré au chaos
Tour de Bretagne (6e étape : Châteaubriant - Plancoët)
1 Que s’est-il passé ?
Pour la première fois en 56 éditions, il n’y a pas eu de vainqueur d’étape, ni aucun changement au classement général, ce dimanche, à Plancoët. Et pour cause : à 80 kilomètres de l’arrivée environ, sur une route étroite en légère descente, une chute monumentale a projeté 90 % du peloton à terre. L’un des coureurs qui figurait en tête du paquet a dérapé et entraîné tous les autres ou presque avec lui. Dans un premier temps, cette 6e étape a été neutralisée avant d’être carrément annulée. Le leader Simon Pellaud en tête, les coureurs ont rallié Plancoët où ils ont effectué un tour de circuit « en cortège », par respect pour les très nombreux spectateurs qui avaient fait le déplacement.
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2 Pourquoi c’est encore tombé ?
Comme jeudi dernier lors de la 3e étape qui menait le peloton de Trégunc au Quillio, c'est à nouveau l’état de la chaussée qui est en cause : sur une cinquantaine de mètres tout au plus, la route empruntée par le peloton à ce moment-là était encore couverte de boue et cela n’a pas pardonné. Un château de cartes ! L’échappée, au sein de laquelle figurait Clément Poirier (Sojasun espoir-ACNC), Maximilien Provost (VC Pays de Loudéac) et Damien Poisson (Dinan Sport Cycling), a franchi l’obstacle sans encombre, mais pas le peloton. Les images de la chute, diffusées sur les réseaux sociaux, sont éloquentes.
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3 Les coureurs ont-ils été prévenus ?
Oui. Comme jeudi avant Mûr-de-Bretagne, « radio-course » a annoncé le danger sur ses ondes et la garde républicaine a mis en place un drapeau jaune pour aviser tout le monde. Problème : les coureurs ne portent pas d’oreillettes sur le Tour de Bretagne. La plupart d’entre eux n’ont donc pas été avertis de ce qui les attendait. Si souvent décriées, les oreillettes auraient, pour le coup, sans doute permis d’éviter cette énorme chute.
4 Comment a réagi le président de l’épreuve ?
Il n’avait jamais vu ça. La mine défaite à l’arrivée, Christophe Fossani est revenu sur une première dont il se serait évidemment bien passé. « On n’a pas pris la décision de stopper la course sous le coup de l’émotion. On a fait l’état des lieux, des blessures, on a pris en compte l’état psychologique des coureurs. J’ai connu des meilleurs moments, ça fait partie du vélo, c’est arrivé aux plus grandes courses du monde… Donner un second départ n’aurait pas été sérieux, les coureurs n’y étaient plus. C’est dommage, c’était l’étape reine du Tour de Bretagne. Je ne regrette pas que le Tour de Bretagne soit passé par là, on devrait juste faire un peu plus attention à nos routes ».
Le communiqué de l’organisation : « Suite à la chute massive du peloton au kilomètre 119 et au départ des ambulances pour faire l’évacuation des blessés, les conditions sanitaires n’étant plus suffisantes, le jury des commissaires en accord avec l’organisation a décidé d’annuler l’étape ainsi que tous les classements sprints intermédiaires et grimpeurs du jour ».
La boue sur la chaussée a conduit de nombreux coureurs à la chute. (Photo Joël Galiot.)
5 Est-ce que cela est déjà arrivé ?
Malheureusement oui. Depuis l’ouverture de la saison, au moins trois courses françaises ont dû être annulées pour les mêmes raisons ou presque : la 2e étape de l’Étoile de Bessèges (absence d’ambulances en nombre suffisant pour assurer la sécurité des coureurs), la classique Bordeaux-Saintes et, le 16 avril, la Gislard en Normandie.
La chute massive a fait des dégâts dans le peloton… (Photo Joël Galiot)
6 Combien de coureurs ont été évacués à l’hôpital ?
Quatre. Il s’agit du Canadien Robin Plamondon (CIC Nantes-Atlantique), qui souffre d’une commotion cérébrale, d’Antonin Souchon (Sojasun espoir-ACNC), qui souffre également d’une commotion cérébrale, du Sud-Africain Morné Van Nierkerk (Saint-Michel), touché au genou, et du Belge Obie Vidts (Circus) blessé au tibia.
Enzo Boulet était bien blessé au terme de la sixième étape. (Photo Philippe Priser)
7 Quelle a été la réaction de Simon Pellaud, le leader ?
À la différence de 90 % des coureurs, Simon Pellaud est passé au travers de la chute. « Je ne sais pas comment j’ai fait… J’étais en 10e position, je suis passé entre des vélos, des corps. C’était un truc de fou, je n’avais jamais vu ça. Tous mes coéquipiers sont tombés… Ça aurait été trop dangereux de reprendre la course. J’avais pourtant envie de courir. Si je gagne le classement général (lundi), j’espère que l’on ne dira pas que j’ai gagné un Tour de Bretagne au rabais ».
Source: Le Télégramme