Test Poco X5 Pro : le smartphone anti-crise ?
Conséquence directe de l’inflation et de la crise du pouvoir d’achat des ménages, le marché des smartphones n’est pas au beau fixe. Selon le cabinet d’études Counterpoint, le secteur a subi un recul de 12% en volume en 2022. Soit une chute que le secteur n’avait pas observée depuis près de dix ans. Et 2023 ne s’annonce pas non plus sous les meilleurs auspices. Selon les prévisions du cabinet Gartner, les ventes devraient encore reculer d’ici la fin de l’année d’environ 4%.
Dans un contexte économique compliqué, les consommateurs repoussent donc logiquement le renouvellement de leurs smartphones. Si bien que pour les convaincre, les constructeurs doivent faire preuve de pragmatisme en misant avant tout sur la polyvalence.
À en juger par la fiche technique du X5 Pro, Poco semble se mettre au diapason de cette situation. Après plus d’un mois en sa compagnie, nous pouvons répondre précisément à la question que de nombreux consommateurs se posent actuellement. Est-ce que mettre 400 euros dans un smartphone est à l’heure actuelle un bon investissement ?
Prix et disponibilité
Le Poco X5 Pro est disponible en deux versions. La première comprend 6 Go de RAM et 128 Go de stockage pour un prix de 349 euros. La seconde, notre version de test, propose un combo 8/256 Go à 399 euros.
Première chose à remarquer, les deux versions sont plus chères de 50 euros par rapport aux modèles X4 Pro. Logiquement, nous nous attendons donc à une amélioration significative par rapport à l’an dernier.
Design plein de style
Poco est une marque que nous apprécions, car elle a toujours le mérite de proposer un design qui ne passe pas inaperçu. Cela passe notamment par les couleurs éclatantes, ici le jaune. Loin d’être un simple détail, ce parti pris permet de démarquer les smartphones du constructeur du reste de l’entrée et du milieu de gamme. Si le jaune vous parait trop criard, sachez que ce terminal est également disponible en bleu, mais aussi en noir, pour les adeptes de la sobriété.
À l’arrière, Poco joue également sa traditionnelle recette : un large rectangle noir pour accueillir le bloc photo, ainsi que le nom de la marque. Bien que les deux modules intégrés dépassent de quelques millimètres, le rendu est toutefois acceptable et peu bancal lorsqu’il est sur une table. Par contre, comme l’an dernier, nous trouvons que l’esthétique gagnerait en simplicité si le nom Poco n’était pas affiché.
Milieu de gamme oblige, le dos n’est pas en verre, mais constitué d’un plastique mat qui a le mérite de ne pas immortaliser les traces de doigts. Un réel plaisir ! De trop nombreux smartphones, toutes gammes comprises, se salissent à la vitesse de l’éclair. En main, le Poco X5 Pro est un smartphone imposant. Bien que son poids soit contenu (181 grammes), sa manipulation à une main demande un peu d’exercice, ce qui est logique vu ses dimensions (162,1 x 76 x 7,9 mm).
De face, il ressemble à de nombreux autres smartphones. Ses bords sont arrondis, son poinçon central plutôt discret et ses bordures d’écran maîtrisées. Presque complète, sa connectique propose un emplacement pour deux nano-SIM et un port mini-jack. Dommage qu’il ne soit pas possible d’étendre sa capacité de stockage via une micro-SD.
Écran bluffant
Au déballage, nous partions avec un petit à priori. En effet, l’écran du X5 Pro est, sur le papier, identique à l’an dernier. À savoir une confortable dalle AMOLED de 6,67 pouces avec une définition Full HD+ (1080 x 2400 pixels) et un taux de rafraichissement de 60 Hz ou 120 Hz. Ce qui est en soi une bonne configuration pour ce prix. Poco nous ressert-il pour autant une recette identique ? Pas vraiment.
Avec ce X5 Pro, Poco nous livre un petit bijou de calibration. À commencer par la colorimétrie. En affichage « Standard », le smartphone affiche des couleurs vraiment naturelles et sans dérives. Notre impression est d’ailleurs confirmée par les tests du 01Lab. Avec un delta E de 3,49, le Poco X5 Pro propose une des plus belles colorimétries du milieu de gamme. Seul le Pixel 6a de Google fait mieux à ce petit jeu.
Autre amélioration, l’écran est plus immersif que l’an dernier. En effet, les bordures ont perdu un demi-millimètre, du coup la dalle occupe près de 87% de la face avant. Ce qui est un bon ratio pour du milieu de gamme. En matière de luminosité, le X5 Pro nous fait aussi une Poulidor.
Toujours selon le 01Lab, la luminosité moyenne de la dalle se fixe à 890 cd/m2. Il fait donc mieux que le Honor 70 et le Samsung Galaxy A53 5G. Seul le Motorola Edge 30 Neo le surpasse en la matière. À l’usage, l’écran du Poco X5 Pro est un vrai délice. Fluide, bien calibré et lumineux, il permet une expérience confortable et agréable, quelque soit la situation.
Une polyvalence à toute épreuve
Comme bon nombre de smartphones milieu de gamme ambitieux (Motorola Edge 30 et Xiaomi 12 Lite par exemple) ce X5 Pro embarque un Snapdragon 778G. Un SoC qui a déjà fait ses preuves et qui propose des performances assez solides. Une chose que nous avons pu vérifier à nouveau ici, puisque notre larron du jour s’est trouvé à l’aise dans de nombreuses situations.
Lors d’une utilisation polyvalente, le smartphone reste fluide et sait garder la tête froide. On peut lancer plusieurs applications simultanément sans que cela ne le désarçonne. On accède à l’appareil photo sans latence, on navigue sur des applications cloud sans anicroche et le démarrage des applis de streaming vidéo se fait en un clin d’œil.
En matière de gaming, Poco n’a jamais caché ses ambitions. Il le prouve une nouvelle fois en maîtrisant parfaitement sa copie. La mémoire vive en format LPDDR4x et le GPU Adreno 642 fonctionnent à merveille, ce qui permet de jouer à de nombreux jeux gourmands en ressources. Que ce soit sur Dragon Trail, Fortnite ou Geshin Impact, l’expérience vidéoludique est agréable même avec des graphismes élevés.
Toutefois, pour les jeux 3D les plus exigeants, nous avons dû nous contenter d’un framerate de 30 FPS. Au-delà, et même avec son mode « Turbo », la fluidité marquera parfois le coup et l’autonomie aura tendance à baisser plus rapidement. Cependant, cette configuration de jeu est largement suffisante pour la majorité des utilisateurs.
D’autant, que ce X5 Pro sait garder la tête froide même après une longue session de jeux. L’amplitude thermique calculée par le 01Lab confirme notre ressenti, puisque la variation entre le point le plus bas et le plus haut n’excède jamais 16,8°C.
Un capteur photo principal caméléon
Ici encore, Poco joue la carte de la continuité. Sur le papier, nous avons droit à une même configuration que sur le X4 Pro de l’an dernier. À savoir, un capteur principal de 108 Mpx avec une ouverture de f/1,9, un ultra grand-angle de 8 Mpx ouvrant à f/2,2 et module macro, toujours aussi anecdotique, de 2 Mpx.
Encore une fois, il ne faut pas s’attendre pour autant aux mêmes résultats que l’année précédente. Pour la simple et bonne raison que ce X5 Pro arbore, comme nous l’avons vu, un nouveau SoC. Sur ce dernier, Qualcomm insiste sur une spécifiée, un triple IPS (Image Signal Processor) censé mieux gérer les traitements numériques. Alors qu’en est-il ?
En plus de bien s’en sortir de jour, le X5 Pro a le mérite d’assumer un rendu, plutôt inhabituel sur ce segment de prix. Par beau temps, le traitement algorithmique accentue les couleurs primaires pour flatter la rétine. Pour autant, on distingue tout de même un effort de nuance, notamment sur le bleu et le vert.
Avec une météo plus maussade, le X5 Pro contraste légèrement les blancs, au lieu de les surexposer, afin de proposer plus de détails et une netteté plus homogène. C’est franchement réussi lorsque l’on zoom sur les nuages et la végétation. Cette gestion, au cas par cas, de la dynamique lumineuse offre une vraie polyvalence et des photos de caractère comme on peut le voir sur les scènes de crépuscules. Cela confère aussi au smartphone une bonne qualité de photo en intérieur.
Sans surprise, le capteur ultra grand-angle est moins consistant dans ses propositions. La colorimétrie est plus fade et les contrastes ont plus de mal à ressortir de manière cohérente. Avec un temps gris, le résultat est trop sombre sur les bords et certaines parties de la scène manquent de détails. Ce n’est pas catastrophique, d’autant que la distorsion est plutôt absente. Pour tirer le meilleur de cet objectif, il faudra bien veiller à soigner sa mise au point.
Dans l’obscurité, le X5 Pro peine à collecter la lumière. Il en résulte des clichés peu convaincants avec pas mal de bruit numérique. Le mode « Nuit » arrange légèrement la situation, mais au prix d’un lissage logiciel qui dénature pas mal les couleurs. Sur cette série de photo, seule celle prise devant le Louvre est d’une qualité convenable. Pour cela, nous avons dû veiller à ne pas bouger d’un iota, tout en soignant notre mise au point.
Le mode « Portrait » s’en sort avec les honneurs. Il s’utilise facilement et le détourage est, à peu près, propre.
Enfin, le capteur de 16 Mpx à l’avant réalise de bons selfies, le niveau de détails est présent et le lissage n’est pas trop remarqué. Encore une fois, il faudra bien se placer pour éviter les situations de surexposition.
Autonomie : un grand OUI
Comme de nombreux smartphones à ce prix, le X5 Pro propose une batterie conséquente de 5000 mAh. Comme peu de smartphones à ce prix, Poco soigne à merveille l’optimisation de cette dernière. Selon les chiffres du 01Lab, le dernier rejeton de Poco affiche une autonomie polyvalente de 20h20 et une autonomie vidéo de plus de 16h. À ce petit jeu, il surclasse littéralement le Pixel 6a et le Galaxy A53. À l’usage, quel plaisir ! On peut l’utiliser de manière intensive sans problème pendant 1 journée et demie.
Niveau charge, il n’échappe pas non plus à nos louanges. Selon nos calculs, il met en moyenne 15 minutes pour récupérer 50% de batterie et 45 minutes pour reprendre totalement des forces. D’excellentes performances.
Le faux pas logiciel… Quel dommage que Poco nous livre son smartphone avec Android 12 et non pas la dernière version du système d’exploitation de Google. D’autant que le constructeur ne prévoit que deux mises à jour, soit Android 13 et Android 14, ce dernier devant déjà se déployer dans quelques mois… C’est trop peu pour ce prix, surtout si l’on souhaite investir et garder ce smartphone au moins deux ans. Bien que la surcouche MIUI 14, qui accompagne Android 12, propose quelques fonctionnalités de personnalisation intéressantes, le tout est encore un peu fouillis par endroit. Par exemple, la création de widget n’est pas des plus ergonomique. Cette impression de désordre d’ensemble est notamment flagrante lors du premier allumage. La faute aux nombreux bloatwares préinstallés… Et que dire de ces pubs cachées énervantes, les fameuses MIUI system Ads, que nous vous invitons vite à désactiver…
Notre avis sur le Poco X5 Pro 5G
C’est une belle surprise que nous livre Poco pour le printemps avec ce X5 Pro. Le constructeur améliore significativement sa copie par rapport à l’année dernière et nous propose un smartphone équilibré sans presque aucun défaut majeur. En matière d’écran, de performances et d’autonomie (et de charge), il fait tout simplement partie des meilleurs. Il vient même tenir la dragée haute à des marques comme Google et Samsung dans cette gamme de prix.
Sur la partie photo, il assure l’essentiel avec un bon capteur principal, sa partie audio est convaincante et son design sort du lot. Il aurait pu prétendre à la plus haute marche du podium des smartphones anti-crise si sa partie logicielle était à la hauteur de sa proposition matérielle. Quoiqu’il en soit, c’est actuellement un des meilleurs rapports-qualité prix sur ce segment.
Source: Presse-citron
