Climat : on vous explique pourquoi le record mondial de température moyenne de la Terre a été battu deux fois cette semaine

July 07, 2023
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Le mois de juin 2023 est le chaud jamais enregistré, avec une température moyenne de 16,51°C, soit 0,53°C au-dessus du record précédent, datant de 2019.

L'été 2023 prend l'allure d'une saison aux inquiétants records de température. L'observatoire européen du changement climatique, Copernicus, a annoncé, jeudi 6 juillet, que le mois de juin avait été le plus chaud jamais enregistré à l'échelle mondiale. La température mondiale moyenne a été de 16,51°C sur la durée du mois, soit 0,53°C au-dessus de la moyenne des trois précédentes décennies. Le précédent record, établi en juin 2019, n'était "que" de 0,37°C au-dessus de ces normales.

Cette tendance se poursuit en juillet. Avec 17,03 degrés de moyenne, la journée de mardi a été la plus chaude jamais mesurée au niveau mondial, tous mois confondus, a confirmé Copernicus sur la base de mesures préliminaires. Lundi déjà, un premier record avait déjà été battu, avec 16,88 degrés sur l'ensemble du globe (terres et mers confondues). Voici pourquoi ces records préoccupants ont été battus.

Parce que les températures sont élevées à la surface des océans

Le record de température mondiale de juin "est dû en grande partie à des températures très élevées de la surface de l'océan", qui recouvre plus de 70% du globe, explique à l'AFP Julien Nicolas, scientifique pour Copernicus. "Un des facteurs est la plus faible vitesse des vents dans de larges secteurs de l'Atlantique Nord", à cause d'un anticyclone des Açores, mesuré comme "le plus faible pour un mois de juin depuis 1940", ce qui a réduit le mélange des eaux de surface et donc leur refroidissement.

>> Visualisez l'ampleur de la canicule marine en Atlantique Nord qui menace des milliers d'espèces

Les températures marines avaient déjà atteint des niveaux records en mai dans l'océan Pacifique. En juin, l'Atlantique Nord a connu, à son tour, des canicules marines, "qui ont surpris beaucoup de gens en atteignant des niveaux vraiment sans précédent", selon l'expert.

"Des canicules marines extrêmes" ont en outre été mesurées dans la mer Baltique, ainsi qu'autour de l'Irlande et de la Grande-Bretagne, qui a déjà confirmé il y a quelques jours son mois de juin record, là encore très nettement au-dessus du précédent. Et "par-dessus cela, il y a la tendance au réchauffement des océans, qui absorbent 90% de la chaleur produite par l'activité humaine", ajoute Julien Nicolas.

Parce que le phénomène climatique El Niño a commencé

Cette augmentation des températures à la surface des océans est en partie la conséquence du démarrage d'El Niño. Ce phénomène climatique survient de façon cyclique, mais irrégulière, tous les trois à sept ans, et ses épisodes durent de neuf à douze mois, détaille l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Il se traduit aussi par des catastrophes climatiques, en particulier des vagues de sécheresse et des précipitations supérieures à la normale.

El Niño, qui continuera toute l'année à une intensité "au moins modérée", selon l'OMM, devrait continuer à alimenter le réchauffement des températures ces prochains mois. "L'arrivée d'El Niño augmentera considérablement la probabilité de battre des records de température et de déclencher une chaleur plus extrême dans de nombreuses régions du monde et dans les océans", a prévenu mardi le secrétaire général de l'agence onusienne, Petteri Taalas, dans le bulletin de l'organisation.

Parce que les activités humaines réchauffent la Terre

Au-delà de ce facteur météorologique, ces records de températures battus à la surface de la Terre sont la manifestation du réchauffement climatique lié aux activités humaines. Les émissions de gaz à effet de serre de l'humanité continuent en effet d'augmenter, comme l'attestent les données de la plateforme Our World in Data, pilotée par l'université britannique d'Oxford.

La situation est alarmante et prouve que "le changement climatique est hors de contrôle", a alerté jeudi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Si nous continuons à repousser les mesures nécessaires [pour réduire les émissions de gaz à effet de serre], nous nous dirigeons vers une situation catastrophique", a-t-il prévenu.

Si ces hausses de température inquiètent, elles ne surprennent pas les scientifiques. Chloé Maréchal, paléoclimatologue au laboratoire de géologie de l'université de Lyon, constate que ce phénomène est "frappant et n'a aucun équivalent par rapport aux situations passées". Il "s'inscrit dans quelque chose de tout à fait logique", du fait de l' "augmentation des gaz à effet de serre d'origine humaine dans l'atmosphère", explique-t-elle sur BFMTV. Selon l'universitaire, cette hausse du thermomètre est "complètement cohérente avec les modèles climatiques qui tournent depuis une dizaine d'années".

La situation n'est pas près de s'arranger, confirment les conclusions du sixième rapport du Giec, publié en mars, qui chiffre la hausse des températures attribuée aux activités humaines à 1,07°C, entre 2010 et 2019. "Les tendances actuelles ne sont pas du tout compatibles avec la stabilisation du réchauffement, qui permettrait d'assurer un monde vivable et équitable. Des efforts qui ont été faits, mais ils n'atteignent pas l'échelle suffisante pour une baisse suffisamment rapide des émissions de gaz à effet de serre", alertait en mars la climatologue Valérie Masson-Delmotte dans un entretien à franceinfo.

Les conditions sont ainsi réunies pour que l'année 2016, "l'année la plus chaude jamais enregistrée en raison d'un épisode El Niño très puissant et d’un réchauffement d’origine humaine dû aux gaz à effet de serre", rappelle l'OMM, se reproduise en 2023.

Source: franceinfo