Climat : un accord international trouvé pour décarboner le secteur du fret maritime
Plusieurs ONG déplorent un compromis insuffisant pour mettre le secteur sur la trajectoire d'une réduction des émissions de CO2 dans le cadre de l'accord de Paris de 2015.
Une avancée "importante", selon certains, un texte "trop faible", selon d'autres. Un accord international pour décarboner le secteur très polluant du fret maritime a été promulgué par l'Organisation maritime internationale (OMI), vendredi 7 juillet, mais il est moins ambitieux qu'espéré et très critiqué par les ONG.
L'accord met en avant "une ambition commune améliorée d'atteindre la neutralité carbone pour le fret maritime international près de 2050", selon l'OMI, qui dépend de l'ONU. A plus court terme, il vise une réduction des émissions de CO2 "d'une moyenne d'au moins 40% d'ici 2030 comparé à 2008". Le compromis prévoit des objectifs non contraignants de réduction des émissions polluantes d'au moins 70% d'ici 2040 comparé à 2008.
"Un succès", affirme la France
Le secrétaire d'Etat français chargé de la Mer, Hervé Berville, a salué une "étape majeure (...) vers la neutralité climatique" avant l'adoption de mesures coercitives. "Nous nous sommes certes assis à la table des négociations avec des ambitions plus fortes que l'accord final obtenu", a-t-il admis, "mais il s'agit indéniablement d'un succès".
L'Union européenne réclamait en effet, lors des négociations cette semaine au siège de l'OMI à Londres, un objectif de zéro émission nette en 2050 avec deux étapes intermédiaires : réduction de 29% en 2030 et 83% en 2040. Les îles-États du Pacifique, particulièrement menacées par le réchauffement climatique, voulaient aller plus loin, soutenues par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Canada : -96% d'ici 2040.
La taxe carbone divise
A l'inverse, nombre de gros exportateurs comme la Chine, le Brésil et l'Argentine ont freiné, affirmant que des objectifs trop stricts profiteraient aux pays riches, aux dépens des pays en développement. Ils s'opposaient notamment au projet d'une taxe carbone, soutenu par Emmanuel Macron et par des entreprises comme le géant du fret maritime Maersk. L'idée n'apparaît désormais dans le projet d'accord que dans un éventail de mesures proposées pour réduire les émissions du fret.
Les ONG écologistes se montrent pour leur part très critiques, alors qu'elle demandaient de cibler un objectif de -50% d'ici 2030 et la neutralité carbone d'ici 2040. L'accord "n'est malheureusement pas à la hauteur des attentes", regrette le Climate Action Network International, insistant sur la "disparité évidente" avec les objectifs de l'accord de Paris. A ce titre, le texte est également jugé "très inférieur à ce qui est nécessaire" par l'association Clean Shipping Coalition, pour qui "la formulation du texte est vague et non contraignante".
Source: franceinfo