Pourquoi ce retour du Tour de France au puy de Dôme est historique

July 08, 2023
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Trente-cinq ans après, le célèbre volcan auvergnat, entré dans la légende de la Grande Boucle le 12 juillet 1964 lors du duel devenu mythique entre Anquetil et Poulidor, retrouve sa place en lettres d’or sur la carte du Tour de France. Avant même de connaître le nom du successeur de Johnny Weltz, dernier vainqueur en 1988, cette 14e arrivée d’étape du Tour de France au sommet du Géant des dômes s’annonce d’ores et déjà historique. Au-delà du grand retour du puy de Dôme sur le devant de la scène cycliste et de l’attente incroyable autour de cet évènement, le Géant d’Auvergne va être le théâtre de la première arrivée d’une étape du Tour sans spectateur. Un chapitre supplémentaire dans la riche histoire qui unit la Grande Boucle au plus connu des volcans auvergnats. La suite appartiendra aux coureurs. À eux de le faire entrer encore un peu plus dans la légende du Tour de France.

La fin d’une attente longue de 35 ans

"Ce que nous attendons, ce que vous attendez, ce que les amoureux du Tour de France espèrent depuis tant d’années, revoir là-haut les champions du Tour, ne sera bientôt plus une chimère : dimanche 9 juillet 2023, le Tour de France arrivera au puy de Dôme." Il en avait fait son objectif lors de son arrivée chez Amaury Sport Organisation (ASO) en 2004. Le 27 octobre dernier, sur la scène du Palais des Congrès de Paris, Christian Prudhomme officialisait le retour tant attendu du Tour de France au sommet du puy de Dôme.

La fin de 35 ans de disette. Depuis 1988, le Géant d’Auvergne n’a plus accueilli la Grande Boucle. Ces dernières années, les organisateurs avaient pourtant multiplié les appels du pied. Mais Jean-Yves Gouttebel, l’ancien président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme (propriétaire du site), a toujours dégainé son veto. La création du train à crémaillère, la labellisation comme Grand site de France avant l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco constituaient à ses yeux autant de freins à un retour du peloton.

Mais la patience de Christian Prudhomme a fini par être récompensée. Le changement de majorité à la tête du Département en 2021 a marqué un virage déterminant. La volonté commune du directeur du Tour et des responsables des collectivités locales a permis de faire sauter les derniers verrous et d’inscrire de nouveau le puy de Dôme sur la carte du Tour. Pour la 14e fois de son histoire, le plus célèbre volcan auvergnat va accueillir une arrivée d’étape de la Grande Boucle. Johnny Weltz (à gauche sur la photo ; archives La Montagne), dernier vainqueur en 1988, va enfin connaître le nom de son successeur.

Un final sans public... une grande première

"L’absence de public, c’était la condition sine qua non pour que les champions se réapproprient ce sommet mythique", confiait Christian Prudhomme, le patron du Tour dans le hors-série "Puy de Dôme, le retour", édité par le groupe Centre France. Dans leur volonté de "rendre la montagne aux coureurs", le directeur de la Grande Boucle et les équipes d’ASO ont été amenés ces dernières années à interdire certaines ascensions ou certains secteurs au public (lacets de Montvernier en Savoie, passage de la casse déserte dans l’Izoard). Mais jusqu’à présent, ces interdictions s’étaient appliquées en cours d’étape, et non dans l’ascension finale.

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Pour la montée du puy de Dôme, le public ne pourra pas accéder aux quatre derniers kilomètres d’ascension à partir de la barrière de l’ancien péage. Pour une raison sécuritaire, tout d’abord. La création du train à crémaillère a considérablement réduit la largeur de la route (3,5 mètres). La présence de spectateurs aurait rendu très difficile voire impossible le passage des - rares - véhicules autorisés à monter au sommet du célèbre volcan.

La deuxième explication est environnementale. Organisateurs et élus ont souhaité interdire la présence de spectateurs afin de préserver le site, classé Grand site de France depuis 2010 et labellisé au patrimoine mondial de l’Unesco. "Pour nous, réussir l’étape, c’est faire en sorte que sportivement elle soit belle et que le label de l’Unesco ne soit pas abîmé. C’est absolument nécessaire", a martelé Christian Prudhomme.

Une montée régulière et continue

Le puy de Dôme se démarque des autres cols mythiques qui ont également marqué l’histoire du Tour de France (l’Alpe d’Huez, le Tourmalet, le Ventoux, le Galibier…) par son ascension finale si singulière : cette montée continue d’un peu plus de quatre kilomètres qui s’enroule autour du célèbre volcan auvergnat jusqu’à son sommet avec cette pente régulière de 12 %. Une montée qui tranche avec l’ascension de l’Alpe d’Huez et ses… 21 virages.

"Je ne pense pas avoir déjà connu une ascension comme celle-ci", avouait le vainqueur du dernier Tour de France, le Danois Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) lors de la reconnaissance officielle organisée par le Département et ASO. "On ne peut pas profiter du répit qu’offrent généralement les épingles. Là, il faut tout le temps pousser." empty (empty)

Autre particularité de cette montée : la largeur de la route, qui ne permettra pas aux coureurs de doubler facilement. Le placement sera donc primordial au moment de s’attaquer aux quatre derniers kilomètres. "Il faudra être bien positionné au pied pour éviter de faire l’effort inutile", détaillait Valentin Madouas (Groupama-FDJ), récent champion de France.

Mais avant de penser au placement, il faudra déjà bien négocier la montée de 13,3 kilomètres (à 7,7 % ; source ASO) depuis le bas de l’avenue Bergougnan à Clermont-Ferrand (le tracé historique et le plus emprunté depuis la préfecture puydomoise). Car le final de cette 9e étape ne se résumera pas à la seule ascension des quatre derniers kilomètres du puy de Dôme…

Une ascension dans la légende du Tour

Bien qu’il ait moins accueilli le Tour de France que le Mont Ventoux ou encore l’Alpe d’Huez, le puy de Dôme fait pourtant partie des ascensions mythiques de la Grande Boucle. Après avoir vu Coppi triompher à son sommet pour sa première apparition sur la carte du Tour en 1952, le Géant des dômes est entré à jamais dans l’histoire de la Grande Boucle un certain 12 juillet 1964, lorsque Anquetil et Poulidor offraient au sport français l’un de ses plus beaux duels.

La photo a fait le tour du monde et traversé les générations. Jacques Anquetil, maillot jaune sur les épaules, et Raymond Poulidor, coude à coude dans l’ascension du puy de Dôme. D’un côté, "Maître Jacques", le Normand vainqueur des trois dernières éditions du Tour de France. Et de l’autre, "Poupou", l’éternel second et chouchou du public qui rêve de revêtir pour la première fois la tunique jaune. Le Tour 64 se joue sur les pentes du Géant des dômes, entre deux champions qui scindent la France en deux. Raymond Poulidor finira par lâcher Jacques Anquetil et terminera troisième de l’étape. Mais au sommet, le Normand conservera 14 secondes d’avance au général sur le Limousin et s’adjugera deux jours plus tard sa cinquième victoire (la quatrième de suite) sur l’épreuve. Ce duel immortalisé par l’une des images les plus iconiques du sport français a fait entrer à jamais le puy de Dôme dans la légende du Tour.

Onze ans plus tard, le 11 juillet 1975, le célèbre volcan auvergnat est une nouvelle fois associé à l’un des faits les plus marquants de l’histoire du Tour : à quelques encablures du sommet, Eddy Merckx, maillot jaune et déjà quintuple vainqueur de l’épreuve, est frappé en pleine ascension par un spectateur. Ce coup de poing empêchera le Cannibale, qui ne s’est jamais imposé au puy de Dôme sur le Tour de France, de rentrer un peu plus dans l’Histoire…

Manuel Caillaud

Source: La Montagne