Puy de Dôme sur le Tour de France : les souvenirs des coureurs bretons

July 09, 2023
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Il n’a disputé qu’une seule fois le Tour de France. Mais c’est celui de 1964, celui du mano a mano légendaire entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor sur les pentes du volcan auvergnat. « J’étais complètement scotché mais je n’étais pas le seul dans ce cas », se souvient en souriant François Hamon, ancien coureur de l’équipe Peugeot-BP. Près de 60 ans après l’étape historique Brive-la-Gaillarde - Clermont-Ferrand, l’ancien coéquipier du Britannique Tom Simpson se rappelle aussi de son braquet utilisé (« 42x25 »), de la foule qui écoutait le Tour à la radio des deux côtés de la chaussée, de la chaleur et des atrocités de la rampe.

« Quand j’ai vu le mur après le péage… Oh, nom de Dieu ! C’était une montée très régulière, ce n’était pas possible de reprendre son souffle, c’était en prise tout le temps, », ajoute le coureur originaire de Guerlesquin (près de Morlaix). Il s’était classé 56e à l’arrivée à 11’14’’, à une dizaine de minutes du fameux binôme Poulidor (3e) - Anquetil (5e). « J’étais à ma place. Moi, j’étais un petit coureur. »

Professionnel de 1973 à 1984, le Costarmoricain Maurice Le Guilloux a escaladé, de son côté, le Puy de Dôme à trois reprises sur le Tour de France. Ce ne sont pas ses meilleurs souvenirs… « Je l‘avais déjà monté lors de la Route de France à la fin des années 60. J’étais endurant, j’ai toujours aimé la montagne, les longs cols etc. Mais le Puy de Dôme, pouafff ! », s’exclame-t-il.

« C’est simple, c’est la montée la plus difficile que j’ai effectuée de toute ma carrière. Ce n’est pourtant pas un col, c’est juste une côte mais quelle côte… À titre d’exemple, elle est bien plus dure que l’Alpe-d’Huez où l’on a le temps de récupérer dans les virages. Dans le Puy de Dôme, il y a zéro répit, il n’y a pas un seul moment où tu peux respirer. Et moi, je détestais ça ! », raconte celui qui avait pris la 70e place en 1975 (son leader chez Gitane-Campagnolo, Lucien Van Impe, l’avait emporté), 57e en 1976 et 45e en 1978 (il s’agissait lors d’un chrono individuel).

« Pour en avoir souvent reparlé avec eux, Anquetil avait réussi à endormir Poulidor en 1964 : si Poupou, qui était beaucoup plus fort ce jour-là, avait attaqué au pied, il aurait gagné le Tour de France. C’est le grand regret de sa carrière. »

« L’impression d’être en ligne droite »

Lors de ses deux premières participations au Tour de France, Ronan Pensec avait croisé le fer dans le Puy de Dôme. En juillet 1986, sous le maillot à damiers Peugeot, le grimpeur finistérien avait pris la 26e place de l’étape qui s’élançait de Saint-Étienne (1986) et deux années plus tard, il s’était classé 15e au sommet, une dizaine de secondes derrière le Francilien Éric Boyer avec qui il était à la lutte pour la place de premier Français. « C’est une montée vraiment à part. Là-bas, vous avez un peu l’impression d’être sur une ligne droite. Il n’y a pas de virage en épingle, pas de replat. Lorsque vous avez les jambes, c’est top. Mais si vous êtes à la ramasse, même si ce n’est pas très long, cela devient interminable », ajoute « Pinpin », 6e et 7e du Tour de France ces années-là.

Un essaim d’abeilles sur la route !

En contre-la-montre (1983), en équipier (1986) et dans un rôle de franc-tireur (1988) : Philippe Leleu, pro de 1981 à 1989, n’a jamais abordé la célèbre montée du Massif central dans les mêmes dispositions. « Mais ça s’est toujours plutôt bien passé », se souvient le Costamoricain qui, comme beaucoup, avait fait connaissance avec le Puy de Dôme (« et de son ascension en colimaçon ») lors de la Route de France. Lors du chrono auvergnat, Leleu s’était ainsi classé 63e (à cinq minutes de l’Espagnol Angel Arroyo, le vainqueur) après avoir croisé… un essaim d’abeilles ! « J’avais été obligé de passer dedans. Du coup, je ne pouvais pas respirer comme je le voulais. »

Trois ans plus tard, sans être embêté par les insectes, Leleu avait placé ses leaders (Hinaut et LeMond) au pied de la dernière difficulté (85e) puis, en 1988, il s’était classé aux portes du top 20 (21e).

Hinault en avait rêvé

Source: Le Télégramme