Campings en Corse : avis de grisaille sur l'hôtellerie de plein air

July 09, 2023
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Calvi

Les campings ne font plus le plein. La tendance est générale : la saison 2023 ne remplit ses promesses ni en termes d'occupation, ni en termes de réservations. Les quelque 200 établissements recensés par l'agence du tourisme de la Corse (ATC) sur l'île partagent le constat d'une morosité qui touche aussi l'hôtellerie et la restauration. Pourtant, le camping a de nombreux atouts. Il est un mode d'hébergement souvent moins coûteux que l'hôtellerie traditionnelle ou la location d'un meublé de tourisme. Dans un contexte d'inflation généralisée et de difficultés économiques, l'argument pèse forcément dans le budget vacances. D'autre part, le camping est aussi le gage d'une proximité avec la nature, sur une île où les activités outdoor sont prisées. Enfin, l'hébergement de plein air offre bien souvent son lot d'équipements divers et d'animations, notamment pour les plus jeunes.

Les établissements, même basiques, enrichissent leur offre de prestations : location de vélos, cours de fitness, laverie, wifi gratuit, salle de sport... Malgré la garantie de belles vacances en famille, les tentes, camping-cars et mobil-homes sont boudés par leur clientèle habituelle. « On va vers une mauvaise saison 2023, s'inquiète Guy Lannoy, président de l'une des deux fédérations d'hôtellerie de plein air sur l'île et propriétaire d'un camping à Porto. La situation économique et l'inflation jouent leur rôle ici aussi, sans compter le surcoût de l'insularité. On va à la catastrophe. Le problème, c'est la promotion : la Corse n'est plus vue nulle part. La présidente de l'ATC a décidé de ne pas faire de pub. Pour la première fois depuis quinze ans, j'ai repris l'accueil des colonies de vacances. Autrement, je ne pourrais pas payer mes vingt-deux salariés. » « On est tous inquiets » La grande majorité des campeurs arrive en Corse par la mer. Alors, contrairement au Continent, les ponts de mai n'ont pas été synonymes d'affluence. La logistique du transport est trop contraignante pour un séjour aussi court. « La clientèle française représente plus de 70 % du marché, estime Sébastien Tapias, le responsable du camping les Castors, à Calvi. Le reste, ce sont des Italiens et surtout des Européens du nord, pour qui le camping est culturel. Sur l'île, il n'y a quasiment pas de marché local. Donc les ponts ne nous ont pas fait travailler. Juillet est toujours un peu long au démarrage et pour la première fois, nous avons des trous dans le planning du mois d'août. Franchement, on est tous assez inquiets. » L'autre tendance que constatent les hébergeurs de plein air, c'est un raccourcissement des séjours. Plus volatile que jamais, la clientèle ne reste parfois que deux ou trois jours, réserve en dernière minute ou annule tardivement. Les établissements n'ont d'autres choix que de s'adapter à ces nouveaux comportements. Souvent, le site de location de meublés entre particuliers Airbnb est montré du doigt, accusé de « diluer » la clientèle touristique.

« Nous avions des perspectives favorables au premier trimestre, puis il y a eu une succession d'événements et un véritable coup d'arrêt sur la haute saison, entre la mi-juillet et le 20 août, analyse Alain Venturi, le président de la fédération corse de l'hôtellerie de plein air. On a pris du retard par rapport aux réservations de l'an dernier et ça ne se résorbe pas. Les raisons sont multiples, selon moi : la réforme des retraites, les récentes émeutes, la météo capricieuse du début de saison face à du beau temps dans le nord. Il y a bien sûr un handicap structurel lié aux transports, qui sont toujours plus chers année après année, le manque de rotations et de sièges disponibles, la location chez les particuliers. » Une réunion à Bastia Du côté de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), principal syndicat du secteur, on assure que les difficultés ne sont pas l'apanage des campings mais touchent l'ensemble des professionnels du tourisme. « Aucun socioprofessionnel en Corse ne vous dira qu'il fait une belle saison, avance Karina Goffi, présidente de l'Umih régionale. Après déjà trois mois de saison, on sent que juillet et août ne seront pas bons non plus. On espère que septembre sera meilleur, avant une fermeture probablement anticipée. Franchement, tout le monde se plaint : les autocaristes, les guides conférenciers, les montagnards. Le phénomène Airbnb impacte les hébergeurs, d'accord, mais il ne devrait pas toucher la restauration et les activités. Il y a une baisse de pouvoir d'achat. On a du mal à comprendre, l'aérien et le maritime sont complets. Où vont les gens ? »

Source: Corse Matin