"Je ne m’attendais pas à ça" : Christian Prudhomme, le patron du Tour, dresse le bilan de l'étape du puy de Dôme
Que retenez-vous de cette journée ?
"C’est un succès populaire qui est allé au-delà de ce que j’avais imaginé dans Clermont et jusqu’à 5 km de l’arrivée. Avec, à certains moments, carrément un mur de public devant les coureurs de tête. Un mur que j’ai rarement vu, même dans les grandes années de l’Alpe d’Huez. Je ne m’attendais pas à autant, autant, autant (il répète, Ndlr) de monde sur les 7 km qui précédaient. Et ensuite, bien sûr, il y a eu ce bras de fer qui continue entre Vingegaard et Pogacar. On sent que l’élastique ne s’est pas rompu et on ne sait pas dans quel sens il va casser mais ils étaient tous les deux à bout. On le savait, c’est très rude le puy de dôme. Et le géant qui renaît d’un point de vue cycliste l’a prouvé. Il y a tellement de pente qu’on voit d’abord la tête des coureurs, c’est toujours très impressionnant. Voir les coureurs sortir comme ça, c’est rare. On voit ça au Ventoux, à la Planche des Belles Filles et on le voit au puy de Dôme."
"C’est l’absence de public dans le final qui a permis aux champions de s’exprimer"
Un duel dans le silence singulier du final…
"Il y a évidemment eu un contraste saisissant entre justement la folie totale jusqu’à 5 km et le silence ensuite. Et 10 degrés de moins aussi entre la fournaise de Clermont à 34° et le sommet où il faisait bon. Mais c’est l’absence de public qui a permis aux champions de s’exprimer. Parce que quand il y a autant de public comme ça, c’est juste injouable. En tout cas, Vingegaard sauve son maillot pour 17 secondes. Anquetil avait gardé le sien pour 14 mais il ne restait que deux jours derrière. Là, il reste deux semaines, donc le bras de fer va continuer. Aujourd’hui (hier, Ndlr), c’était très impressionnant, entre deux champions de haut vol et dans un lieu mythique."
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Et il y a la victoire de Michael Woods…
"Quel scénario ! Là, on a été surpris. Au départ, on n’imaginait pas l’échappée partir aussi vite. Sans les Alaphilippe, Bardet ou van der Poel. Malgré cet écart monumental de 16 minutes, il y a eu un très beau final parce qu’il y a eu le retour de Woods, qui était largement distancé au pied. Il a été très fort. On le connaît, c’est un remarquable coureur qui était a priori le meilleur grimpeur du groupe. Eh bien, il l’a prouvé en remontant et en s’imposant. Je suis juste un peu défait pour Jorgenson qui a fini complètement épuisé."
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Le défi est rempli ?
"Dans le défi du Tour, il y avait aussi le respect du site, ce qui pouvait faire peur à certains au départ. Et là, je dois féliciter absolument toutes les équipes du Département qui ont fait un boulot incroyable et les services de l’État qui ont œuvré pour que, justement, il y ait quelques privilégiés comme nous, qui aient un minimum de choses là-haut et qu’on puisse d’une certaine manière rendre la montagne aux champions."
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Vous êtes fier de ce retour au puy de Dôme ?
"Quand on voit le monde, la folie en bas, ça veut dire que ça a créé un engouement incroyable. Avoir fait revivre ça, avoir donné une fierté, je crois, à tous les Auvergnats de remettre le puy de Dôme au centre de la carte du Tour de France, au centre de la carte du monde sportif pour une journée, c’est quelque chose de très fort. C’est un site tellement particulier, on l’a vu aujourd’hui. À 40 km de l’arrivée tout d’un coup, au détour d’un virage, paf, le puy de Dôme ! C’est un site tout à fait particulier, au-dessus de la cathédrale noire de Clermont, avec un final raide et une montée complètement singulière. Et en plus, le beau temps était au rendez-vous."
Il a fallu attendre 35 ans pour que le Tour y revienne. Combien faudra-t-il attendre pour la prochaine fois ?
"Ça, je ne sais pas. Mais 35 ans, ça faisait un petit peu long en tout cas… (sourire)."
Propos recueillis par Laurent Calmut
Vidéo : Grégory Gomez
Source: La Montagne
