à Berlin, les toxicomanes font tester gratuitement leurs drogues dans des centres

July 10, 2023
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À Berlin, en Allemagne, les toxicomanes peuvent désormais faire tester leurs cachets d'ecstasy ou leur dose d'héroïne avant consommation. Une opération baptisée "Drug Checking", lancée en juin dans la capitale allemande, qui détient le nombre record du nombre de décès liés à la drogue.

Avec le projet "Drug Checking", lancé par la ville de Berlin au mois de juin, les autorités veulent tenter de limiter les dommages causés par la drogue dans la capitale allemande. Dans trois centres, les toxicomanes, peuvent faire vérifier gratuitement et anonymement leurs échantillons de drogue avant de la consommer, pour savoir ce qu'elle contient exactement.

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Dans le centre du quartier de Charlottenburg, dans l'ouest de Berlin, les consultations se font une fois par mois, sur rendez-vous. Les consommateurs reçoivent un code personnel et anonyme, et sont ensuite reçus par Conor Toomey. "On pose quelques questions pour savoir où les gens ont acheté la substance et ce qu'ils pensent avoir acheté. On en récupère une petite quantité dans ce sachet ou cette pipette et on envoie l'échantillon au laboratoire", explique le responsable. Depuis le début de l'opération, 200 tests ont été réalisés à Berlin.

Conor Toomey, l'un des responsables du programme "Drug Checking" à Berlin, avec le kit pour prélever les échantillons de drogue. (SÉBATSIEN BAER / RADIO FRANCE)

"Le consommateur ne sait pas ce qu'il absorbe"

Les prélèvements sont ensuite envoyés et testés au laboratoire de toxicologie de Berlin, dans une petite pièce pas plus grande qu'une cuisine. Stefan Scholtis analyse chaque semaine une cinquantaine d'échantillons de LSD, d'ecstasy, d'amphétamines, de cocaïne, et très souvent, il retrouve des impuretés.

"Dans plus d'un cas sur deux, il y a des mélanges, par exemple de la cocaïne avec un anesthésiant qui, à forte dose, peut causer des troubles du rythme cardiaque et entraîner la mort, déplore le scientifique, qui pointe un autre problème : "Les quantités très variables de substances actives. Un cachet peut en contenir très peu, ou alors beaucoup. Le consommateur ne sait pas ce qu'il absorbe."

Le chef du laboratoire de toxicologie à l'institut médico-légal de Berlin, Stefan Scholtis. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Une initiative saluée par Bernhard, qui attend devant le centre de Neukölln pour faire tester son échantillon. "En principe, on connaît les dealers chez qui on achète. Évidemment, ils veulent garder leurs clients et ne souhaitent pas qu'ils meurent. Mais ça peut toujours être dangereux si on ne sait pas ce qu'il y a dedans. C'est bien de pouvoir faire les tests."

La capitale allemande victime des ravages de la drogue

L'opération "Drug Checking" est censée aider à lutter contre les ravages de la drogue, surtout à Berlin, où 223 personnes sont mortes à cause de la drogue en 2021, un chiffre record dans le pays. Si certains détracteurs y voient une opération qui pourrait encourager la consommation de drogues, Vasili Franco n'est pas de cet avis. "La consommation de drogue est une réalité. On peut l'interdire, on peut la punir, les gens vont quand même se droguer, assure celui qui suit le dossier pour le parti écologiste. Le rôle des politiques n'est pas de détourner le regard, mais de proposer de l'aide. Et si les gens prennent des drogues, ils doivent le faire de la manière la plus sûre possible."

L'expérience doit s'achever à la fin de l'année, mais face au succès rencontré, elle pourrait être prolongée, voire étendue à d'autres régions d'Allemagne.

Source: franceinfo