Athlétisme : la Cour européenne des droits de l’homme donne raison à Caster Semenya, athlète hyperandrogène
La Sud-Africaine Caster Semenya en finale féminine du 5 000 mètres de la 22ᵉ édition des Championnats d’Afrique d’athlétisme, au Complexe sportif national de la Côte d’Or à Saint-Pierre (île Maurice), le 9 juin 2022. FABIEN DUBESSAY / AFP
Triple championne du monde du 800 mètres (2009, 2011, 2017), Caster Semenya ne pourra pas s’aligner cet été au départ des championnats du monde à Budapest, ni aux Jeux olympiques à Paris, en 2024. En cause ? Les règles édictées en 2018 par World Athletics (WA) concernant les athlètes avec des différences de développement sexuel.
Ces dernières stipulent que les athlètes ayant un taux de testostérone trop élevé sont tenues de prendre un traitement pour concourir avec les femmes. Une injonction à laquelle s’est toujours refusée l’athlète sud-africaine, qui mène depuis un combat judiciaire. Mardi 11 juillet, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a estimé que l’athlète de 32 ans était victime de discrimination. Une décision qui n’ouvre toutefois pas directement la voie à sa participation sur 800 mètres sans traitement.
Caster Semenya avait décidé de poursuivre la Suisse devant la CEDH après que la justice helvète a confirmé, en août 2020, une décision du Tribunal arbitral du sport (TAS) datant de 2019, validant le règlement de la fédération internationale au nom de « l’équité sportive ».
La Suisse épinglée
Dans une décision rendue avec une courte majorité de quatre juges contre trois, la CEDH a estimé que la requérante n’a pas bénéficié en Suisse des garanties institutionnelles et procédurales suffisantes qui lui auraient permis de faire valoir ses griefs. Par ailleurs, la CEDH a relevé que « la Suisse a outrepassé la marge d’appréciation réduite dont elle jouissait dans le cas d’espèce qui portait sur une discrimination fondée sur le sexe et les caractéristiques sexuelles, laquelle ne peut être justifiée que par des considérations très fortes ». En revanche, la décision de la Cour de justice européenne n’invalide pas le règlement de World Athletics et ne devrait donc pas dénouer l’affaire pour Caster Semenya.
La Sud-Africaine n’a demandé aucun dommage matériel ou moral, et assure poursuivre son combat pour les athlètes qui pâtissent de cette réglementation. « Le sport n’a jamais été équitable et ne le sera jamais. Si c’était le cas, on serait tous les mêmes sans aucune différence », avait déclaré l’intéressée à L’Equipe, la semaine dernière.
En mars, World Athletics a abaissé son seuil de testostérone (sur 24 mois) autorisé en compétition pour les athlètes hyperandrogènes. Etabli à 5 nmol/L dans le précédent règlement de 2018, il doit se maintenir désormais à 2,5 nmol/L. La règle s’applique par ailleurs à toutes les disciplines et non plus aux seules courses comprises entre le 400 mètres et le Miles (1 600 mètres).
Source: Le Monde