L’Autorité de la concurrence estime avoir généré 20 milliards d’euros de gains pour l’économie française depuis 2011

July 11, 2023
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Benoît Cœuré, président de l’Autorité de la concurrence, à Paris, le 6 juillet 2022. ÉRIC PIERMONT / AFP

Elle veille sur vous, consommateurs et entreprises ! Et cela paie économiquement. C’est le message qu’a voulu faire passer le président de l’Autorité de la concurrence, mardi 11 juillet, en présentant son rapport annuel. Ce document révèle, selon Benoît Cœuré, le « rôle proactif » d’une institution indépendante dont la mission est de s’assurer du maintien d’un jeu ouvert et équitable du marché, et de protéger ainsi le pouvoir d’achat des Français comme le bon fonctionnement des sociétés.

Huit mois après sa nomination, en janvier 2022, l’ancien membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) avait réalisé son premier fait d’armes, en septembre, au terme d’un « examen approfondi » : le rejet du mariage TF1-M6, qui faisait peser de gros risques concurrentiels sur le marché publicitaire. Si la lutte contre la hausse des prix relève d’abord de la BCE et des gouvernements, M. Cœuré estime que son institution a un rôle à jouer.

Il rappelle la responsabilité des grands groupes, dont « l’augmentation des profits joue un rôle majeur dans la dynamique inflationniste actuelle ». Leur pouvoir de marché excessif a plus contribué à l’inflation que les augmentations salariales en 2022-2023, comme la BCE elle-même l’a dénoncé. Il les a menacés de sanctions dans un entretien au Parisien du 17 juin. L’alimentation fait l’objet d’une « veille active » et des groupes d’énergie ont été sanctionnés, notamment EDF et Gaz de Bordeaux.

Signalements et lanceurs d’alerte

De son côté, Essilor l’a aussi été pour entrave à la vente en ligne de verres correcteurs. Les sanctions pécuniaires, très variables d’une année sur l’autre, ne reflètent qu’une partie de l’action de l’Autorité. Avec 468 millions d’euros d’amendes pour treize affaires, 2022 est loin des 1,8 million de 2020, liés à une amende de 1,2 million contre Apple.

Sur les dix derniers exercices, le montant annuel moyen (avant recours) s’établit à 712 millions. M. Cœuré estime que depuis 2011, le « gendarme » a fait faire un gain de 20 milliards à l’économie. Un montant obtenu par l’addition des amendes infligées et des surcoûts évités grâce à son intervention pour mettre un terme aux abus des entreprises.

De plus, le nombre d’affaires en cours (hors concentrations) a été divisé par trois en vingt ans pour tomber à 104, signe qu’il a réduit ses délais d’instruction.

L’institution a ouvert une boîte de signalements sur son site et va en créer une pour les lanceurs d’alerte. L’outre-mer fait l’objet d’une vigilance particulière, l’éloignement de la métropole entraînant « un coût de la vie particulièrement élevé » et « des phénomènes de forte concentration ». « Notre action dans les outre-mer demeure une des priorités », écrit M. Cœuré.

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Source: Le Monde