Tour de France 2023 - "Ça aurait pu être un désastre" : David Gaudu et Romain Bardet ont frôlé la catastrophe

July 11, 2023
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Pour David Gaudu et Romain Bardet, la journée a été neutre en apparence, pour qui n'aurait pas suivi cette 10e étape. Certes, le second a quitté le Top 10 au général en perdant une place au profit de Pello Bilbao échappé et victorieux à Issoire. En dehors de cela, ils sont arrivés avec le maillot jaune et ses principaux poursuivants. Tranquille ? Pas vraiment, non. Les deux meilleurs Français au classement ont connu une journée bien difficile et une première heure et demie infernale, au cours de laquelle ils auraient pu perdre définitivement toute chance de bien figurer à Paris.

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Pourtant, tout avait bien commencé pour Romain Bardet. Le natif de Brioude, peut-être motivé par la perspective de cette journée dans son Auvergne natale, a été le premier grand nom à porter l'estocade dès le départ, à la faveur de ce départ en côte à la sortie de Vulcania. C'est lui qui, sans le vouloir, a déclenché ce début de course complètement zinzin qui a amené sept des onze premiers de ce Tour, dont Jonas Vingegaard et Tadej Pogacar, à se retrouver échappés.

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"Les jambes de Romain étaient vraiment bonnes au départ, a souligné le directeur sportif de l'équipe DSM, Matt Winston. Il a mis la pression dans la première montée et a réussi à se dégager d'un bon groupe." "Je me sentais bien au début et nous voulions essayer quelque chose, confirme Bardet. Nous étions partis dans un groupe dangereux, mais les autres équipes du classement général ont ramené le peloton."

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Réaction rapide

L'affaire aurait pu en rester là mais ce n'était que le début. Moins de 10 minutes plus tard, lorsque Radio Tour a annoncé "Romain Bardet distancé du peloton", on a d'abord cru à une erreur. Comment pouvait-il lâcher prise si peu de temps après avoir attaqué ? "Pendant quelques minutes, j'ai payé le prix de ce départ difficile, je suis passé dans le rouge et cela m'a coûté cher", avoue le Français. "Quand il fait aussi chaud, les efforts se payent, surtout avec l'intensité du groupe, ajoute Winston. Une fois revenu sur le groupe de tête, je pense qu'il a eu une période de cinq minutes où il s'est mis dans le rouge et où il s'est un peu cramé."

Une poignée de secondes plus tard, deuxième coup de bambou pour le cyclisme français : "David Gaudu distancé à son tour". Cela commençait à sentir la Berezina. Le Breton, lui, ne pouvait payer le contrecoup d'une offensive préalable. Il n'avait simplement pas de bonnes jambes. "Ça m'a rappelé un peu le Dauphiné et j'ai eu peur", avoue Marc Madiot en référence à la dernière course par étapes disputé par son leader avant le Tour. Gaudu y était apparu en grande difficulté.

"J'ai eu un coup de chaud, précise l'intéressé. Les lendemains de repos, ça peut ne pas pardonner. Je ne suis pas un grand fan des journées de repos, je ne suis pas un grand fan de la chaleur non plus." Deux bonnes raisons de vivre une journée galère, d’autant que le mercure a continué à grimper mardi pour atteindre des sommets depuis le départ de ce Tour. Voilà comment Bardet et Gaudu se sont retrouvés à environ 2'30" du peloton dans une situation plus que précaire, puisque tous les autres membres du Top 10 étaient, eux, au chaud dans le groupe maillot jaune.

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Heureusement pour le duo en perdition, tout a fini par se calmer à l'avant et le peloton a enfin levé le pied. Ils ont toutefois leur part de mérite dans ce retour. Leurs équipes aussi. Chez Groupama, la réaction a été rapide. Toute l'équipe, en dehors de Thibaut Pinot, a décroché illico. "Quand ton leader est en difficulté, plus tu hésites et plus tu te mets dans une situation irrécupérable. On n’avait pas d’autre choix que d’agir vite", selon le directeur sportif Philippe Mauduit.

Cela aurait pu être une très bonne journée, mais à un moment donné, cela aurait pu être un désastre

Même satisfaction chez DSM, à en croire Matt Winston : "L'équipe a fait un travail fantastique pour rester calme, garder son sang-froid et ramener Romain dans le peloton. Les gars ont vraiment bien travaillé ensemble pour contrôler la situation." Philippe Mauduit l'assure, jamais il n'a envisagé le scénario - catastrophe. "L'écart a été important mais j'avais confiance en nos coureurs pour bien gérer la situation et je n'ai jamais douté. Je savais qu'ils allaient rentrer", jure-t-il.

Faut-il croire à la thèse du "simple" coup de chaud ? David Gaudu avance un élément rassurant : "J'ai senti assez rapidement que ça allait beaucoup mieux. Dans le troisième col (la Croix Saint-Robert, 2e catégorie, NDLR), ça tournait rond, les jambes étaient débloquées." Mais il l'admet, tout seul, il n'en serait pas sorti indemne. "J'ai eu la chance de pouvoir compter sur une grande équipe, qui m'a soutenu toute la journée, assure-t-il. Sans eux, je pense que j'aurais terminé loin aujourd'hui."

"En fin de compte, je pense que la journée s'est bien passée. Cela aurait pu être une très bonne journée, mais à un moment donné, cela aurait pu être un désastre", résume-t-on chez DSM par la voix de Matt Winston. Une chose est sûre, tout ceci n'est pas rassurant dans l'optique de la suite du Tour. Mais voici une autre vérité : au plan chronométrique, les conséquences sont nulles pour Romain Bardet et David Gaudu. Avoir évité la déroute, c'est leur victoire du jour.

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Source: Eurosport FR