Disparue du Vatican : la piste d’un drame familial envisagée, la famille d’Emanuela Orlandi s’insurge

July 11, 2023
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Une piste de plus ? Ou celle qui mènera à l’élucidation de l’une des plus célèbres énigmes judiciaires d’Italie ? Quarante ans et 19 jours après la disparition d’Emanuela Orlandi, des informations diffusées par la chaîne de télévision privée La7 ouvrent désormais une autre piste.

L’adolescente, âgée de 15 ans, a disparu le 22 juin 1983. Après avoir quitté son cours de chant, Emanuela n’est pas rentrée chez elle au Vatican. Le minuscule État, même pas grand comme deux fois le jardin du Luxembourg, comptait déjà plusieurs centaines d’habitants voués, pour les non religieux, au fonctionnement du Saint-Siège. Son père, Ercole Orlandi, travaillait à la préfecture de la Maison pontificale, le « cabinet » du Pape. Il vivait sur place avec son épouse et leurs quatre filles et leur fils Pietro, qui continue de remuer régulièrement les médias pour avoir des réponses. La thèse de l’enlèvement s‘était imposée deux jours après la disparition de l’adolescente : un homme se faisant appeler « L’Américain » avait exigé contre la vie d’Emanuela la libération de Mehmet Ali Agca, l’homme qui a tenté d’assassiner le pape Jean-Paul II en mai 1981, place Saint-Pierre.

Au fil des années, l’affaire a connu de nombreux rebondissements, à la mesure des connivences et des luttes de pouvoir au sein du plus petit État du monde, et des fantasmes qu’il engendre. L’affaire de la « Disparue du Vatican » a donné lieu à d’innombrables spéculations mettant en cause le KGB, des services secrets, la mafia, les hautes autorités vaticanes ou la franc-maçonnerie. Cette affaire a également inspiré une récente série documentaire à succès, « Vatican Girl », diffusée sur Netflix.

Selon La7, le parquet du Vatican a remis à son homologue de Rome, il y a quelques semaines, un échange épistolaire entre un haut dignitaire du Vatican et un prêtre en septembre 1983, trois mois après la disparition de la jeune fille. Le secrétaire d’État Agostino Casaroli, qui est alors n° 2 du Vatican, écrit par la voie diplomatique à un prêtre qui fut le conseiller spirituel de la famille Orlandi. Il lui demande de lui confirmer que Natalina Orlandi, l’une des sœurs d’Emanuela, a été harcelée sexuellement par leur oncle, Mario Meneguzzi, aujourd’hui décédé. En réponse, le confesseur, envoyé en Colombie par Jean-Paul II, reconnaît que la jeune fille s’est confiée à lui en ce sens, et qu’elle s’est tue de crainte de perdre son emploi à la Chambre des députés où son oncle, qui tenait la buvette, l’avait embauchée.

#intanto Esclusivo, caso Orlandi: scoperti documenti che aprono a una nuova ipotesi. https://t.co/BY1ozJXSKD — La7 (@La7tv) July 10, 2023

Cette révélation n’en est pas vraiment une : Natalina Orlandi, selon La7, avait tout raconté aux enquêteurs. Même si le portrait-robot de l’homme vu avec Emanuela le jour de sa disparition ressemblait à son oncle, l’enquête n’a pu démontrer son implication. L’enquête contre Meneguzzi, proche des services de sécurité intérieur de l’époque, intronisé porte-parole de la famille, avait été rapidement abandonnée, mais aucun motif n’avait pu être trouvé.

Source: Le Parisien