" Nous avons perdu 300 000 chats " : à Chypre, un coronavirus provoque une hécatombe de félins

July 11, 2023
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« Nous avons perdu 300 000 chats depuis janvier ». À Chypre, les responsables sont inquiets en raison de la propagation d’une maladie, la péritonite infectieuse féline (PIF). Cette maladie provient d’une mutation de FCoV, un coronavirus commun chez les chats. Fièvre, gonflement de l’abdomen voire agressivité… Les symptômes de la PIF sont multiples et l’issue quasiment tout le temps fatale.

Selon Jeanne Brugère-Picoux, professeure à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (Val-de-Marne), « la PIF est rencontrée surtout chez les sujets jeunes, très âgés ou immunodéprimés ». Le virus se transmet notamment par la voie féco-orale. La vétérinaire qui a longuement travaillé sur les coronavirus précise « qu’il n’y a pas de traitement spécifique à cette maladie », dont le taux de mortalité avoisine les 100 %. Elle assure également qu’il n’y a pas de risque de transmission à l’Homme : « Ce n’est pas dangereux pour nous. On pense tout de suite au Covid-19 mais ça n’a aucun rapport ».

Chypre, l’île aux chats

À Chypre, les chats sont chez eux. L’île d’environ 1,2 million d’habitants compterait selon les spécialistes plus de chats que d’humains. D’après la légende, l’impératrice romaine Hélène aurait fait venir des chats sur place pour se débarrasser des serpents. En réalité, les recherches ont montré que c’est ici qu’a été découverte la plus vieille trace de domestication de l’animal, il y a plus de 9 000 ans.

Depuis, les chats sont en surpopulation. Face au nombre, le gouvernement avait lancé une campagne de stérilisation au début des années 2010. Avec la pandémie de Covid-19 et le départ de nombreux expatriés ou binationaux, les abandons se sont multipliés et les refuges aussi.

Dinos Ayiomamitis, président de « Cats PAWS Cyprus » et vice-président de « Cyprus voice for Animals » (CVA), exhorte le gouvernement à prendre des mesures pour endiguer l’épidémie. « La colonie va bien, mais nous sommes inquiets, car si un seul est infecté, les autres le seront aussi », confie ce retraité de 70 ans qui nourrit une soixantaine de félins dans un cimetière de Nicosie.

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Selon les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture, seuls 107 cas ont été recensés dans la partie sud de l’île, divisée depuis l’invasion de la partie nord par la Turquie. Mais ces estimations ne refléteraient pas la réalité. Plusieurs praticiens témoignent de la difficulté à diagnostiquer la maladie et d’un manque de ressources pour le faire. Beaucoup de chats sur l’île sont errants et meurent seuls sans que leurs cadavres ne soient retrouvés, d’après plusieurs bénévoles locaux.

Des cas dans les pays voisins

Même si aucun traitement véritable n’existe, deux options ont été considérées pour endiguer l’épidémie : l’utilisation d’un médicament approuvé pour le coronavirus humain en Inde, le molnupiravir, et un médicament antiviral vétérinaire approuvé en Angleterre, appelé « GS-441524 ». Ce dernier est le seul à être autorisé à Chypre mais son prix est prohibitif, entre 3 000 et 7 000 euros par chat. En conséquence, les méthodes clandestines sont de mise. « Nous achetons nos médicaments sur le marché noir en ligne ou sur des groupes Facebook. Nous gardons nos fournisseurs secrets pour pouvoir continuer à soigner nos animaux », confie une Chypriote sous couvert d’anonymat.

Source: Le Parisien