"46 secondes de son contexte" : Gérald Darmanin regrette ses propos sur les policiers et leur niveau d’études
« Faut-il mieux sélectionner les policiers ? Très certainement », avait répondu Gérald Darmanin, interrogé sur la formation des policiers , après les émeutes et le tir à bout portant sur le jeune Nahel, 17 ans. « Je constate avec vous, – si vous me le permettez – que je suis à la tête d’un ministère où, à part les commissaires de police, ceux que nous recrutons, c’est souvent des enfants, de 18, de 19, de 20 ans, qui n’ont pas fait de très grandes études. Et qui choisissent les services de la Nation par la police ou la gendarmerie. Je ne suis pas à la tête du ministère de la Justice, où les gens passent des concours à Bac+4, Bac+5 ! Ou à l’Éducation nationale, – où les gens sont très mal payés par ailleurs, comme les policiers – mais enfin ils ont capital social très important ! », avait-il estimé. « Mettons nous un instant à la place de jeunes qui choisissent le service de la police ou de la gendarmerie, que nous devons former, nous. Donc, oui, cela demande une exigence supplémentaire parce qu’en plus, ces personnes ont la contrainte légitime des armes . »
D’après le ministre, c’est une polémique qui a été lancée par l’extrème droite, a-t-il argué sans en dire davantage. De polémique, il s’agit de ses propos qu’il a tenu lors d’une autidion devant le Sénat sur le niveau d’études des policiers.
« Si des propos ont blessé et été mal interprétés, je les regrette. Cela fait trois ans que je défends de toutes mes forces la police et le gendarmerie. Moi-même étant issu d'un milieu très modeste, sans grand diplôme, il n'y a aucune volonté de blesser, bien au contraire », a réagi Gérald Darmanin, dans une interview accordée à Actu17, média consacré à l’actualté police-justice et faits-divers.
« J’ai défendu fortement les policiers »
« Je constate que cette polémique est lancée par l'extrême droite. C'est un peu décevant de la part de ceux qui la commentent. Les policiers passent leur temps à dire - et ils ont bien raison - qu'il ne faut pas prendre 15 secondes d'une intervention et qu'il faut la regarder dans son intégralité, avant d'accuser. Je constate que j'ai fait 1h26 de commission au Sénat, où j'ai défendu très fortement les policiers (Gérald Darmanin était interrogé au sujet de la récente vague d'émeutes et de violences urbaines, ndlr), et on retire 46 secondes de son contexte », a ajouté le ministre. « Si on avait un minimum d’honnêteté intellectuelle, on s’apercevrait que l'ensemble de l'audition est évidemment un soutien très fort à la police nationale. »
Pour ce qui est du niveau d’études, le sujet même tabou reste un sujet : un rapport sur le budget des forces de l’ordre, avait cependant effectivement établi en 2021, une dégradation du recrutement dans les services. « On recrute à gogo, on sature les écoles et on envoie les recrues plus tôt sur le terrain pour laisser la place aux promotions d’après . », a ainsi analysé, le sénateur LR Henri Leroy, auteur du rapport, en pointant du doigt la conséquence d’une volonté d’augmenter très rapidement les effectifs. Le nombre d’incorporations annuel d’élèves gardiens de la paix (1) a bondi en dix ans, passant de 450 en 2010 à 3 700 en 2021, avait compté le journal La Croix.
Aujourd’hui, a indiqué le ministre à Actu17, « 60% des gardiens de la paix ont le BAC, 20% ne l'ont pas. 80% d'entre eux ont donc, soit le BAC, soit un niveau inférieur. » « Je suis celui qui a augmenté de quatre mois la formation des policiers. Je constate que ça représente plus qu’un doublement (+111%) de cours d'investigations et de droit en plus, et 51% d’enseignement supplémentaire de l'emploi des armes, techniques de défense en interpellation », indique-t-il encore.
Source: La Voix du Nord