Week-end du 14 juillet : 130.000 policiers et gendarmes pour éviter un retour des émeutes

July 12, 2023
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Face au risque d'un nouvel embrasement, le RAID, le GIGN, la BRI, les hélicoptères, les drones, les véhicules blindés de la gendarmerie, ainsi que les engins lanceurs d'eau seront déployés partout sur le territoire. Un dispositif exceptionnel.

Tout faire pour éviter une réplique du tsunami de violences qui vient de secouer la France pendant cinq jours. Redoutant une reprise des émeutes, le ministère de l'Intérieur a prévu de déployer un dispositif qualifié d'« exceptionnel » à l'occasion des traditionnelles festivités du 14 juillet, qui donne souvent lieu à des épisodes de violences urbaines dans les cités. L’année dernière, les incidents ayant éclaté en marge de la fête nationale avaient débouché sur 807 interpellations, 749 incendies de véhicules et plus de 500 blessés dans les rangs des forces de l’ordre, déployés essentiellement dans les grandes agglomérations mais aussi à Dijon, Rouen, Besançon et Le Havre.

Affiné jusqu'à la dernière minute, le plan de bataille dévoilé ce mercredi par Gérald Darmanin s'appuiera sur la mobilisation de 45 000 policiers et gendarmes par soir, dont près de 10 000 en région parisienne. Soit un format analogue à celui mis en place au plus fort des émeutes. En tout, 130 000 membres des forces de l’ordre seront mobilisés pendant le week-end. «Tout comme il y a 10 jours, le RAID, le GIGN, la BRI, les hélicoptères, les drones, les véhicules blindés Centaure de la gendarmerie ainsi que les engins lanceurs d'eau seront déployés partout sur le territoire», prévient la place Beauvau. La CRS8, spécialisée dans le rétablissement de l’ordre, sera déployée dans l’agglomération lyonnaise. Par ailleurs, 34 000 sapeurs-pompiers seront mobilisés en journée et 40 000 de nuit en garde et astreinte pour répondre aux sollicitations en tant que de besoin.

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Les risques sont là, d'autant que le 14-juillet tombe cette année un vendredi, à la veille d'un week-end prolongé et potentiellement inflammable dans le chaudron des cités. « Nous savons que les délinquants, qui ont épuisé leurs stocks d'engins incendiaires pendant les émeutes, cherchent à récupérer des mortiers et des feux d’artifice », souffle un policier de haut rang. Aux aguets, les policiers multiplient les saisies d'articles pyrotechniques acheminés vers la France depuis la République tchèque ou la Pologne, via l'Allemagne. À la suite d'exploitation de renseignements, pas moins de 1,5 tonne de ces artifices a été interceptée entre le 5 et le 7 juillet à travers toute l'agglomération parisienne. Selon nos informations, l'un des « passeurs » avait été rémunéré 2000 euros pour faire le voyage.

Feux d’artifice annulés

De leur côté, les gendarmes, à la faveur d'un contrôle effectué dans le camion d'un transporteur polonais, ont saisi le 5 juillet à Guichen (Ille-et-Vilaine) 2,7 tonnes d'engins pyrotechniques susceptibles de se transformer en armes contre les forces de l'ordre. Depuis la place Beauvau, Gérald Darmanin a révélé ce mercredi que plus de 150 000 mortiers ont été saisis à travers le pays depuis le 27 juin dernier. Pour mémoire, pas moins de 900 policiers, gendarmes et pompiers ont été blessés lors des cinq derniers jours d'émeute. Les douaniers, de leur côté, surveillent le fret postal et le fret express qui sont présentés, de source informée, comme un « second vecteur d'approvisionnement lié à des commandes passées sur internet ». Dès dimanche dernier, l'exécutif a publié un décret qui interdit la «vente», le «port» et le «transport de mortiers d'artifices», fréquemment utilisés par les auteurs de ces violences. «Seuls les professionnels, qui organiseront les feux d'artifice dans les communes, pourront en acheter», a prévenu la première ministre Élisabeth Borne qui avait annoncé des « moyens massifs pour protéger les Français ».

Si Beauvau a appelé au maintien des festivités, y compris des concerts, plusieurs mairies ont décidé d'annuler purement et simplement les habituels feux d'artifice du 13 juillet. C'est notamment le cas de Nanterre, épicentre des émeutes après la mort de Nahel le 27 juin dernier lors d'un refus d'obtempérer. Sartrouville (Yvelines), Savigny-sur-Orge (Essonne) ou encore Melun (Seine-et-Marne) ont pris la même décision.

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« Après les 3000 interpellations d'auteurs de pillages et d'agressions, les quartiers vont peut-être aspirer au calme », souffle au Figaro un préfet. Les revendeurs ont passé des mots d'ordre très clairs pour éviter qu'un chaos ne perturbe une fois encore leur business tandis que les familles se mobilisent pour éviter que tout brûle dans le quartier, en particulier les bureaux de La Poste nécessaires pour récupérer les prestations sociales.

Après une séquence particulièrement chahutée sur le front du maintien de l'ordre suite aux manifestations contre la réforme des retraites et aux émeutes et avant un été brûlant qui nécessite de renforcer les dispositifs locaux de sécurisation de la saison estivale, Gérald Darmanin a salué l'engagement des gendarmes et des policiers pour leur capacité de mobilisation et de réactivité. Plus que jamais, le premier flic de France s'affiche aux côtés de ses troupes avant ce rendez-vous sous haute tension.

Source: Le Figaro