Chine : lancement réussi pour la première fusée au monde propulsée par du méthane liquide

July 12, 2023
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Par Claude Fouquet

Publié le 12 juil. 2023 à 12:38 Mis à jour le 12 juil. 2023 à 13:47

Une start-up chinoise a lancé ce mercredi matin, avec succès, la première fusée propulsée par un moteur alimenté par un mélange d'oxygène et de méthane liquides. Elle dame ainsi le pion au lanceur Starship, développé par SpaceX d'Elon Musk. Après un premier échec en avril dernier le lanceur du milliardaire américain pourrait redécoller cet été ou à l'automne.

Le lancement de la fusée Zhuque-2, développée par la start-up Landscape, a eu lieu à 9 heures (heure de Pékin), depuis le pas de tir de Jiuquan dans le désert de Gobi. Elle est parvenue à mettre sur orbite la charge utile qu'elle transportait, contrairement à ce qui s'était passé en décembre dernier quand la précédente mission avait échoué, entraînant la perte de 14 satellites.

Pékin salue un succès de son secteur spatial privé

Haut de 49,5 mètres et équipé du moteur TQ-12, le lanceur Zhuque-2 (Phénix-2 en Français) peut placer jusqu'à 6 tonnes de charge utile en orbite basse. Chat échaudé craignant l'eau froide, cette fois-ci, le lanceur n'emportait pas de satellites. Mais seulement une charge utile inerte d'une tonne et demie.

Les médias chinois saluent la performance. A l'image du « Global Times » et du « South China Morning Post », qui mettent en avant le fait qu'il s'agit d'un « nouveau succès pour le secteur spatial privé chinois », quelques mois après le tir du lanceur réutilisable Tianlong-2, développé la société Space Pioneer. Tandis que de son côté, l'agence « Chine Nouvelle » met en avant le fait que cette première mondiale a été réalisée grâce à un lanceur entièrement « made in China » dans la province du Zhejiang.

Une longueur d'avance sur les autres

De fait, avec ce lancement, l'industrie spatiale chinoise a pris une longueur d'avance dans la course à ce nouveau type de lanceur qui, pour de nombreux experts, ouvre la voie à une nouvelle ère de l'aventure spatiale. Car le mélange d'oxygène et de méthane liquides a séduit presque tous les acteurs de la conquête spatiale qui, à un stade plus ou moins avancé, développent leur propre moteur.

commencer par SpaceX avec son moteur Raptor V2 qui équipe Starship. Mais Blue Origine travaille sur un moteur baptisé BE-4. Et les Européens, qui affichent leurs nouvelles ambitions spatiales , développent Prometheus, précurseur des engins qui équiperont les successeurs d'Ariane 6. Et même la Nasa a son propre projet, même s'il est actuellement en pause.

La raison de cet engouement ? Par rapport aux carburants traditionnels (kérosène, hypergol, …), le méthane s'avère à la fois moins cher et moins polluant car il ne laisse que peu de déchets derrière lui ce qui facilite aussi l'entretien des moteurs. Il est aussi plus facile à produire et plus sûr. Et permet aussi de réduire la taille des réservoirs nécessaires pour les moteurs fonctionnant avec les carburants liquides traditionnels utilisés jusqu'à aujourd'hui. En clair, pour envoyer une charge utile égale, une fusée fonctionnant au méthane sera plus petite qu'un lanceur traditionnel.

Autant d'avantages qui ouvrent la voie à un développement plus facile de lanceurs réutilisable. Un marché sur lequel Space X règne en maître aujourd'hui et dont Pékin voudrait bien une part. Depuis quelques années, la Chine ne cache sa volonté à concurrencer les Etats-Unis dans le domaine spatial et le marché des lanceurs réutilisables. De nombreuses start-up chinoises, dont Landscape mais aussi Galactic Energy, iSpace, Deep Blue Aerospace ou Space Pioneer, se sont lancées dans le développement de tels lanceurs. Et Pékin espère aussi pouvoir mettre en service, d'ici à 2035, une version réutilisable de sa fusée Longue-Marche 8.

Source: Les Échos