Carrefour va racheter les enseignes Cora et Match d’ici l’été 2024
Son nom était évoqué dans le dossier Casino, c’est un autre acteur de la distribution alimentaire qui va être croqué par Carrefour : le numéro deux français a annoncé mercredi un accord pour racheter les enseignes Cora et Match, alors que les manœuvres se multiplient dans le secteur.
Pionnier du concept d’hypermarché en 1963, Carrefour a conclu un accord avec le groupe belge Louis Delhaize « en vue de l’acquisition de ces deux enseignes en France », une transaction « dont la finalisation est attendue à l’été 2024 », a annoncé le géant de la distribution mercredi soir.
Avec ce rachat, Carrefour annonce sa première acquisition majeure en France depuis plus de vingt ans et consolide son leadership de la distribution alimentaire sur son marché domestique », a estimé le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard.
Avec le rachat des enseignes Cora et Match, Carrefour conclut sa première acquisition majeure en France depuis plus de vingt ans et consolide son leadership sur son marché coeur. Cette opération amicale va permettre à Carrefour de poursuivre l’aventure engagée en France par la… pic.twitter.com/mCWdaknUt9 — Alexandre Bompard (@bompard) July 12, 2023
La transaction « valorise les actifs acquis sur la base d’une valeur d’entreprise de 1,05 milliard d’euros », précise Carrefour, selon lequel les deux enseignes ont réalisé un peu plus de 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires (hors taxe) en France en 2022, lui-même ayant réalisé pour 42 milliards d’euros de ventes dans le pays. Cette dernière donnée est communiquée taxes incluses.
Talonner le groupement d’indépendants E.Leclerc
En additionnant les parts de marché du groupe Carrefour (19,9 % au dernier pointage fin juin) et Louis Delhaize (2,4 %), selon les données de Kantar Worldpanel publiées par le média spécialisé LSA, le distributeur talonnerait de très près le leader du secteur en France, le groupement d’indépendants E.Leclerc, qui pèse 23,5 % du marché.
Cette donnée est essentielle dans le rapport de force avec les fournisseurs de l’agro-industrie. Plus la part de marché est grande, moins l’industriel peut se passer de fournir cet acteur et plus il est enclin à lui accorder de meilleures conditions de vente.
Cela permet en outre à Carrefour de reprendre (théoriquement) de l’avance sur un autre groupement d’indépendants, Intermarché, qui s’est mis d’accord avec Casino pour lui racheter 119 magasins d’ici trois ans - avec en sus une tranche optionnelle de 60 magasins. Une opération qui inquiète les 4 000 salariés concernés, mais dont le groupement attend un gain de parts de marché significatif.
« Tous les acteurs de la distribution alimentaire sont en train de réaliser qu’il faut réagir pour grossir et ne pas se laisser distancer par E.Leclerc qui est sur une tendance impressionnante et par Intermarché », estimait lundi auprès de l’AFP Clément Genelot, spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co.
Cora et Match exploitent « respectivement 60 hypermarchés et 115 supermarchés » et emploient 24 000 personnes en France. L’opération « comprend l’acquisition des murs de 55 hypermarchés et 77 supermarchés », dit encore Carrefour.
« Le parc de magasins Cora et Match dispose d’excellents emplacements et offre une complémentarité géographique forte avec celui de Carrefour », selon le distributeur basé à Massy, qui précise que la transaction est soumise à l’approbation de l’autorité de la concurrence française. Une filiale à 36 % de Carrefour, Carmila, va parallèlement reprendre 52 galeries commerciales adjacentes à des magasins Cora qui étaient détenues à 93 % par le groupe Louis Delhaize, selon le communiqué de Carrefour.
A priori pas de licenciement... mais prudence
Carrefour « garderait l’ensemble des personnels, mais on reste prudents car on n’a pas encore les conditions du rachat », a déclaré à l’AFP Cyrille Lechevestrier, délégué syndical CFTC (majoritaire) au sein de Cora. « Les accords d’entreprise et les grilles de salaire sont meilleurs chez Carrefour mais (le distributeur) a beaucoup franchisé ces derniers temps », craint de son côté Julien Aquilina, délégué syndical CGT. En janvier, Cora cherchait déjà à faire des économies : l’enseigne avait annoncé qu’elle ne distribuerait plus de catalogue dans les boîtes aux lettres. Des considérations environnementales mais aussi économiques — alors que le prix du papier flambait — motivaient cette décision.
Source: Le Parisien