L'Inde donne son accord de principe pour l'achat de 26 avions Rafale à la France

July 13, 2023
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Par Les Echos

Publié le 13 juil. 2023 à 18:02 Mis à jour le 13 juil. 2023 à 18:54

Ce sont les premières annonces de la très attendue visite de Narendra Modi à Paris. L'Inde a donné son accord de principe, ce jeudi, pour l'achat à la France de 26 avions de chasse Rafale, en version Marine - pour porte-avions -, et de trois sous-marins Scorpène, à l'occasion d'un déplacement du Premier ministre indien dans la capitale, invité d'honneur de la fête nationale du 14 juillet.

Le Conseil d'acquisition de la défense indien a approuvé ces propositions d'achat, a déclaré le ministère indien de la Défense dans un communiqué, précisant que le prix et d'autres conditions devaient encore être négociés avec le gouvernement français. Au sein du tout petit club des nations dotées de porte-avions, l'Inde est donc la première marine à s'équiper du chasseur français.

En compétition avec Boeing

Ces Rafale monoplaces seraient destinés à l'« INS Vikrant », le tout nouveau porte-avions made in India de la marine indienne. Ils disposent d'un train d'atterrissage renforcé pour les catapultages et les appontages. L'avion de chasse multirôle de Dassault a donc davantage convaincu l'armée indienne que le F/A-18 Super Hornet de Boeing avec lequel il était en compétition. L'armée de l'Air indienne, elle, exploite déjà 36 Rafale.

Le Rafale dénombrait à ce jour 284 commandes à l'export (80 pour les Emirats arabes unis, 54 pour l'Egypte, 42 pour l'Indonésie, 36 pour le Qatar et autant pour l'Inde, 24 pour la Grèce, 12 pour la Croatie). Ce nouveau contrat lui fait passer la barre symbolique des 300 ventes à l'export (310). En comptant les livraisons pour la France, l'appareil passe le seuil des 500 appareils vendus.

Le rythme de production à Marignane devra ainsi passer à trois appareils par mois à partir de fin 2024-2025. Le président de Dassault a répété plusieurs fois qu'il avait encore de la place pour prendre d autres commandes. Il faut compter au minimum 80 à 90 millions par appareils, mais sans armement, ces derniers sont inutiles. Selon le nombre de missiles qui seront embarqués sous le Rafale, le contrat définitif pourrait être compris entre 3 et 4 milliards d'euros, selon les calculs des « Echos ».

Garantir la stabilité

Le Premier ministre indien et Emmanuel Macron devraient s'entendre sur une série d'accords de défense ainsi qu'une nouvelle stratégie conjointe afin de garantir la stabilité dans la région Indo-Pacifique. L'Inde s'appuie sur des avions de combat français depuis maintenant quatre décennies.

Avant le Rafale en 2015, le pays avait fait appel dans les années 1980 au Mirage, qui est toujours présent dans deux escadrons de l'armée de l'air. En 2005, l'Inde a acheté à la France six sous-marins de classe Scorpène pour 188 milliards de roupies (2,05 milliards d'euros), dont le dernier sera mis en service l'année prochaine.

« Un pilier dans la stratégie Indo-Pacifique »

Comme le soulignait cette semaine l'Elysée, « l'Inde est un des piliers dans le cadre de notre stratégie Indo-Pacifique », cette vaste zone couvrant les océans Indien et Pacifique, théâtre de tensions internationales croissantes entre Pékin et Washington et où la France possède des intérêts et territoires d'outre-mer.

Après avoir parlé à la diaspora, Narendra Modi participera un dîner privé avec Emmanuel Macron au palais de l'Elysée et vendredi, outre le défilé, il honorera plusieurs rendez-vous avant le dîner officiel dans le prestigieux musée du Louvre avec plus de 200 convives. Une déclaration conjointe à la presse est également prévue. « Coopération sécuritaire, spatiale, nucléaire civil, technologie, antiterrorisme, cybersécurité, changement climatique, énergies renouvelables… seront au menu des discussions des deux dirigeants », a énuméré mercredi le secrétaire indien aux Affaires étrangères.

A la fois première puissance démographique du monde, géant économique, grand émetteur de gaz à effet de serre et puissance nucléaire, l'Inde est un poids lourd incontournable, de plus en plus courtisé. Il y a quelques semaines, Narendra Modi avait eu les rares honneurs d'une visite d'Etat à Washington.

Source: Les Échos