Mission : Impossible 7 - les 3 gros problèmes du film avec Tom Cruise

July 13, 2023
144 views

Mission : Impossible 7 – Dead Reckoning (Partie 1) a beaucoup divisé l'équipe, pourtant très friande des exploits de Tom Cruise au cinéma. Pourquoi une telle déception ? Explications en 3 raisons.

RETROUVEZ NOTRE PODCAST SUR LA SAGA MISSION : IMPOSSIBLE

En 7 épisodes et presque 30 ans, le demi-dieu Tom Cruise s'est auto-couronné roi de l'action hollywoodienne avec la saga culte Mission : Impossible. L'acteur-producteur-superstar est à la tête d'une franchise conçue pour et par lui-même, et désormais pilotée par son fidèle Christopher McQuarrie (déjà réalisateur de Rogue Nation et Fallout, et également Mission : Impossible – Dead Reckoning (Partie 2) prévu pour juillet 2024).

Et si la saga s'est globalement bonifiée avec le temps, avec une sorte de renaissance dans l'excellent Mission : Impossible 4 - Protocole Fantôme en 2011, Mission : Impossible 7 a déçu chez Ecran Large.

Explication en 3 raisons.

ATTENTION SPOILERS sur M:I 7 !

1. M:I 7 se prend beaucoup trop au sérieux

Car je suis un homme... mais j'ai des fêlures

À chaque fois, c'est la même chose (sauf dans M:I 2) : la mission originale ne se passe pas comme prévu et l'IMF est dissoute/désavouée/mise à la porte comme une vulgaire association écolo française. L'heure est grave et c'est évidemment l'occasion de relancer les enjeux pour une nouvelle salve de péripéties à haut risque. Mais Dead Reckoning pousse le bouchon bien trop loin, quitte à plomber à peu près tout ce qui le rendait attrayant, séquences d'action comprises.

Car avec ce nouvel opus, Tom Cruise et sa clique de fidèles ont un message à faire passer : l'acteur tout puissant est le dernier rempart entre le cinéma à l'ancienne et les dangers du numérique. L'heure des blockbusters décontractés du masque est terminée : place à une menace lourde de sens, une intelligence artificielle. Sauf qu'une fois l'argument entendu, cette "entité" (qui est partout, mais réside dans un club apparemment) est un antagoniste à peu près aussi incohérent (elle hacke tout... ou presque) que désincarné. Et ce n'est pas le pantin apathique à son service qui va lui donner plus d'intérêt.

Quand y'a plus de frites à la cantine

Pire encore, le scénario tente de forcer un aspect introspectif en creusant le passé d'Ethan Hunt... ce qui se concrétise par quelques flashbacks émulant à l'aveugle le style De Palma. Objectifs probables de la manoeuvre : placer des pions pour la suite et prouver que Cruise n'aura jamais recours au rajeunissement numérique, tout fringant qu'il est.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que le comédien joue le jeu. Celui qui a autrefois fait trembler Hollywood grâce à la subtilité de ses performances se contente de serrer les dents pendant les 458 gros plans sur son visage, histoire d'appuyer la solennité des enjeux chaque seconde de ces très longues deux heures quarante-trois. Et puisqu'ils sont tous de mèche, Christopher McQuarrie en rajoute plusieurs couches en multipliant les plans débullés ad nauseam, évoquant plus Battlefield Earth (logique, vu le passif de Cruise) que le premier volet. Encore une fois, n'est pas De Palma qui veut.

2. La mort d'Ilsa

On voit très bien d'un œil

Véritable alter-ego d'Ethan Hunt, Ilsa Faust est arrivée dans Rogue Nation comme une agent trouble, et a continué sa route de mi-alliée mi-ennemie dans Fallout. C'était l'un des meilleurs personnages de la saga (et probablement le seul vrai bon personnage féminin, ce qui rendait sa présence encore plus intéressante), notamment parce que Rebecca Ferguson est une excellente actrice. Mais elle est finalement tuée par le méchant dans Dead Reckoning, et c'est bien dommage pour plusieurs raisons.

En théorie, c'est une excellente idée de tuer un personnage important dans une saga qui a tout fait pour l'éviter (meilleur contre-exemple : Lindsey dans M:I 3). Mais dans Dead Reckoning, c'est un peu grossier, surtout que le film s'ouvrait avec la vraie-fausse mort d'Ilsa, particulièrement foireuse et inutile. Et surtout parce que c'est une grosse ficelle hollywoodienne : Ilsa est sacrifiée pour motiver le héros. Après ça, Ethan a envie de se venger x 2, Tom Cruise prend ses airs les plus graves, et tout devient encore plus sérieux.

Ils méritaient d'y passer eux

Pourquoi ne pas avoir tué Luther, l'un des pires personnages de la saga (présent dans chaque film, et caratérisation toujours aussi inexistante), Benji (particulièrement vulnérable dans ce film), ou les deux ? Ils sont la garde rapprochée d'Ethan depuis bien plus longtemps qu'Ilsa. Et pourquoi encore un personnage féminin menacé/tué pour faire avancer le héros, comme dans quasiment chaque épisode ? A ce stade, ça en devient comique, notamment parce que Dead Reckoning a déjà créé un nouveau trauma sentimentalo-mystérieux à Ethan, avec ces affreux flashbacks sur une femme dont personne n'avait jamais entendu parler, et qui elle-même sert de pauvre motivation au héros. Une vengeance ne suffisait pas, apparemment.

Tout ça serait à moitié pardonné si la scène était véritablement réussie, mais ce n'est même pas le cas, malgré l'idée amusante du duel à l'épée. Entre le montage parallèle qui insiste lourdement sur la course d'Ethan, et les effets pompier qui hurlent que ça va mal finir, la mort d'Ilsa est loin d'être à la hauteur de ce bon personnage. Et de Rebecca Ferguson.

3. M:I 7 est beaucoup trop long

Princess Bribe

Autre problème évident du film : il dure 2h43. Non pas qu'un film (très) long ne puisse être bon, au contraire, mais encore faut-il que sa longueur soit équilibrée et utile à l'histoire, sinon c'est double peine. Ici, cette durée est simplement synonyme de lassitude, et surtout symptomatique de ces blockbusters en deux parties qui ne savent plus comment étirer leur scénario pour justifier de sortir en deux volets.

Donc non seulement l'histoire est peu satisfaisante en elle-même, mais en plus elle frustre en n'offrant pas la conclusion de l'intrigue difficilement étalée sur cette triste tartine de presque trois heures. Vrai-faux cliffhanger efficace ou faiblesse d'un film qui ne se suffit pas à lui-même ? Le risque est pris, et ce n'était pas forcément la meilleure des idées.

000, permis de conduire

Au milieu de cette narration molle du genou, le manque de colonne vertébrale est compensée par l'avalanche de personnages secondaires. Entre les vieux de la vieille qui sont déterrés pour l'occasion (qui en a quelque chose à faire de Kittridge ?), les derniers habitués qui sont maintenus en place (Luther et Benji qui tournent en rond, Ilsa éjectée en cours de route, et la Veuve blanche), les nouveaux qui viennent mettre leur grain de sel (encore des personnages de flics qui freinent le héros, comme dans M:I 4), une nouvelle héroïne visiblement majeure (Grace), et les antagonistes (le transparent Gabriel, la sous-exploitée Paris méchante-mais-finalement-pas-trop), les sous-intrigues n'en finissent plus de se croiser et peinent de plus en plus à intéresser le spectateur.

A qui faut-il encore s'attacher, quelle histoire a encore de l'importance ? A se complaire dans les auto-références et des ramifications inutiles, l'identité de la IMF s'étiole et perd de sa superbe.

Que restera-t-il de tous ces morceaux d'histoire dans la deuxième partie de Dead Reckoning ? La pièce artificiellement rapportée de Hayley Atwell trouvera-t-elle vraiment sa place au sein de la narration ou sera-t-elle doucement évacuée comme la grande majorité des personnages féminins avant elle ? La réponse ne viendra pas avant 2024, puisqu'il fut décidé qu'à ces 2h43 de non-histoire devait carrément succéder un autre film.

Source: EcranLarge