Ukraine : après les propos de Lu Shaye, la Chine assure respecter la souveraineté des pays de l’ex-URSS

April 24, 2023
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Lu Shaye, à Ottawa (Canada), en décembre 2018. CHRIS WATTIE / REUTERS

Après les déclarations controversées de Lu Shaye, l’ambassadeur chinois en France, Pékin prend ses distances, lundi 24 avril, vis-à-vis des propos de son représentant. « La Chine respecte le statut d’Etat souverain des républiques » nées après la dissolution de l’Union soviétique en 1991, a déclaré à la presse la porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Mao Ning.

« La Chine respecte la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays et soutient les objectifs et les principes de la Charte des Nations unies, a assuré Mme Mao. Après l’effondrement de l’Union soviétique, la Chine a été l’un des premiers pays à établir des relations diplomatiques avec les pays concernés. » « Depuis l’établissement des relations diplomatiques, la Chine a toujours adhéré au principe du respect mutuel et de l’égalité pour développer des relations bilatérales d’amitié et de coopération, a ajouté la porte-parole. Certains médias ont mal interprété la position de la Chine sur la question ukrainienne et sèment la discorde dans les relations entre la Chine et les pays concernés. (…) nous serons vigilants à ce propos ».

M. Lu, questionné sur la chaîne d’informations LCI à propos de la province ukrainienne de Crimée, annexée depuis 2014 par Moscou, avait nié vendredi soir la souveraineté des ex-républiques soviétiques. Les pays de l’ex-URSS « n’ont pas le statut de pays souverain dans le droit international parce qu’il n’y a pas d’accord international pour concrétiser leur statut », a-t-il déclaré.

Convocation au Quai d’Orsay

Il a été convoqué lundi par le ministère des affaires étrangères où il devait être reçu par Luis Vassy, le directeur du cabinet de Catherine Colonna, la ministre des affaires étrangères française. Le Quai d’Orsay s’est dit dimanche « consterné » par ces propos, qui ont aussi fait réagir les pays concernés. Dans un communiqué samedi, Paris avait déclaré avoir « pris connaissance avec consternation » de ces propos, demandant à la Chine « de dire [s’ils] reflètent sa position, ce que nous espérons ne pas être le cas ». L’Ukraine a été reconnue internationalement « dans des frontières incluant la Crimée en 1991 par la totalité de la communauté internationale, Chine comprise, à la chute de l’URSS comme nouvel Etat-membre des Nations unies », a insisté Paris, rappelant que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 est « illégale au regard du droit international ».

Lundi, l’ambassade de Chine a publié un tweet, rappelant que « la position de la Chine sur la question de l’Ukraine est constante et claire » et renvoyant vers un lien qui détaille la « position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne » : le plan de paix en douze points, présenté le 24 février.

L’Ambassade de Chine en France a noté les reportages médiatiques concernant l’interview de l’Ambassadeur LU Shaye s… https://t.co/KAor3qYlux — AmbassadeChine (@Ambassade de Chine en France)

Réaction des pays baltes

« Les relations entre l’UE et la Chine seront à l’ordre du jour de notre Conseil européen de juin », a tweeté Charles Michel, le président du Conseil européen précisant que « les ministres des affaires étrangères [européens] prépareront cette discussion sous la direction du haut représentant » Josep Borrell. Le chef de la diplomatie européenne avait qualifié les propos de l’ambassadeur d’« inacceptables », ajoutant que « l’UE ne peut que supposer que ces déclarations ne représentent pas la position officielle de la Chine ».

La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont annoncé qu’elles allaient convoquer lundi les ambassadeurs chinois dans leurs capitales respectives. Samedi, les trois pays avaient déjà réagi aux propos de M. Lu. Le ministre des affaires étrangères estonien, Margus Tsahkna, avait tweeté que les déclarations de Lu Shaye étaient « fausses » et constituaient « un contresens historique », rappelant que « les pays baltes sont souverains au regard du droit international depuis 1918 mais ont été occupés pendant cinquante ans ». Le chef de la diplomatie lettone, Edgars Rinkevics, a déploré des propos « totalement inacceptables », demandant à la Chine de les retirer. « Si quelqu’un s’interrogeait encore sur la question de savoir pourquoi les pays baltes ne font pas confiance à la Chine pour “négocier la paix en Ukraine”, voici un ambassadeur chinois arguant que la Crimée est russe et que les frontières de nos pays n’ont pas de statut légal », a tweeté quant à lui le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis.

La Moldavie a aussi fait part de sa surprise. « Nous sommes surpris des déclarations de l’ambassade chinoise remettant en question la souveraineté des pays déclarant leur indépendance en 1991. Le respect mutuel et l’intégrité territoriale ont été la clé des liens entre la Moldavie et la Chine », a tweeté le ministère des affaires étrangères de Moldavie, ajoutant : « Nous espérons que ces déclarations ne représentent pas le point de vue officiel de la Chine. »

« C’est totalement inacceptable », a quant à lui commenté, lundi, Jan Lipavsky, le ministre des affaires étrangères tchèque, avant une réunion prévue dans la journée à Luxembourg avec ses homologues européens.

Kiev avait dénoncé dimanche la vision de l’histoire proposée par Lu Shaye. « Il est étrange d’entendre une version absurde sur “l’histoire de la Crimée” de la part d’un représentant d’un pays scrupuleux au sujet de son histoire millénaire », a lâché sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, conseiller à la présidence ukrainienne. Dimanche, M. Podoliak a souligné que « tous les pays de l’ex-URSS ont un statut souverain clair inscrit dans le droit international », appelant M. Lu à « ne pas répéter la propagande » russe.

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Le Monde avec AFP et Reuters

Source: Le Monde