Rififi et mystères dans l’armée russe après la rébellion de Wagner

July 13, 2023
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L‘armée russe est connue pour son goût du secret mais depuis la rébellion avortée du groupe paramilitaire Wagner, les mystères qui l’entourent s’accumulent encore d’avantage. Les dirigeants russes souffrent d’un nombre important de « frictions et de confusions » depuis la mutinerie du groupe mercenaire Wagner, a affirmé le général américain Mark Milley, président de l’état-major interarmées des Etats-Unis, à un petit groupe de journalistes qui l’accompagnent en Asie.

Entre rumeurs de purge, peur d’un second soulèvement et critiques acerbes, retour sur ce que nous savons à travers le destin de trois généraux.

La disparition du général Sourovikine

Réputé impitoyable, vétéran des brutales guerres de Tchétchénie (1999-2009) et de Syrie, Sergueï Sourovikine est l’un des commandants emblématiques de l’intervention militaire russe en Ukraine, qu’il a dirigée d’octobre 2022 à janvier 2023. Il est aussi considéré comme proche du patron de Wagner, Evguéni Prigojine, qui l’épargnait dans ses agressives vidéos visant l’état-major russe et a même dit voir en lui « le seul homme portant l’étoile d’un général d’armée qui sait comment se battre ». Mais depuis l’échec de la rébellion, Sergueï Sourovikine a disparu.

VIDEO. Qui est Sergueï Sourovikine, le général choisi par Poutine en octobre 2022

Sa dernière apparition publique remonte à une vidéo, la nuit de la mutinerie, dans laquelle il exhorte, l’air contraint, les troupes de Wagner à abandonner. Il est en uniforme mais sans épaulettes, certains observateurs y voyant le signe qu’il avait déjà été arrêté.

Car selon le New York Times, qui cite les services de renseignement américains, le général Sourovikine était au courant de la mutinerie. Le Kremlin, lui, dément et affirme que l’homme est officiellement toujours en poste. Mais les rumeurs les plus diverses circulent, de l’arrestation à la simple mise à pied. Mercredi, le chef du Comité de défense de la Douma russe, Andreï Kartapolov, a relancé les spéculations en termes énigmatiques: Sourovikine « se repose, il est indisponible en ce moment », a-t-il affirmé.

Le limogeage du général Popov

Dans un message audio révélé mercredi soir, le major-général Ivan Popov affirme avoir été suspendu de ses fonctions pour avoir alerté « durement » le haut-commandement des difficultés rencontrées en Ukraine, notamment des lourdes pertes humaines et du manque de matériel de pointe.

« Les forces ukrainiennes n’ont pas pu percer de face notre armée, et nous avons été frappés par derrière par notre chef principal, qui a lâchement décapité l’armée au moment le plus difficile », poursuit-il en semblant viser le chef d’état-major, le général Guerassimov.

Le général Ivan Popov. Russian Defence Ministry/Handout via REUTERS.

Selon la chaîne Telegram Grey Zone, suivie par plus de 500 000 abonnés, celui-ci aurait en effet accusé Popov de « désinformation et d’alarmisme » en prenant connaissance du rapport.

Ivan Popov n’est pourtant pas n’importe qui: il dirige la 58ème armée russe, considérée comme l’une des plus valables au combat et positionnée dans la région ukrainienne de Zaporijjia, où elle subit la contre-offensive de Kiev.

Moscou n’apprécie pas de voir ce linge sale lavé en public: initialement destiné à un chat privé de militaires, le message du général a été diffusé par un député, réprimandé par un responsable du parti Russie unie lui reprochant d’avoir transformé cette dispute en « spectacle politique ».

La mort du général Tsokov

Le lieutenant-général Oleg Tsokov a-t-il été tué le 11 juillet par une frappe ukrainienne sur un hôtel éloigné du front près de Berdiansk, ville occupée du sud de l’Ukraine?

Dans l’immédiat, peu probable que l’armée russe confirme cette mort mais c’est ce qu’affirment la télévision publique russe et des blogueurs militaires pro-Kremlin, sources cruciales d’information sur en l’absence de commentaires officiels de Moscou. Ce nouveau décès d’un général, dans une frappe ciblée, a suscité une salve de critiques. « C’est triste à dire, mais la qualité des renseignements de l’ennemi est supérieure à la nôtre », a commenté la chaîne Zapiski Veterana.

Source: Le Parisien