La démission du premier ministre des Pays-Bas révèle une crise profonde au sein du monde politique néerlandais

July 13, 2023
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Mark Rutte, premier ministre néerlandais, annonce qu’il quitte ses fonctions lors d’un débat à la Seconde Chambre des Etats généraux, le 10 juillet 2023, à La Haye (Pays-Bas). REMKO DE WAAL / AFP

Le paysage politique des Pays-Bas semble dévasté après les annonces successives du premier ministre Mark Rutte, qui a d’abord décidé, vendredi 7 juillet, de saborder sa coalition, en désaccord sur la politique d’accueil des réfugiés et le regroupement familial pour ceux qui ont obtenu l’asile, puis, trois jours plus tard, de quitter la vie politique. Le départ du dirigeant libéral, après treize années à la tête du pays et de son Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), a provoqué un choc d’autant plus violent que d’autres personnalités ont décidé d’imiter le chef du gouvernement.

C’est d’abord Wopke Hoekstra, dirigeant de l’Appel chrétien-démocrate et ministre des affaires étrangères, qui a annoncé qu’il ne mènerait pas la liste de sa formation lors des législatives prévues en novembre. Son parti, longtemps un des principaux piliers du système politique, connaît une crise profonde après son échec retentissant, en mars, lors des élections provinciales et sénatoriales. A cette occasion, il a perdu près de la moitié de ses sièges.

Gert-Jan Segers, président de l’Union chrétienne (ChristenUnie), un petit parti protestant à vocation sociale également membre de la coalition, s’était, quant à lui, retiré quelques semaines après le démarrage du gouvernement Rutte IV.

Les Démocrates 66 (D66), la formation libérale de gauche proeuropéenne, deuxième parti du gouvernement, n’échappe pas au malaise général : Sigrid Kaag, actuelle vice-première ministre et ministre des finances, a annoncé, dans la nuit du mercredi 12 juillet, qu’elle abandonnait à son tour la politique. Cible de nombreuses insultes, menacée de mort et actuellement sous protection renforcée, elle a justifié son retrait par sa volonté de préserver sa famille. Dans une récente émission de télévision, ses deux filles avaient confié qu’elles craignaient désormais pour la vie de leur mère.

Comme Mark Rutte, Mme Kaag n’a pas indiqué ce qu’elle ferait à l’avenir mais il n’est pas exclu que cette ancienne diplomate, qui a notamment œuvré pour les Nations unies au Liban et en Syrie, quitte son pays. « Il y a d’autres manières de servir celui-ci », a-t-elle confié au quotidien Trouw.

« Notre démocratie est abîmée »

Ce départ d’une femme présentée comme une potentielle future première ministre a accru le trouble aux Pays-Bas, même s’il n’est pas rare que des responsables politiques néerlandais réorientent leur carrière vers d’autres secteurs. Mme Kaag a, en tout cas, dit espérer que son geste n’empêchera pas « de nombreuses personnes, et surtout des femmes et des jeunes filles, de s’engager ». Sur Twitter, M. Rutte a jugé que sa collègue avait payé « un prix beaucoup trop élevé au plan privé ».

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Source: Le Monde