Au centre de rétention administrative de Vincennes, des tensions croissantes

July 14, 2023
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Un homme est contrôlé par des policiers avant son intégration au centre de rétention administrative de Vincennes, dans l’est de Paris, le 18 septembre 2019. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

C’est un ensemble de bâtiments vétustes, bas de plafond, d’où se dégage une ambiance étouffante. A l’intérieur, quelque deux cents étrangers en voie d’expulsion et des policiers en uniforme qui se côtoient dans un huis clos parfois pernicieux. En 2022, près de 2 400 hommes ont été enfermés dans le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes (Val-de-Marne), le plus important de France métropolitaine. Et depuis plusieurs semaines, l’Association service social familial migrants (Assfam), qui assure une permanence d’accès aux droits dans un bureau de l’établissement, observe une recrudescence des tensions.

En 2022, une trentaine de plaintes pour des violences ou injures raciales commises par des policiers ont été transmises à la justice, et toutes classées sans suite, faute de preuves, selon l’Assfam. Depuis le début de l’année 2023, l’association en a déjà recueilli vingt. Sollicité, le parquet de Paris fait lui état de dix-sept plaintes.

Le Monde s’est rendu sur place le 13 juillet, dans le cadre du droit de visite exercé par les députées La France insoumise de Paris, Danielle Simonnet, et de Seine-et-Marne, Ersilia Soudais. Interrogé, le chef de l’établissement, le commandant de police Jean-Michel Clamens, assure que les tensions tiennent notamment d’« une nouvelle population particulièrement difficile dans le CRA ».

« Beaucoup de règlements de comptes »

En cause : l’instruction aux préfets d’août 2022 du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui indique que « la rétention doit être prioritairement destinée aux étrangers en situation irrégulière auteurs de troubles à l’ordre public ». A Paris-Vincennes, environ 20 % des retenus sont ainsi des sortants de prison. « Les règles de vie sont moins strictes qu’en détention et cela favorise les troubles entre eux, croit M. Clamens. Il y a beaucoup de règlements de comptes. » Le commandant souligne également que la durée moyenne de rétention est passée d’une quinzaine de jours en 2019 à plus de 45 jours après août 2022, ce qui aurait des effets délétères.

« Une très grande majorité des retenus ont des addictions au Tramadol [un antalgique opioïde], au Rivotril, au Lyrica [des antiépileptiques] ou au crack », ajoute une infirmière du CRA. Un « gros consommateur de médicaments », tel aurait notamment été, selon le chef de l’établissement, le profil du retenu égyptien décédé dans son sommeil le 26 mai.

Sollicité, le parquet de Paris indique qu’une enquête est en cours pour déterminer si l’origine de la mort est naturelle ou toxique. Mais plusieurs retenus évoquent auprès du Monde des violences commises par des policiers à l’encontre du défunt. La Défenseure des droits (DDD) s’est à ce titre « saisie d’office » de la situation « qui ferait suite à des violences de la part de policiers du CRA de Vincennes ainsi qu’à des refus répétés de demandes de prise en charge médicale », précise le DDD.

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Source: Le Monde