Suède. Un rassemblement pour brûler la Bible et la Torah autorisé par la police

July 14, 2023
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En Suède, la police a autorisé ce vendredi 14 juillet 2023 un rassemblement au cours duquel trois personnes prévoient de brûler un exemplaire de la Bible et un de la Torah en face de l’ambassade d’Israël à Stockholm, rapporte l’AFP. Une décision immédiatement condamnée par Israël. Selon la demande envoyée à la police, l’organisateur dit vouloir brûler ces textes religieux en réponse à l’autodafé du Coran ayant eu lieu en juin, devant la mosquée de Stockholm. Ce dernier avait provoqué l’ire du monde musulman. Le rassemblement doit avoir lieu samedi entre 13 h et 14 h locales.

Contactée par l’AFP, la police insiste sur le fait que l’autorisation n’a pas été octroyée pour une demande officielle de brûler des textes religieux, mais souligne qu’elle a autorisé un rassemblement public pendant lequel sera exprimée une opinion , au regard du droit constitutionnel de la liberté de réunion. La distinction est importante , a ajouté Carina Skagerlind, porte-parole de la police de Stockholm.

Mais le rassemblement a tout de même suscité de vives condamnations de la part d’Israël et d’organisations juives. J’ai condamné l’incendie du Coran, sacré pour les musulmans du monde entier, et j’ai aujourd’hui le cœur brisé à l’idée que le même sort attende la Bible juive, le livre éternel du peuple juif , a réagi le président israélien Isaac Herzog. Yaakov Hagoel, président de l’Organisation sioniste mondiale, a estimé de son côté que l’octroi d’une telle autorisation par la police ne relevait pas de la liberté d’expression, mais de l’antisémitisme .

Une résolution de l’Onu condamnant les autodafés adoptée

En janvier, un Coran avait été brûlé à Stockholm. Le gouvernement suédois avait dénoncé un « acte profondément irrespectueux » et les États-Unis avaient jugé l’acte « répugnant ».

Le 28 juin, un Irakien réfugié en Suède avait brûlé quelques pages d’un exemplaire du Coran devant la plus grande mosquée de Stockholm pendant la journée de l’Aïd al-Adha, une fête célébrée par les musulmans à travers le monde. Cet événement a déclenché une série de réactions dans le monde musulman.

Mercredi 13 juillet, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a adopté une résolution condamnant les autodafés du Coran et autres actes de haine religieuse, bien que plusieurs pays ont prévenu que le texte empiète sur la liberté d’expression. Une adoption à l’issue d’un débat urgent qui avait été demandé par le Pakistan au nom de plusieurs pays de l’Organisation de Coopération Islamique (OCI). Elle a été approuvée par 28 des 47 membres de ce conseil, dont la Chine, l’Ukraine et la plupart des pays africains. Sept membres se sont abstenus et douze ont voté contre, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Costa Rica.

Le texte comporte une condamnation de tout plaidoyer et manifestation de haine religieuse, dont les actes récents, publics et prémédités, qui ont désacralisé le Coran et un appel aux pays à adopter des lois leur permettant de traduire en justice les responsables de ces actes, selon l’AFP. Il y est demandé à l’Onu d’identifier les pays ne disposant pas d’une telle législation et d’organiser une table ronde d’experts chargés de se pencher sur le sujet.

L’ambassadeur du Pakistan, Khalil Hashmi, a estimé qu’il s’agissait d’un texte équilibré qui ne pointait du doigt aucun État. L’islamophobie est en hausse. Des incidents impliquant la profanation du Coran se produisent encore et encore dans certains pays , a déclaré l’ambassadeur chinois Chen Xu, cité par l’AFP, apportant son soutien à la résolution. Et ces pays n’ont rien fait pour mettre en œuvre leur prétendu respect de la protection de la liberté de croyance religieuse , a-t-il dénoncé.

Mais plusieurs pays, pour la plupart occidentaux, ont fait part pendant les débats mercredi et jeudi de leur opposition aux lois contre le blasphème, tout en condamnant fermement l’autodafé du Coran en Suède. Les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni avaient appelé à voter contre la résolution.

Source: Ouest-France