Trente-et-un ans de gestion familiale et un succès jamais démenti : l'épopée du restaurant vietnamien, le Hong-Phuc, à Bourges

July 15, 2023
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Une bonne trentaine de minutes. Voilà, à peu près, le temps qu’il faut pour rallier Bourges depuis Rians. Une distance que n’hésite pas à engloutir Stéphanie un dimanche soir par mois, aller-retour, pour se rendre au Hong-Phuc, restaurant vietnamien avenue de Saint-Amand, à Bourges. « C’est le meilleur restaurant asiatique que je connaisse, se justifie-t-elle presque, en empilant ses commandes familiales. J’en ai essayé plusieurs, mais depuis 10 ans je reviens ici. »

Rigueur et régularité

Un cas loin d’être isolé car toute la semaine, mercredis exceptés, midis comme soirs, les commandes à emporter, réservations ou venues à l’improviste s’enchaînent. La recette est pourtant simple, ou du moins c’est comme telle qu’elle est présentée. « Rigueur et régularité », assène sobrement Van-Liem Vo, qui a repris le restaurant de son père, Van-Teo, en 2021, après une épopée de 29 ans aux commandes, dont les neuf dernières en gestion commune. « Le midi nous avons une clientèle assez rapide, plutôt de professionnels en pause, alors que les soirs ils sont plus détendus. Le dimanche est particulier, plus familial en journée, en soirée, c’est quand on n’a pas trop envie de faire à manger, sourit-il. »

Une histoire de famille

C’est en 1992 que les Vo reprennent le numéro 32 de cette avenue périphérique du centre-ville Berruyer. Si c’est bien en 1987 que le Hong-Phuc (qui signifie « grand bonheur » selon son gérant), a vu le jour en cette forme, celui-ci va vivre son principal tournant avec l’arrivée de cette famille vietnamienne : « Nous sommes arrivés en 1989 en France, d’abord dans un foyer de réfugiés dans l’Allier, reprend Van-Liem, né sur la péninsule. C’était la période des boat people. Après quelques postes divers, mon père a trouvé un travail de serveur au Hong-Phuc. Deux ans après il a eu l’opportunité de reprendre la gestion. »

Où peut-on manger végan à Bourges ?

Un pied derrière son comptoir caisse orné d’aquarium et de décorations typiques, l’autre entre la cuisine et la salle pour servir les plats, Van-Liem compte sur sa famille pour l’aider : « Nous sommes trois en cuisine, cinq en tout. L’entente est plus facile et nous avons un but commun. » Rigueur et régularité. La devise semble s’appliquer au cadre d’une salle redécorée en 2021, mais à l’efficacité prégnante.

Quand l’horloge, en forme allongée du pays d’origine de cette famille, affiche midi, l’équipe se met en ordre de marche. Réglée comme du papier à musique pour faire place à une salle souvent pleine. Une attitude saluée, qui participe à la réussite du restaurant : « Nous avons connu le père, maintenant le fils, ils sont très sympathiques, soulèvent en habitués, Claude, Véronique et Renée. On a passé des anniversaires, réveillons et fêtes des mères ici. Ça a toujours été super. »

« Un retour aux sources, plus proches du Vietnam »

Mais ce qui importe ici, c’est bel et bien le goût. Et les fidèles du Hong-Phuc sont catégoriques : « Ce sont les meilleurs nems de Bourges », peut-on entendre, si ce n’est pas directement « le meilleur restaurant asiatique tout court ». Avec une carte qui tient sur une double page, le compliment n’est pas moindre. Aurélie et Claire profitent de leur pause méridienne pour tenter de trouver des éléments de réponse à ce succès : « Il y a eu cette mode des sushis. C’est bien d’avoir des choses différentes. Ensuite, il y a beaucoup de buffets, industriels et bruyants. Ici c’est plus intimiste. »

Et à en croire le gérant, les deux Berruyères ont mis dans le mille : « On sait qu’il y a une concurrence, mais on reste concentré sur notre façon de voir les choses. On n’a jamais fait de sushis car ce n’est pas dans notre thème ». Une petite remise au goût du jour de la carte a toutefois eu lieu au moment de la transition père-fils. « Quand je suis arrivé aux côtés de mon père en 2012, j’ai tenté de mettre une touche personnelle. On tendait vers des plats sans trop de personnalités, on voulait un retour aux sources, plus proches du Vietnam. »

Matis Rapacioli

Source: Le Berry Républicain