Moto électrique : son roadtrip de 3800 km en Energica EVA Ribelle RS
Réaliser un rallye moto avec une électrique, ça donne quoi ? C’est à cette question que nous allons répondre aujourd’hui grâce à l’œil expert de Jérémie Noirot, récidiviste du terrain.
Passionné de deux-roues depuis son enfance, c’est en s’entraînant sur des vélos branchés que notre interviewé a appris à bricoler les circuits électriques en autodidacte. Il est aujourd’hui concepteur de batteries et cofondateur des e-Garages Revolte. Jérémie a déjà participé à plusieurs rallyes, dont le Transylvanie Electric Tour pour lequel il avait été interviewé par Cleanrider. C’est cette fois à l’occasion du Supertoer que nous avons tenu à retranscrire son expérience.
Le Supertoer
Cette saison 2023 était la dernière organisée par un groupe de motards du comté de Zaan aux Pays-Bas. Le parcours se tenait sur environ 3 200 km à parcourir en 7 jours.
« On est partis de Liège en Belgique, puis on est descendus jusqu’en Italie en passant par l’Autriche et on a fait un petit passage à la frontière France-Luxembourg », nous indique Jérémie, avant d’ajouter : « Moi, je suis parti depuis Paris, ça m’a plutôt fait dans les 3 800 km sur 8 jours. »
L’événement accueillait 5 groupes d’une cinquantaine de personnes. Et comme c’est toujours plus sympa entre amis, l’aventurier était entouré par deux coéquipiers. « On s’est rencontré via les réseaux sociaux et sur des événements similaires. Ils avaient déjà fait le Supertoer édition 2022 en électrique ; ils m’ont proposé de le faire avec eux cette année. »
Une aventure en électrique
Le rallye s’adressait à tous types de motos : les trois compères ont choisi leur modèle personnel. « On était les seuls à avoir des non thermiques. J’avais ma Energica EVA Ribelle RS dont je suis propriétaire depuis 10 mois. Mes coéquipiers avaient une Zero Motorcycles DSR en version ZF13 pour la batterie, avec un chargeur de 12 kW, et une Zero Motorcycles SR/S avec le Rapid Charger. »
L’événement n’étant pas dédié aux motos électriques, il fallait s’assurer de la présence de bornes de recharge à proximité. Un challenge ? « On a fait très peu d’écarts de route, maximum 1 ou 2 km. », se réjouit Jérémie. « Le réseau était largement suffisant pour pouvoir suivre le tracé. On avait regardé les points de recharge sur le trajet pour rester au plus proche. »
Trois modèles bien différents
Mais les trois modèles aux propriétés différentes ont eu besoin d’une attention adaptée. « C’est la DSR qui gérait le trajet car c’est celle qui avait le plus besoin de charger. Les deux Zero mettaient entre 45 minutes et 1 h 30 pour compléter la charge sur prise type 2 en courant alternatif, et la mienne prenait entre 30 et 50 minutes en courant continu, sachant que j’avais baissé la puissance de charge de 10 kW, passant de 23 à 13 kW. »
Si l’aventure à trois est un vrai moment de partage, elle permet également de comparer les prestations des modèles. « Il y a un gap énorme niveau performance, autonomie et vitesse de charge entre l’Energica et les Motorcycles. J’avais largement plus de puissance et d’autonomie que mes coéquipiers. Ça m’a aussi fait réaliser que je n’avais pas du tout une conduite éco, mon ami à la SR/S avait un comportement beaucoup plus calme. Celui à la DSR est arrivé deux fois à 0 % de batterie : il a donc dû faire plus attention », nous explique Jérémie.
Cette différence à parfois était source de frustration : « On a fait le choix de s’arrêter tous ensemble pour les recharges, sans ça j’aurais pu gagner facilement 1h00 à 1h30 chaque jour. Un soir, je n’ai pas rechargé à l’hôtel, je me suis arrêté le lendemain pour remettre de l’électricité et je les ai rattrapés facilement. Le propriétaire de la Zero Motorcycles DSR était aussi ennuyé par une mise à jour qu’il avait faite et qui lui allongeait son temps de charge. »
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La moto italienne est vive
Sur la performance de l’Energica en elle-même, Jérémie se dit plus que satisfait : « J’en avais déjà une depuis 1 an avant d’accéder au modèle RS il y a 10 mois. C’est un vrai plaisir de rouler avec ! Je ne me suis pas privé au niveau de la conduite sur le rallye, j’étais en mode sport et je roulais comme je le sentais. Et avec ça, j’avais une autonomie minimum de 280 km, ça a été une très bonne surprise. Comme je m’arrêtais trop souvent pour recharger, ma puissance d’accélération était au top ! Tout ce que j’aime ! »
Si Jérémie a pu profiter des performances de son bolide, c’est que les conditions s’y prêtaient : « On était en plein mois de juin et le temps était parfait. On a eu un tout petit peu de pluie mais pas gênant. La route était royale, à la fois lisse et à la fois qui accroche. On est passé au niveau de la montagne et finalement ça ne faisait pas consommer beaucoup plus. »
Un parcours idéal
Et pour continuer de nous faire rêver, il ajoute : « J’ai adoré le tracé de l’organisateur. La route offrait un super décor ! Ça nous arrivait de faire une petite pause juste pour admirer le paysage. On roulait tous les jours entre 400 et 500 km mais avec une route comme ça, ça passait tranquille, il n’y avait pas de lassitude. »
En passant par l’autoroute en Allemagne, notre motard a pu en profiter pour flirter avec la vitesse maximale promise : « 205 km/h au compteur atteint facilement ! Tu passes de 100 à 200 en 4 secondes, tu t’en rends à peine compte en fait ».
Des performances comme ça, ça fait parler : « Sur le rallye, il y a eu plusieurs réactions par rapport à nos motos électriques. De la curiosité, de la surprise. Un des participants a été impressionné par la puissance de l’accélération de l’Energica, bien meilleure que celle de sa moto de chez BMW. »
Plutôt thermique ou électrique
Si les réactions étaient plutôt positives, les plus réticents, eux, ne se sont pas laissé convaincre. « Certains ne voulaient même pas en entendre parler. C’est une électrique, donc elle n’a pas de vitesses, donc ce n’est pas une moto d’après eux. »
Des commentaires bien loin de remettre en question le choix de notre rider, qui ajoute : « J’ai très peu roulé à moto thermique, à part pour le permis. Y a des vibrations, y a les vitesses à passer, c’est plus chiant qu’autre chose. »
Quant à la compétitivité de l’électrique par rapport au thermique sur un rallye, Jérémie nous affirme : « Le seul avantage, c’est qu’ils ont juste à s’arrêter à la première station, faire le plein et repartir aussitôt. Nous, on doit encore prévoir le trajet, mais la différence n’est pas gênante. Et le plaisir de l’électrique comble largement cet effort. »
La seule amélioration qu’aimerait voir le pilote sur les motos électriques serait « un management thermique de la batterie pour la refroidir comme sur les voitures. »
En conclusion
Quel bilan de ce rallye avec la moto italienne ? « Tout était génial ! C’était vraiment un kiff de le faire avec la version RS. Et au-delà de ça, l’ambiance était vraiment bonne. Il n’y avait pas d’esprit de compétition, c’était plus un rassemblement qu’une course. On arrivait en temps et en heure à chaque étape, puis on se posait tranquillement. »
Et l’Energica RS, on la sacre meilleure moto de son temps ? « Je l’avais déjà essayée dans un roadshow et elle m’avait beaucoup plu, mais c’est vraiment un goût personnel. Moi, j’adore la puissance et la vitesse, mais j’ai prêté ma machine à certaines personnes qui ne l’ont pas aimée justement à cause de ça. Ça dépend de ce que l’on recherche. »
Après le Transylvanie Electric tour, la Green Expedition, le Nouvelle Aquitaine Electrique Tour, et ce Supertoer, l’amateur de vitesse nous a confirmé qu’il ne comptait pas s’arrêter là. Il réfléchit même à organiser son propre rallye, avec l’association de motos électriques qu’il a créée. « On aimerait refaire l’équivalent du Dutch 1000 en France. Pour l’instant, c’est une idée. Si on le fait, ce sera vraiment réservé aux motos électriques. »
Nous remercions Jérémie Noirot pour sa disponibilité et son retour d’expérience sur ce rallye à dos d’Electrica Ribelle RS. Nous laissons une pensée à Peter Bijlard, un des participants décédé dans un accident sur l’événement.
Source: Cleanrider