Haut-Karabakh : l'Azerbaïdjan accuse la Russie de ne pas respecter ses obligations
L'Azerbaïdjan a accusé dimanche la Russie de ne pas avoir respecté ses obligations par rapport à l'accord de cessez-le-feu conclu en 2020, au lendemain d'une rencontre à Bruxelles entre les dirigeants azerbaïdjanais et arménien.
Le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliyev, le Premier ministre arménien Nikol Pashinian et le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une réunion à Bruxelles, en Belgique, le 15 juillet 2023.
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Bakou a accusé, dimanche 16 juillet, Moscou de ne pas avoir respecté ses obligations dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu de 2020, parrainé par la Russie, pour mettre fin à la guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, au lendemain de pourparlers entre Erevan et Bakou.
"La partie russe n'a pas assuré la pleine mise en œuvre de l'accord dans le cadre de ses obligations", a déclaré le ministère des Affaires étrangères d'Azerbaïdjan, ajoutant que Moscou "n'a rien fait pour empêcher" l'Arménie de livrer des équipements militaires aux forces séparatistes dans l'enclave.
Le Haut-Karabakh est le théâtre d'un conflit entre Bakou et Erevan depuis des décennies. Deux guerres ont éclaté entre les voisins avec, au centre de la dispute, ce territoire montagneux, peuplé principalement d'Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan.
Le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, se sont retrouvés samedi à Bruxelles pour de nouvelles négociations sur une solution pérenne à des décennies de conflit, sous les auspices du président du Conseil européen Charles Michel. La Russie propose, de son côté, d'organiser un sommet à Moscou en vue de reprendre la main sur le processus de paix.
Fermeture du corridor de Latchine
À l'automne 2020, Moscou avait parrainé un accord de cessez-le-feu à l'issue d'une guerre de six semaines qui avait vu la défaite des forces arméniennes, contraintes de céder des territoires qu'elles contrôlaient.
La Russie s'était engagée à déployer des soldats pour garantir la libre circulation entre l'Arménie et le Haut-Karabakh, via le corridor de Latchine, seul axe routier reliant l'Arménie à l'enclave du Haut-Karabakh.
Celui-ci a été fermé mardi par l'Azerbaïdjan au motif d'actes de "contrebande" menés par la branche arménienne de la Croix-Rouge, qui a néanmoins pu reprendre vendredi les évacuations médicales du Haut-Karabakh.
Samedi, le ministère russe des Affaires étrangères a exhorté l'Azerbaïdjan à rouvrir le corridor. Sur place, 6 000 personnes se sont rassemblées vendredi pour faire la même requête.
La diplomatie russe a également déclaré que la récente reconnaissance par l'Arménie du Karabakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan "a radicalement changé la position du contingent russe de maintien de la paix" déployé au Haut-Karabakh.
Dans le cadre de négociations fin mai, Erevan a accepté de reconnaître le Haut-Karabakh comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, sous réserve du respect de plusieurs mécanismes tels que la protection des droits et de la sécurité des habitants arméniens de la région.
Implication des Occidentaux dans la région
Samedi à Bruxelles, les discussions entre Ilham Aliev et Nikol Pachinian se sont concentrées notamment sur "l'aggravation de la crise humanitaire dans le Haut-Karabakh", selon le ministère arménien des Affaires étrangères, et que les deux parties avaient "convenu d'intensifier les travaux visant à résoudre les problèmes existants".
"Nos échanges ont une fois de plus été francs, honnêtes et substantiels", a dit de son côté Charles Michel, dans une courte déclaration à l'issue de la rencontre. Il a encouragé les deux leaders "à prendre des mesures courageuses pour garantir des progrès décisifs et irréversibles sur la voie de la normalisation".
Charles Michel a annoncé son intention d'organiser une nouvelle rencontre avec les deux dirigeants à Bruxelles après l'été, ainsi qu'une discussion à cinq début octobre en Espagne, avec les dirigeants français et allemand en marge du prochain sommet de la Communauté politique européenne.
L'implication dans la région des pays occidentaux, notamment de l'UE, est croissante alors que le traditionnel gendarme du Caucase, la Russie, embourbée dans son invasion de l'Ukraine, semble perdre en moyens d'action.
La Russie prête "à organiser une rencontre trilatérale"
Samedi, dans un effort pour reprendre la main sur ce processus, le Kremlin a proposé d'accueillir une rencontre au niveau des ministres des Affaires étrangères, tout en suggérant que le futur traité de paix pourrait être signé à Moscou.
La Russie est prête "à organiser une rencontre trilatérale des ministres des Affaires étrangères à Moscou dans l'avenir proche", a souligné le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Moscou propose également d'accueillir le moment venu "un sommet Russie-Azerbaïdjan-Arménie afin de signer le traité (de paix) pertinent".
Mais pour l'instant, les tensions ont augmenté d'un cran. Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a affirmé samedi que les séparatistes arméniens produisent "des interférences radioélectriques dirigées contre les systèmes de navigation GPS de compagnies aériennes locales et étrangères" volant en Azerbaïdjan.
Les autorités séparatistes arméniennes ont rejeté ces accusations, qualifiées de "mensonge absolu".
Avec AFP
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Source: FRANCE 24