Israël reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental
Le président de la Knesset, Amir Ohana (à gauche), et le président du Parlement marocain, Rachid Talbi Alami, à Rabat, le 8 juin. AFP
Voilà plus de deux ans que la monarchie marocaine attendait cette lettre et manifestait son impatience. Lundi 17 juillet, elle a rendu publics des extraits d’une missive du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, l’informant que l’Etat hébreu reconnaissait enfin sa « souveraineté » sur le Sahara occidental, à la suite de la normalisation des relations entre les deux pays, engagée en décembre 2020. Israël a confirmé cette annonce, sans en publier encore le détail.
Selon les extraits diffusés par le palais, cette reconnaissance doit être « reflétée dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien ». Elle sera « transmise aux Nations unies, aux organisations régionales et internationales dont Israël est membre, ainsi qu’à tous les pays avec lesquels Israël entretient des relations diplomatiques ». Le ministre des affaires étrangères, Eli Cohen, a dit espérer que ce geste soit de nature à renforcer « les relations entre les pays et entre les peuples et la poursuite de la coopération pour approfondir la paix et la stabilité régionales ».
En décembre 2020, l’ex-président américain Donald Trump avait scellé le rapprochement des deux Etats durant les derniers mois de son mandat, dans la foulée des accords dits d’Abraham, conclus entre Israël et les Emirats arabes unis, Bahreïn et, de façon plus floue, avec le Soudan. Pour prix de cette victoire, Washington reconnaissait lui-même la souveraineté marocaine sur cette région, où un cessez-le-feu vieux de trente ans avait été rompu un mois plus tôt.
Le départ en 1976 de l’ancien colonisateur espagnol y avait débouché sur un conflit entre les indépendantistes sahraouis du Polisario – soutenus par l’Algérie – et Rabat, qui en revendique la « marocanité ». Un référendum d’autodétermination sur l’avenir du Sahara occidental avait été promis par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies en 1991, mais le Maroc n’a cessé de s’y opposer, jouant de son influence auprès des capitales occidentales.
L’administration démocrate de Joe Biden a assumé le geste de son prédécesseur, sans le prolonger par un processus politique. Israël, de son côté, s’était gardé d’emboîter le pas de son parrain. Ses atermoiements ont fini par lui coûter : signe de l’impatience du Maroc, le Forum du Néguev, qui doit rassembler sur son sol des signataires des accords d’Abraham, l’Egypte et les Etats-Unis, a été repoussé à plusieurs reprises, pour la dernière fois en juin.
En reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, Israël incite son partenaire à faire perdurer le forum, un rendez-vous diplomatique censé prolonger un premier sommet initié dans le désert israélien du Néguev en mars 2022. L’Etat hébreu compte sur lui pour ancrer sa légitimité dans le monde arabe, alors que Washington peine à convaincre d’autres Etats de rejoindre ce « club ». A la mi-juillet, le président américain, Joe Biden, s’est montré publiquement peu optimiste sur une éventuelle normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, qui pose de lourdes conditions à Washington.
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Source: Le Monde